jeudi 5 octobre 2017

Déconnectez-vous !

    J'ai décidé que demain, je vivrais déconnectée.
    Bon. Restons calme. On sera loin de la cellule monastique. Je vais JUSTE m'efforcer de NE PAS aller sur internet. Et de n'utiliser mon téléphone qu'en réponse nécessaire à un message.
    C'est étrange comme, pour quelqu'un de ma génération (née en 1979), internet est une invention finalement récente mais qui a pris une place insidieuse dans tout le quotidien. Pour chercher des documents de travail. Parce que j'ai besoin d'un renseignement. Que je me pose une question. Pour récupérer des paroles de chanson. Pour charger une compile faite à partir de morceaux youtube convertis en mp3. Pour vérifier un programme télé qui a changé. Pour écouter des gens parler en anglais. Pour glander de site en site devant la télé, en ne faisant rien vraiment à fond - ni regarder la télé, ni lire vraiment quoi que ce soit.
    Je ne dirai jamais que c'était mieux avant. Moi, je trouve ça génial d'être à deux clics de n'importe quelle recette de cuisine. De pouvoir savoir n'importe quoi sur n'importe qui si vite. De tomber sur un blog sympa, qui mène à un autre, et ainsi de suite… De pouvoir acheter à peu près tout, à peu près n'importe quand. De retrouver facilement un morceau de musique entendu à la radio, en voiture, en 1) cherchant le titre sur le programme en ligne de la radio (technique lente mais efficace) 2) tapant les trois paroles retenues sur Google et en déduisant quelle chanson est la bonne.
    Comme pas mal de gens, je connaissais l'air de Seven Nation Army sans avoir jamais écouté le morceau pour de bon. Le jour où l'envie m'en a pris, pour comprendre quelle était cette chanson que les gens beuglaient dans les stades, j'ai tapé "po po po po football" sur internet. J'ai trouvé en deux clics. Quand j'étais ado, il fallait écouter avec soin le titre du morceau entendu à la radio, et si on le loupait, prier pour retomber dessus une autre fois et que le titre soit bel et bien mentionné.

    Internet est une incroyable invention. Mais comme tout ce qui est illimité, c'est additif. Régulièrement je faisais des journées sans internet. L'idée m'était venue de Natasha, et de son blog Echos Verts. Du bon sens en action. Ces dernières semaines, je ne l'ai jamais fait. De façon générale, ça me demande toujours un effort et me met de mauvaise humeur. Pourtant je ne suis pas accro, ou n'en montre pas les signes extérieurs. Je suis sur Facebook, et c'est tout. J'y ai moins de cinquante amis et je les connais tous en vrai. Le réseau doit me prendre dix minutes par jour, guère plus. Je n'ai pas internet sur mon téléphone, volontairement - tant que j'arrive à faire sans, ça me va. 

     Je sais déjà que malgré tout, demain sera une journée différente. Pas de nouveauté. La perpétuelle nouveauté du web. Eh bien voilà: la nouveauté sera que demain… pas de nouveauté. 
    Les jours déconnectés j'ai plus de temps que d'habitude. Signe alarmant pour les autres jours.
     Demain c'est mon vendredi-lecture. Au programme, Déconnectez-vous ! de Rémi… machin… comment déjà… pas Ottolenghi, ça c'est le dieu de la bouffe orientale… O quelque chose…comment savoir ? faire cinquante pas jusqu'au livre, resté dans l'entrée, ou chercher… sur google.
    Rémi Oudghiri !
Alors ? à votre avis ? Google ou randonnée pédestre ?
    Tu parles. Google of course. Mes pieds sont super. Mais ils ne me disent jamais comment on traduit un haricot en anglais. Pas le légume, l'accessoire pour vomir. Oui. Je sais. Je me pose des questions pourries. Mais c'est pour ça qu'internet est génial.
    And it is called an emesis basin, if you ever wanted to know.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire