jeudi 28 février 2019

Placard

      On a parfois des envies de tri flagrantes, et des freins tout aussi profonds. Les bras qui fléchissent d'avance devant l'énormité de la tâche. 

     Rectificatif : ce ne sont pas les bras, le vrai problème. Mais l'esprit. Si on considère que chaque objet qui traîne fait l'objet d'une décision, il y a de quoi se faire des noeuds au cerveau. 

     Le rangement du "placard de l'horreur" était entièrement sponsorisé par les vacances d'hiver. Sans ce temps à la maison, je n'aurais pas pris la peine de sortir tout ce qui se cache derrière le rideau, dans la chambre du petit dernier, et qui constitue notre stock de vêtements garçon en toutes tailles et de toutes saisons : de 0 mois à 10 ans, on trouve de tout. Chaussures incluses. 
     J'ai commencé à faire la rotation légitime des vêtements : à deux ans passés, mon garçon pouvait porter du trois ans, les manches de ses pulls commençant à être vraiment courtes. 
      Ce qui m'autorise à éliminer toutes les tailles naissance à deux ans, de la maison. Puisqu'aucun autre enfant n'est prévu. 
         Mais c'est sans compter le petit garçon tout mignon que des amis ont accueilli et qui porte une taille au-dessous du mien. Je suis ravie de pouvoir leur prêter des vêtements. La semaine prochaine, ils recevront un très gros carton taille 2 ans. Hélas, je récupèrerai en retour le 1 an et le 18 mois… où caser tout ça à la maison ?
        Il suffirait de donner le tout à une association. Je n'ai ni la patience ni l'envie de vendre. Trop de délais, de manipulations pour des petits objets qui pourraient tout de suite aller habiller d'autres petits enfants.
          Mais là encore, c'est sans compter mes deux amies. Deux amies chères, qui aimeraient avoir un enfant. Je garderai tout jusqu'à ce que la vie leur sourie. Et si le jour venu rien ne les intéresse, ce n'est pas grave : au moins on y aura cru jusqu'au bout et leur choix sera le bon !
        J'ai quand même sorti tout ce bourbier de la chambre, donné pas mal de sacs de vêtements qui ne m'ont jamais plu pour les aînés mais que j'ai utilisés vraiment parce que je n'avais que ça sous la main. 
            Le résultat est enfin ordonné :

Un panier par taille, deux grandes caisses conservées pour un peu de matériel. C'est simple et maniable. Plus rien ne s'écroule quand les enfants jouent à cache-cache derrière le rideau. Tout ce qui est en attente (de don, de prêt) a quitté la pièce et patiente dans la petite salle d'eau de l'étage, pièce qu'étrangement personne n'utilise jamais - on ne l'aime pas, alors elle sert de grenier. Bon. Difficile d'y faire un pas à présent, mais au moins ça n'empiète plus sur notre espace vital, ni visuel, ni mental.

     Sur ma lancée je me suis attelée au placard mural de la cuisine. Le vider.

Et sur les deux étagères du bas…



… on avait casé tout ça. Ah oui quand même.


Et en tout, voilà. La masse d'objets… déprimant.


Une page blanche, ou du moins, à blanchir, avec force microfibre et force vidéos sur Youtube pour passer le temps

Puis vient le temps du tri, mais il faut l'admettre : beaucoup de ces objets nous servent effectivement. La crêpière, toutes les semaines. Les gourdes, idem. Pas tant de déchets que ça, mais un sens logique à accentuer.


Le résultat final est plus fonctionnel pour nous. Remplacer les boîtes à pommes de terre / oignon par les casiers déjà présents, clippés sous les étagères. Dédoubler le bas du placard en y casant cette étagère supposée permettre de déjeuner au lit. Baisser d'un cran les saladiers ce qui m'évitera de grimper sur le meuble à chaque utilisation (même si ça avait un côté sympa pour muscler les fessiers).

      Et enfin, ranger à la verticale, à gauche, le vieux rouleau à pâtisserie récupéré chez ma mère il y a une décennie (…et demie?). Il est trop long pour être rangé où que ce soit, et jamais je n'avais pensé à le planter dans le coin. Il était temps !

      Les différentes bouteilles et gourdes, qui prennent beaucoup de place mais doivent rester facilement accessible, sont couchées sous les pommes de terre (dit comme ça, c'est étrange). Juste le bon format. Beaucoup plus logique. Facile à prendre et à ranger, la recette du succès !

dimanche 24 février 2019

Feu !

Achat anti-FIRE...

