jeudi 30 août 2018

Escalier

     J'ai l'escalier qui grince. Ce n'est pas grave, docteur, mais un peu agaçant.
     Surtout quand tu mets le réveil à 6h pour faire du stretching dans le salon, que tu remontes vers 7h et qu'au grincement des marches ton bébé-petit garçon se met à déclencher la sirène. Eh merde. Fichu, mon créneau lecture.

     L'autre matin, dans un élan de pragmatisme, j'ai googlisé "escalier qui grince". Des réponses prévisibles (il faut démonter tout, remplacer les vis par des pointes ou l'inverse, ou renforcer par des tasseaux ou… toutes ces choses complexes que je ne ferai pas). Des réponses plus originales et tentantes. Cet escalier serait-il desséché ? Un traitement externe pourrait-il aider ? L'enduire d'huile de lin bouillante, on oublie. Trop compliqué. En revanche j'ai retenu deux méthodes qui ne mangeaient pas de pain :

1) le laver au savon noir, dilué à l'eau, ne pas rincer le savon ensuite. 

Efficacité modérée mais existante. Les marches grincent un peu moins, c'est vrai. L'eau a dû réhydrater certains points de contact. Cela devrait passer mais tant mieux pour l'instant.

2) enduire les marches de talc. 

C'est supposer lubrifier tout ça et diminuer les frottements. Le look est sympa, façon sac de farine éventré dans l'escalier. Efficacité ? pour l'instant je dirais néant. Mais j'aime intellectuellement la satisfaction d'avoir essayé (sans compter que j'ai acheté du talc pour la première et peut-être seule fois de ma vie).

Précisons que dans les deux cas j'ai soigneusement lavé ensuite le dessus de chaque marche, là où on pose le pied, parce que mieux vaut quand même grincement que glissade dans les marches...

mardi 28 août 2018

Gâchis

    Selon moi, il existe deux façons opposées de gâcher.

     La plus évidente consiste à utiliser plus que ce qui nous est nécessaire, sans bienfait aucun, ou de laisser de côté s'abîmer une portion de ce qu'on a. Exemple : mettre deux fois plus de crème hydratante sur son visage en espérant être deux fois mieux hydratée. Acheter un kilo de viande, en consommer six cent grammes, se lasser, laisser traîner le reste dans le frigo, le jeter.
     Typique, quoi.

    Mon père fait preuve de plus d'inventivité. 

     Hier, nous sommes allés le voir. J'avise dans le placard sous l'escalier une vieille paire de…chaussons ? Sandales ? Un truc poussiéreux à souhait qui me rappelle vaguement quelque chose.

      "Eh ! mais il faut les jeter, ça ! c'était à moi, je crois !
      - C'est pas à ton frère ?"

Après vérification de pointure, non. Du 38, ce n'est pas à mon frère. Et quand bien même, vu la couche de poussière, il y a bien longtemps qu'aucun pied n'est entré là-dedans (à la réflexion, depuis que j'ai cessé de passer de longues périodes chez mes parents…soit quinze ans. Environ).

     "Je vais les jeter, ils ne servent à rien.
    - Non, non ! faut pas jeter ça ! 
    - Mais c'est plein de poussière !
   - Alors lave-les !
   - Ca ne sert à rien, personne ne va les porter. Tu as vu dans quel état ils sont ?
   - Mais non, ne les jette pas. Laisse donc. 
   - Mais tu ne vas pas les mettre, toi non plus ! c'est même pas ta pointure !"

    Mon père a inventé le gâchis dissimulé. Sous prétexte de ne pas gaspiller quelque chose (en l'occurrence une paire de pseudo chaussons dont plus personne ne veut depuis des lustres et qui sont abîmés) il…le garde. Pour en faire quoi ? Rien. Jamais. Mais "ça peut servir". Cette phrase, le "ça peut servir" est à compléter toujours, toujours, sans exception, par : "…mais ça ne servira pas".

