mercredi 25 novembre 2020

Sans titre (brouillon)


 Sans titre (brouillon). C'est ce qui s'affichait ici quand j'ai ouvert la page. J'avais l'intention d'écrire sur...sur quoi déjà ?

     Tant pis. Je suis comme ces reflets de soi qu'on capte dans les vitres du toit, la nuit tombée. Une vision déformée, aux couleurs étranges. Un regard posé, un oeil extérieur. Je suis en-dehors de ma vie, en apnée parce que, novembre. Enfermée dans diverses contraintes.

     Mais on apprend à jouer dans sa prison.

     J'ai fini de lire hier 3096 jours,  le témoignage de Natascha Kampusch séquestrée pendant huit ans dans un réduit minuscule. Ce n'était pas un choix de lecture délibéré : je cherchais "un livre que tu as commencé mais jamais terminé ", pour un défi lecture. Celui-ci est remonté des entrailles de ma liseuse. 

     Si elle a pu s'extraire de son cachot, qui suis-je pour me sentir enfermée ?

     J'aurai la liberté que je m'offrirai. 

      "Vous ne possédiez que les quelques centimètres cube de votre cerveau" disait Orwell dans 1984.

     Mais tout est là. 

     Précisément. 

lundi 2 novembre 2020

Sur des oeufs

            Une rentrée particulière.


            Reprendre le chemin du travail alors qu'un collègue a été assassiné, le jour des vacances, de la pire façon qui soit - décapité en pleine rue, sur dénonciation, alors qu'il était coupable d'avoir fait son travail.

            Passer le portail au pire de l'épidémie. Les chiffres sont plus mauvais aujourd'hui qu'au moment du confinement de mars, et on y va quand même.


              Devoir jongler avec les gestes barrière et le souci d'éduquer et d'instruire, quand même.


                Novembre. La nuit. L'ombre. L'humidité. La promesse du sombre.


                Lire hier des livres au fil de l'envie et tomber deux fois, dans deux ouvrages différents, sur un passage se déroulant le premier novembre. On était le premier novembre. Les signes, à nouveau.


              Et puis, cette douceur improbable. 16 degrés au petit matin.

              Ce rayon de soleil dans l'oeil en tournant le volant direction collège.

              Les élèves, toujours là, toujours partants.

              Celle qu'on ne reconnaît pas sous le masque, mais...ah non. Tout va bien. C'est une nouvelle. L'honneur est sauf.

              Le garçon qui rentre de son premier jour masqué et a troué la doublure à force de la grignoter. On le gronde. Intérieurement, on rit comme devant un poulain qui a usé son licol.

              Le petit qui déclare, très sérieux : "Ze suis là ! attends, z'enlève mon manteau, mes saussures et après ze te fais un câlin".

              Le même qui regarde l'ordinateur s'allumer et remarque : "Oh ! c'est une pomme croquée !".


               Alors, on y va. On se glisse dans novembre comme auprès d'un feu de bois.

               Car tant que mes enfants vont bien, la vie continuera.