     Je suis en train de finir la lecture d'un livre que j'attendais avec impatience depuis quelques semaines :  Playing with FIRE, de…heu… de qui déjà ? l'inconvénient de lire sur liseuse est qu'on n'a pas le nom de l'auteur sous les yeux tout le temps. Scott Rieckens. Voilà. Associé au livre, un documentaire, qui m'intéresse tout autant mais je me demande bien où / comment le voir en France :


La démarche est dans la lignée de ce qui m'intéresse depuis des années. Comment gagner son indépendance financière ? un mouvement de fond, très minoritaire évidemment mais qui gagne en ampleur, a émergé aux Etats- Unis : le FIRE, comprendre : Financial Independence, Retire Early. Je deviens indépendant financièrement et pars en retraite très tôt : quarante ans… trente ans… Bien sûr cette possibilité est surtout ouverte aux (très) hauts salaires qui changent de mode de vie. Dans ce livre, Scott et sa femme Taylor expliquent comment, à la naissance de leur petite Jovie, ils ont ressenti le regret de la voir trop peu tous les jours parce qu'il fallait retourner travailler. D'où leur revirement. Après avoir entendu à une émission de radio parler MrMoneyMustache, un blogger pionnier du mouvement FIRE, lui a eu un déclic. Sa femme, un peu moins - il a argumenté. Mais en lui montrant qu'en révolutionnant leur vie ils pourraient prendre leur retraite dans onze ans, ONZE !!! elle a accepté de tout changer.

     Tout changer, c'est-à-dire ?
- déménager et quitter la Californie hors de prix
- accepter que lui quitte son travail et tourne un documentaire sur le mouvement FIRE pendant un an
- épargner une grosse partie de leurs salaires.

      Au début de leur parcours, ils gagnaient dans les 130 000 dollars par an et n'en épargnaient qu'une petite proportion, 16%, ce qui n'est pas rien a priori mais 20 000 dollars sur un salaire si haut me semblent peau de chagrin.
         Au bout d'un an, leur taux d'épargne était de 58%. Autre ville, autres frais. Avantage : elle pouvait travailler de n'importe où (pas donné à tout le monde). Leur temps estimé pour être indépendants financièrement grâce à leur épargne était, dans le premier cas, de 37 ans environ (soit à l'âge légal de retraite chez nous, en gros). Dans le second cas, au bout d'une dizaine d'années. Voilà qui motive à poursuivre les efforts. On dira qu'en achetant son livre je lui offre quelques secondes de retraite de plus !

     Je ne peux pas parler de ce sujet en un élan, une jetée, ce serait déraisonnable. Trop de choses en tête, et puis ce thème m'intéresse depuis si longtemps. En revanche ce livre m'encourage. Je gagne plutôt dans les 25 000 euros par an et ne suis pas apte à épargner la moitié de mon salaire. La maison est payée depuis cet été (alleluia!) à grands renforts d'épargne et de remboursement anticipé. Il reste un gros crédit, celui d'appartements en location, crédit qui fait sens, donc. Je voudrais épargner encore, acheter d'autres logements et vivre de mes investissements. J'y pense depuis…très longtemps, et ça ne se fait pas en deux minutes. Mais ça se fait. Et c'est un marché qui me semble à échelle humaine (pas un où tu sembles agir au hasard, comme la Bourse quand tu n'y connais rien comme c'est mon cas, ni un où tu as la sensation de plumer autrui, comme la Bourse toujours quand tu vois qu'on renvoie des employés pour que les actionnaires gagnent plus. Si vous avez des actions en Bourse, je ne vous blâme pas. J'ai juste hâte qu'on trouve des systèmes un peu plus gagnant-gagnant). Précisément pour moi l'immobilier est gagnant - gagnant : j'immobilise mon argent sur un bien tangible, je fournis à la location des appartements agréables et à un prix normal et je ne peux forcer personne à les louer donc c'est que le locataire aura fait son choix en conscience. Et ça, ça me va. (En plus j'adore les maisons).

     Alors, que retirer de tout ça ?

1) je ne suis pas si vertueuse : pas du tout envie de changer ma maison actuelle (bon on s'en fout, elle est payée) ni ma voiture pourtant achetée neuve (j'ai trop peur des ennuis mécaniques, et trop envie de sécurité pour mes enfants). Alors sur les gros postes de dépense ça signifie que l'extension de maison que j'aimerais faire, eh bien il faudrait la financer en amont, en épargnant. Et pour la voiture, pas de problème pour que je garde la même, je déteste en changer de toute façon. Je l'avais achetée cash. A moi de mettre de nouveau des sous de côté pour le cas où vraiment il me faudrait en changer, car non, le crédit ne passera pas par moi (sauf immobilier). Mais cela implique d'anticiper. BEAUCOUP !