     J'en ai voulu à mes parents quand j'étais plus jeune. Au lieu d'une chambre normale, j'avais une chambre contenant deux grosses armoires pleines de vieux vêtements qui ne servaient à rien ni personne. Jamais. Le rebut, c'était là, dans notre espace vital. De la place gaspillée en permanence.

     J'essaie de ne pas juger. Mon père a connu la guerre (il était enfant). Il a vécu à la campagne où on gardait tout car on avait rarement quelque chose de plus, de neuf. Il fallait se cramponner à tout ce qui était utilisable. Ajoutez une avarice toute berrichonne et vous avez le tableau complet. D'où ma tante, 75 ans, en maison de retraite, qui a hérité d'un vrai pactole et ne l'a JAMAIS utilisé, jamais, sauf à présent pour payer les traites de sa maison de retraite. Quel sens de la fête. LE vrai gâchis, c'est ça. L'objet, l'argent, ne rendra jamais le temps, la force de vie. 
    
      Alors oui, mon père a su vivre de très peu. Frugalité est presque un gros mot pour désigner son mode de vie. Mais pour moi la frugalité saine est de profiter au maximum de ce qu'on a. Pas de le garder de côté pour une hypothétique occasion dont on sait bien qu'elle n'arrivera jamais. Cela, c'est s'interdire de vivre. Cela lui convient. D'accord. Pas à moi.

     Il y a longtemps, je lui ai dit : "Tiens, tu as ce petit plateau dans le grenier, ce serait parfait pour mettre le bol de croquettes de mon chat.
     - Ah non ! c'est trop beau pour un chat, ça !"
     Bon. Je ne vais pas lui prendre ses objets. J'ai laissé le plateau. Vexée.
     Il y est toujours, le plateau, dans le grenier. La couche de poussière en plus. C'est trop beau pour un chat mais pas trop beau pour un grenier.

     Je ne veux pas m'opposer à lui, ce serait inutile. Tout un monde et mille générations nous séparent. Je ne veux pas le blesser inutilement non plus. La société de consommation, il n'en a jamais fait partie et ce n'est pas qu'un tort.

      Mais je refuse de me laisser ensevelir sous le poids des obligations imaginaires.
      Alors j'ai pris un sac, glissé dedans les chaussons coupables. Fait un tour au grenier, y ai trouvé quatre vieilles paires de baskets trouées que je portais il y a vingt ans (sérieux, il espérait en faire quoi ????). Vidé un tiroir de lingerie abandonnée dans l'armoire à l'époque où j'étais étudiante. Idem avec de vieux produits de beauté croupis. J'ai rapporté tout ça dans ma maison, ma poubelle. 

    Mon tri à moi.

jeudi 23 août 2018

Engagement

     La conjonction de réflexions.

     Je ne suis pas sportive. Je n'aime pas me fatiguer. Enfant, j'étais très souple. Je me souviens de la maîtresse d'école pétrifiée, quand j'avais six ans, parce qu'elle me voyait faire le grand écart dans la cour. "Mais tu vas te casser les jambes !". Cela me semblait absurde et ça l'était : j'étais comme ça, voilà tout.

     Quand mon deuxième fils avait quelques mois, et moi autour de trente-quatre ans, je me suis rendu compte que ma souplesse d'antan avait disparu. Plus jamais exercée…envolée. Petit sursaut d'orgueil. Allais-je accepter de me laisser raidir par le temps sans rien faire, avant même la quarantaine ? Pas question. Quelques étirements chaque matin ont redonné un peu de jeu dans les articulations. Aujourd'hui le grand écart n'est pas si spontané, il ne touche pas le sol, mais reste, disons, encourageant.

