vendredi 24 juillet 2020

La maison de vacances

 
    Vue depuis la cuisine.
     Une maison près de Biarritz. A l'horizon, après le palmier, la mer, on ne la voit pas mais son roulis est là, incessant.
     Y retrouver des amis. Y passer une semaine. La plage, les repas, les enfants, les blagues éculées qui font rire encore une fois. Du soleil. Oublier les pandémies, le travail, dormir, beaucoup. Même sur la plage.
     On repart demain.
     C'était bien.
     C'est bien (il reste ce soir ).

dimanche 12 juillet 2020

Espoirs


Dawn
Le Jour se Lève
L'immensité

Le Monde est Beau
La Vie est Belle
Dolce Vita

Twilly
Capeline
La petite robe noire

34 boulevard Saint Germain
Paris-Deauville
Paris-Biarritz

Lucky 
Chance
Talisman

La Fille de l'Air
Un jardin sur les toits
Hidden on the Rooftops

Wander Through the Parks
Lost in the City
Tender

Si
Happy
Irrésistible

Vanille fatale
Orange sanguine
Mandarine basilic

Alien 
Oyedo
Oud Palao

Fort Royal
Smyrna
Valparaiso

Farenheit
Orchid Soleil
Aloha Tiaré

Bois d'argent
Ambre Sultan
Santal de Mysore

Angel
Aura
Moonlight in Heaven

Fragile
Libre
Amor Amor

Sauvage
Le Mâle
L'Interdit

L'Air de Rien
Feuilles de Tabac
Citron Citron

Boxeuses 
Cuir mauresque
Fumerie Turque

Le Beau
La Belle
Scandal

J'adore
Yes I am
Good Girl Gone Bad

You or someone like you
Love don't be shy
Coeur Battant

Dans tes bras
Mille Feux
Eloge du Traître

Les Fleurs du Déchet
Fucking Fabulous
Yes I do

Outrageous
Putain des Palaces
Sécrétions Magnifiques

Sale Gosse
The Night
The Moon

A la nuit
Pour un Homme
La Nuit de l'Homme

Une Voix Noire
En Passant
Noir Epices

L'orpheline
De profundis
La couche du diable

Back to Black
Playing with the Devil
Dark Lord : Ex Tenebris Lux

Anyway
Untitled
L'Innommable

Rien
La Fin du Monde
Like This

Histoires 
que les parfums racontent, 
qu'on se raconte à travers eux. 

Façons de se projeter,  
se programmer, 
d'espérer. 

Revendiquer, 
tenter, 
dissimuler. 

Essayer, 
déguiser, 
affirmer. 

Se choisir 
une odeur 
comme on s'ajoute une identité. 

Feinte 
ou 
réelle. 

Croiser un effluve 
et y lire 
qui on est. 

Se faire happer par une fragrance 
et y découvrir 
qui on devient. 

N'avoir 
pas 
le choix. 

Accepter. 
Se laisser vaincre par les sens, 
s'y laisser tomber avec confiance, 

ils savent mieux que nous, 
ils sont nous débarrassés de notre gangue de cérébralité.
Ils exhalent.



vendredi 3 juillet 2020

Et puis voilà


     Tu rapportes les derniers cartons à la maison. Tu as vidé ta salle de cours, intégralement, de tout ce qui t'appartenait, de tout ce qui la faisait tienne. Des feuilles, beaucoup trop. Des cours jamais trié. Des livres, des pochettes, des manuels, des stylos, des objets en tout genre. Tu as retiré des murs tout l'affichage, les arbres en carton bricolés avec les élèves, arrachés, la grande nappe en papier pour coller la frise chronologique, dégagée. La salle est à nouveau neutre, blanchâtre, blafarde, avec quelques traces de pâte collante en plus et quelques écailles de peinture en moins. 
     Auras-tu la même l'an prochain ? Probable. Mais quand même. Redémarrer à zéro.
     Ou presque. Au-dessus du tableau blanc, la guirlande en origami faite par une amie. Sous l'horloge, l'inscription "la chance est un muscle", qui date d'un certain vendredi 13 de septembre dernier. Laissés là. Quand même. Derniers oripeaux d'une année anomalie.

     Tu vides ton casier. Tout verser sans ménagement dans le carton, de ceux qui emballent les ramettes de papier dont on fait une consommation affolante bien que soucieux d'éliminer le superflu.

     Tu rapportes à ta voiture ces derniers reliquats de ton année scolaire. Mélancolique. Les autres années, déjà, ce dernier jour, celui des réunions, tu n'es plus pressée de partir. Tu n'as plus d'obligation à fuir. Les collègues s'échappent les uns après les autres, enthousiastes. Toi, tu te réjouissais de cette fin. Chronique d'une mort annoncée. 
    Mais au fond, l'idée de la fin te suffisait.
    Cette année, tout est différent. Les tonalités étranges. Tu n'aimes pas préparer des cours, encore moins les donner, tu détestes corriger des copies. Toutes ces pesanteurs infinies. Cette réunion sur les projets ce matin, ces budgets à débattre infiniment, se voir reprocher à la fois ce qu'on fait et ce qu'on ne fait pas, devoir anticiper, classer, réfléchir, décider, le bruit des élèves, le bordel dans le sac, les sonneries récurrentes. Toutes ces pesanteurs. Jour après jour.
     Mais le dernier jour n'est pas le même, et encore moins cette année où il pue l'imposture. Tu n'as même pas eu le temps de faire qu'il faut défaire. Et pourtant tu en as fait, des cours. Il va falloir trier en numérique cette fois.

     Si on te disait qu'il faut y retourner, là, lundi matin, tu hurlerais à la mort. Comme ce n'est pas le cas, tu murmures à la mélancolie.
      Les élèves qu'on n'aura pas revus. Qu'on ne reverra pas puisqu'ils partent tous vers un autre établissement. Ce n'est pas si grave. Mais toujours étrange.

     Et ce dernier jour, c'est quitter les collègues. Rien de bien choquant. Tu ne pouvais déjà plus entendre les plaintes, les critiques. Mais il y a aussi les sourires, les rires, le calendrier passé dans les rangs pour noter son anniversaire, la collègue pas revue depuis des mois qui revient en gémissant, le dos en compote, celui qui a glissé un petit cadeau acheté par sa femme dans ton casier, parce que tu as aidé un peu son fils à préparer son bac de français - bac qu'il n'aura jamais passé, celui qui part vers une affectation encore inconnue et qui serait bien resté, et qui reste encore bavarder un peu, comme pour conjurer le moment. 
     Ce sont les gens qui font la valeur des instants.
     On les retrouvera.

    Déjà, tu te prépares à la suite. Une journée de vadrouille urbaine demain. Télécharger un fond d'écran estival sur l'ordinateur. Regarder avec dédain la pile des cartons dans le bureau, quoi, je n'ai pas trié ce coin-là de tout le confinement, il va vraiment falloir s'y mettre?

    Tu acceptes. Ce petit fond de mélancolie parce que c'est fini.

    Autre chose commencera.

   Autre chose est en train de commencer.