2) je ne peux pas jouer avec d'aussi grosses sommes mais j'ai après tout déjà bien avancé sur mon petit parcours. Si je fais le bilan de ce que je possède et de ce que je dois, j'arrive à un net worth d'environ 133 000e, ce qui est déjà solide. Je compte bien aller plus vite à présent que je suis à une autre phase financière de ma vie.

3) Beaucoup de gens peuvent passer dix heures à choisir la marque de leur voiture et zéro minute à se demander comment gérer leur argent. C'est étrange, cet aveuglement. Je le vois partout autour de moi. Il semble que … ça n'intéresse pas les gens. De la même façon qu'on peut perdre beaucoup de son temps pour rien, alors que quoi, c'est la matière même de la vie, non ? Vous en faites pas.  Je plaide multi coupable. Vous voyez le pot de crème cosmétique, tout en haut, là ? On se demande ce qu'il fait là, hein ? Eh bien je l'ai fini le mois dernier. Et je l'avais payé 110 euros. 110 !!! n'est-ce pas ridicule ? J'ai acheté du rêve (un baume qui s'appelle Indigo, rhaaa, fabriqué à Hawaii, rhaaa), du packaging (un pot en bambou, c'est trop joli ! eh… l'aurais-je acheté cinquante euros à lui seul ? ben non) et de l'espoir (et si ce baume était celui qui rend ma peau incroyable, hein va savoir ?). Après l'avoir laissé traîner dans un coin, repoussée par l'odeur pas mauvaise mais pas du tout à mon goût, j'ai fini par l'utiliser méticuleusement jusqu'au bout. Ma peau n'a pas tellement changé. Je regrette ? Pas tant que ça. Je devais en passer par là, petite tête de mule. J'ai testé, j'en reviens. Et vous savez quoi ? heureusement qu'elle était décevante cette crème. Car au lieu de racheter un 2e pot à 110 euros, j'ai acheté un pot de "Crème à tout faire" Aroma Zone, pour quoi, 7e, quatre fois plus gros ? autant dire qu'une erreur de parcours peut parfois vous faire sentir vos priorités. Alors profitons de nos excès, seulement TIRONS les leçons.

remarque supplémentaire : attention au terme d'épargne. Beaucoup de gens vous disent : ah mais si, moi j'économise 100 euros par mois. Et en creusant on se rend compte que cet argent est en fait mis de côté pour payer les impôts, les vacances… Choses bien naturelles. Mais il est ESSENTIEL de séparer la notion d'EPARGNE de celle d'INVESTISSEMENT. J'épargne pour des dépenses futures que j'ai budgétisé. J'épargne aussi pour investir, et cet argent, je ne m'en SERVIRAI JAMAIS. Voilà l'énorme différence. Mettre 50% de son revenu de côté en janvier pour l'utiliser en juillet, ce n'est pas de l'investissement. 

Moralité, si vous voulez faire simple et sans prise de tête, si gérer l'argent ne vous intéresse pas mais devenir (un peu plus) riche, de temps ou d'argent, si, suivez le conseil basique :
- épargnez 10% de vos recettes sur un compte pour toutes les dépenses aléatoires
- épargnez 10% de vos recettes pour investissement, donc en acceptant de ne plus jamais vous en servir. 
Et si vous avez mal à la tête rien qu'en lisant ces lignes, la méthode zéro effort :
- ouvrez un PEL
- programmez chaque mois un versement automatique de 10% de votre salaire dessus, si possible juste après réception de votre salaire.
Un petit tour de passe-passe qui vous rapporte gros. Comment ? les taux d'intérêt du PEL sont pourris (exact en ce moment). Oui mais cet argent est immobilisé. Pas bloqué, hein : juste rangé de côté. Vous ne pouvez pas piocher dedans au jour le jour.. Enorme plus-value pour ne pas voir la somme fondre.
Comment ? vous n'avez pas de projet immobilier ? Honnêtement, on s'en fout. Le PEL est un produit d'épargne comme un autre. Zéro risque, à peu près autant de rendement c'est vrai :) mais voir une somme grimper de mois en mois n'est pas néant pour la construction financière d'un patrimoine, et pour construire son mental d'épargnant, surtout. Je soûle tout le monde avec ça. Mon mari n'en avait pas. Je l'ai convaincu et il a dû en ouvrir un il y a deux ou trois ans. Eh bien, bon an mal an, c'est le seul compte sur lequel il est sûr de ne pas avoir de mouvements négatifs. Au moins. 