     J'ai testé le pilates. Excellente méthode. Pas continué avec ma 3e grossesse et toujours cette flemme de me fatiguer…

     Au début de l'été, discussions avec ma cousine. Elle fait du sport, du fitness, elle nage, et assure que j'ai bien de la chance d'avoir la ligne que j'ai, sans rien faire. On parle musculation, stretching, tout ça. J'avais essayé la méthode Lafay pour me muscler l'an dernier, par envie de me sentir forte physiquement, et puis même si elle s'est avérée efficace, j'ai laissé tomber au bout de trois semaines. Pas assez motivée. Je me contenterais de la version molle de moi-même.

     Championnats d'Europe d'athlétisme au début du mois. Amusant, le gros plan sur l'athlète. Tu sais quel est sa spécialité avant même que la caméra élargisse le champ de vision. Longiligne : saut en hauteur. Massif : lancer. Très musclé : décathlon. 
     Ce que notre corps fait le façonne. Tout le monde le sait. Je l'ai toujours su. Mais l'évidence m'a frappée. Voilà pourquoi je freine des quatre fers pour les séances muscu, le côté "musclons-nous un bon coup pour la journée / semaine".
     Parce que c'est faux. On ne fabrique pas en trente minutes d'efforts et vingt-trois heures trente de mollesse un corps musclé. Du moins, pour la plupart des personnes. 
     La clé dans tout ça n'est pas que ce soit tricher. C'est que JE N'Y CROIS PAS. Je ne crois pas un instant que ces efforts vont compenser mon manque de tonus permanent, car croyez-moi, je ne suis pas tonique.

     Alors quoi faire ? Se laisser écraser par le temps ? Regarder marcher les dames d'un certain âge dans la rue, savoir que je finirai courbée comme elles et accepter ? 
     Certainement pas.
     J'ai décidé de faire autre chose. 

     Ma méthode à moi.


     L'engagement corporel.

     Ne pas faire de séance d'exercice, certes. Mais faire les geste à fond. Tu dois te baisser pour ramasser un truc ? Etire tes jambes, fais-les travailler. Tu montes l'escalier ? Fais-le sur demi pointes.
     Le principe devait être très simple pour que ça marche et que je tienne. Du genre, si simple que je ne pourrais même pas l'ignorer.

      Le voici :
      Engage ton corps dans tes mouvements. Ne triche pas, "don't cheat" comme dit Kathryn Morgan, une danseuse classique. Fais-les vraiment au lieu de compenser comme on, du moins je, le fais toujours. Tu te penches ? Utilise tes muscles, pas ton dos. Il te remerciera.
        Mobilise toujours un muscle à tout instant, peu importe lequel, les abdos en voiture, les fessiers en marchant, travaille tes chevilles en cuisinant. Ce que tu veux mais quelque chose.
        Tranche les périodes : zéro contrainte dans les moments de relâchement. Quand tu dors (!), quand tu manges, quand tu lis, écris, quand tu fais quelque chose qui exige de la concentration mentale.
          Engagement corporel tout le reste du temps : quand tu marches, restes debout, te déplaces. 
        Est-ce que ça marche ? En dix jours, difficile de poser un verdict. Mais depuis que j'ai commencé, j'ai mal partout. Courbatures, bienvenues. Et surtout j'ai trouvé un fonctionnement auquel je crois, avec lequel je me sens en cohérence, car si mon corps se tonifiait, il refléterait bien quelque chose qu'il fait. Sans brutalité soudaine. 
        Cela oblige à vivre l'instant. A être là pleinement. Voilà qui vaut une méditation.

lundi 20 août 2018

Ranger

Le retour de vacances a toujours cet effet-là : après une location dénuée de superflu, revenir chez soi avec bagages en tous genres crée une marée d'objets, partout. Sans parler de ceux qui étaient déjà répandus partout avant de partir.
     Dans la tête c'est pareil. Les projets s' additionnent, aucun ne disparaît jamais. Quand on a beaucoup de priorités et une seule première place,  comment faire ?
     Faire selon l'instant.  En ce moment ma nouvelle priorité est l'engagement corporel (j'aurai l'occasion d'y revenir). J'ai une nouvelle théorie et pratique simple, efficace et logique pour moi.  Devrais écrire un bouquin, tiens ! :)

samedi 11 août 2018

Bagages

          Je déteste les départs en vacances. Il faut penser à trop de choses à la fois : vêtements,  nourriture, accessoires de plage, livres,  trucs qui se branchent,  couches du petit, trousse de toilette, serviettes, maillots du petit, du moyen, du grand, pique-nique pour 7 personnes, gourdes, sandales,  baskets, vêtements chauds et frais. .. trop. Surchauffe.  Pourtant on s' allège les choses. L'homme est en train de préparer un drive à récupérer sur place lundi. On a un fond de trousse de toilette toujours prêt. On demande aux petits de préparer eux-mêmes un sac de jouets.
    Je n'aime pas l'imprévu,  les rythmes bousculés. Suis casanière,  au fond. Et encore, on ne part qu'à quatre heures de route.
    J'aime jouer à vivre autrement et ailleurs pendant une semaine.  Toujours contente de rentrer malgré tout. Tant mieux parce que chez moi,  j'y vis toute l'année !

samedi 4 août 2018

Aube

     Les vacances semblaient parfaitement commencer. Du temps, du temps, des projets mais pas trop, une pile de livres gigantesque à écluser. 
     A ce propos, depuis deux, trois, ou est-ce quatre mois ? je tiens mon engagement. Pas d'achat de livre tant que ma pile n'a pas diminué de moitié. Cela devait m'amener à passer de 62 livres en stock à 32, ensuite seulement je m'autorisais un livre acheté pour deux lus, jusqu'à arriver à une réserve courante de dix titres. Cela fait donc longtemps que je n'ai pas acheté de livre (oui, pour moi, trois mois en la matière c'est une éternité). Allez. Encore huit livres et je peux en acheter un. Fini 22, le 23e est en bonne voie.
     Mais revenons à nos mammouths laineux. 
     Tout allait bien, sur le papier, et pourtant… mauvaise humeur. Pressée, pressurée. Toujours à contre-temps. Etre réveillée par un des enfants, se sentir décalée, manquer de temps pour soi, pour se poser, pour avancer. Jusqu'au moment où j'ai regardé cette vidéo d'Amy Landino : comment se réveiller tous les matins à 5h même si on le sent moyen.


Juste une piqûre de rappel, en vérité. J'ai déjà fait ça toute l'année, réveil à 5h en semaine pour un peu de temps personnel avant de décoller pour la journée. Mais là, et en vacances de façon générale, j'ai tendance à bannir le réveil.
     Résultat phénoménal. Je mets le réveil à 6h. Je descends faire quelques étirements, écrire dans mes petits cahiers. Puis je remonte pour lire (ma fameuse pile…) et je regarde un épisode de Dance Academy (tombée sur cette série par hasard, regardé l'épisode 1 sans aucune conviction, puis j'ai accroché et reconnu que j'étais une ado de base dans l'âme, comme quoi même à 39 ans…).



     Puis je lis à nouveau jusqu'à ce qu'un enfant se manifeste, ou la faim. Parfois dans tout ça je vais boire une tasse de café. Ou je jardine un peu comme l'autre matin où j'ai ramassé la fin des pommes de terre à la bêche. Ou je vais lire dehors au soleil encore frais.
     Du temps, de la solitude, de l'imaginaire. Tout était là, caché dans le créneau du matin. Le sommeil commence à manquer, car difficile de s'auto-envoyer au lit tôt quand il fait plein jour et 32 degrés, mais les seules fois où j'ai renoncé à activer le réveil, j'étais très soulagée de voir que spontanément, je me réveillais tôt quand même. Renoncer à mon créneau du matin pour dormir? Est-ce que ça en vaut la peine ?