Moi ce que j'en dis… c'est pour vous hein ! (et pour moi bien sûr : j'en ai un et mes enfants aussi).

mercredi 20 février 2019

Shopping, étape 2

     Alors comment faire quand on a un peu trop tendance au shopping ? En ce qui me concerne, rien de ce dont j'ignore l'existence ne peut me manquer, et moins je fais les boutiques / furète sur des boutiques en ligne, mieux je me porte. Déménager d'une ville moyenne à la campagne près d'une ville trop petite (15 000 habitants) a d'ailleurs fait du bien à mon portefeuille, j'en suis sûre. Je n'achète jamais pour acheter, mais maintenant, je n'ai même plus l'occasion de passer devant des vitrines, alors c'est vite vu.

     Tout à l'heure j'ai entrepris de vider le placard mural, le grand, qui contient mille choses : bocaux de céréales, couvercles de casseroles, gourdes, pots en verre, crêpière, appareil à raclette et une donne de trucs de cet acabit. (Tiens, d'où vient ce mot, acabit ? me demande) (après vérification, origine obscure mais attesté dès le XVe siècle).

     J'étais assez décidée à trouver un rangement pour les pommes de terre et oignons, ail, échalote. Qui étaient dans des boîtes plastiques datant d'une autre vie et peu pratique (un couvercle cassé, et puis peu maniables). Je voulais des casiers distributeurs ouverts sur l'avant, où en acheter ?
     Heureusement mes yeux se sont décillés. Heu… les petits casiers métalliques, là, où j'ai toujours rangé mon stock de pots ? Dans ce style ? J'en ai deux. Ils sont juste de la bonne dimension. Allô, on se réveille, pourquoi ne pas y ranger des patates après tout ?
     Ah non. Ils ne sont pas parfaits. Les trous laisseront tomber des miettes sur tout le reste, et le fond métal va abîmer les tubercules.
     Que dalle. J'ai emballé tout ça de film étirable et laissé un carré de carton au fond. Problème ? solution. Je l'avais sous les yeux mais ne la voyais pas.

     Tout ça pour dire qu'on a tort de résister à un besoin ou une envie de shopping en la négligeant. Mieux vaut l'assumer et… shopper sa propre maison.
      Une envie de livres de cuisine, ou de nourriture ? Prendre vingt minutes pour parcourir les livres qu'on a déjà.
       Une envie de changement dans la garde-robe ? Prendre le temps de tester une combinaison de vêtements, dans la penderie, qu'on n'a jamais pensé à associer.
       Envie de prendre soin de soi, de produits de beauté ? Passer vingt minutes à utiliser les meilleurs produits qu'on a déjà ou entamer celui qu'on garde pour-une-occasion, car l'occasion, c'est le présent (dans tous les sens du terme). Faisons-nous présent du présent car voilà le meilleur des cadeaux. Le temps remplace si bien l'argent car il a tellement plus de valeur.

     Et sinon, je ne saurais assez recommander la méthode Konmari, si discutée en ce moment car Netflix a fait sa saison de rattrapage pour tous ceux qui étaient passés à côté. Quand tu passes deux heures à trier, tu n'as pas envie de réencombrer tout de suite...

mardi 19 février 2019

Shopping

     Nous avons passé la journée "à la ville". La journée, c'est beaucoup dire : décollage vers 10h45, le temps d'empaqueter trois enfants maugréants qui voulaient rester à la maison. Et retour il y a une demi-heure.

     Sur le papier, ça fait un peu tortionnaire. En même temps ces charmants bambins ne sortiraient pas de leur nid si on ne les guidait pas un peu vers autre chose. Au fond, ça leur a plu quand même. Et puis aujourd'hui on a compté les voitures bleues en chemin et en ville. Objectifs : au-dessous de 45, un gage (faire le tour du jardin en courant). De 45 à 55, les enfants choisissaient leur menu de dimanche prochain. Au-delà de 55, papa choisissait les menus de toute la fin de semaine (oui, j'avais tout  à fait envie de dépasser les 55 ; j'en ai assez, parfois de décider  toujours tout ce qui a trait à la bouffe ici).

     Cassons net le suspense :
- on a fait 60
- les voitures bleu foncé sont très pénibles, avec leur allure de voiture noire ! on s'y trompe.

     Même une journée simple comme ça peut finir par coûter une blinde. Niveau frugalité c'était raté. Est-ce que je regrette ? parce qu'au fond la vraie question est là. Pas vraiment, non. Dépensière assumée, on dira, pour cette fois. Et tiens, à propos, le fameux pashmina, là ? Eh bien voilà. Je l'ai commandé hier soir. 229 euros. Chic, la livraison est gratuite (c'est toujours ça). C'est mon cadeau de quarante ans. Il faut bien ça pour se consoler d'un passage tel (et si je dépense comme ça une fois tous les dix ans, ça passe, sauf que…).

Les dépenses du jour : 

- déjeuner avec les enfants, tacos / hamburgers, environ 30 euros. Oui, quitte à claquer, allons-y pour la malbouffe ! (et j'avais déjà préparé des hamburgers hier soir ce qui fait que mes enfants n'ont mangé que ça en 24h, hashtag maltraitance infantile).

- Des BD des Schtroumpfs d'occasion et un livre Lego d'occasion 

- Des livres pour les enfants, encore, dans la grande librairie du coin. En tout, neuf et d'occasion, pile 80 euros (et encore… on est abonné à deux bibliothèques. C'est pas faute de limiter la casse le reste du temps).

- Des mezze à emporter chez notre restau libanais préféré, 48e pour 8 plats, bon ça nous fera au moins deux repas.

- le parcmètre, j'oubliais : 3e

Pour un total de… (non, je ne veux pas additionner, j'aimais mon innocence…)

Un peu plus de 160 euros ? Je dirais ? 
Tout de même. 
et encore, je n'ai pas eu le coeur de retenir les enfants plus longtemps et ai renoncé au dernier livre de Yotam Ottolenghi, Simple, faute de savoir vraiment si les recettes m'intéressaient ou non, ou assez pour ajouter un livre à ma petite collection (de toute façon ils sont rangés dans un casier du meuble de cuisine, si ça déborde, il y en a un qui dégage, alors…).

On aurait pu rester chez nous et manger des pâtes à 1euro. Et ils auraient été contents, les garnements, en plus. Tout ceci est clairement du superflu.

       Mais tant pis. 
       On a passé une journée au soleil. Erré dans des rues improbables qui n'ont pas changé depuis deux cent ans. Rapporté des petits bonhommes bleus et de la mythologie à la maison. Ah, et j'oubliais une paire de chaussures pour le petit dernier dont la paire en taille 23 a l'air de lui comprimer les orteils depuis honteusement longtemps (ils font des abonnements, au service maltraitance infantile?). Mais là achat de pure raison. Je ne les trouve même pas belles ces chaussures, mais pratiques, en cuir, fiables, à -70% soit 15,85 euros au lieu de pfff je sais plus, 44 ? Non, sur ce point, vraiment, nous n'avions guère le choix.

     Et en fond, il  y a mon tout petit qui grandit. Le tri des vêtements dans sa chambre et se résoudre à ôter toutes les tailles deux ans, parce que oui, il a deux ans, mais il commence à tenir mieux dans du trois ans. C'est beau de voir ses enfants grandir mais mélancolique aussi. C'est un adieu à chaque âge, surtout quand le petit dernier restera le petit dernier. 
    Et en fond, il y a aussi l'amie qui voulait tant un enfant, qui avait rencontré tous ces contretemps, a découvert finalement, en plein processus de FIV, qu'elle était tombée enceinte spontanément, et qui a perdu son bébé il y a deux jours. Et c'est trop injuste. Banal, sûrement, mais si injuste. 
     Alors des fois, le critère argent devient… comment dire. Un reflet pâle des priorités de la vie. Si l'argent pouvait acheter le droit à un bébé, on saurait où le miser. Mais ça ne marche  pas comme ça. Il est des moments où on a envie de recueillir de la vie un peu tout au passage. Et on ne pioche rien d'important au fond. Mais on aura essayé.

jeudi 14 février 2019

Parapluie

     Nous rentrons de quatre jours à Paris. Une multitude de constats :
- Paris avec des enfants nécessite un soupçon d'organisation (mais tout s'est bien passé).
- Paris en février a ses inconvénients (se geler les fesses à Bastille au vent du matin) et ses avantages (temps d'attente pour visiter Notre Dame : zéro seconde. Non mais j'hallucine. Jamais vu ça. Je cherchais des yeux l'habituelle file d'attente, on a vu des gens qui…qui entraient par la porte. Du genre, tiens, si on entrait. Alors on est entré. C'est la première fois que je peux mettre un pied à Notre Dame !).
- C'est mieux quand il ne pleut pas.

     Le premier jour, on avait prévu une balade à pied (depuis Bagnolet) jusqu'au Père Lachaise, dont nous avions un bon souvenir. Il s'avère que le bon souvenir était lié en partie au contexte : visiter cet endroit avec une amie, par une belle journée d'été, avec des joggers et des touristes tranquilles à chaque allée. Là c'était grisaille, désert et un soupçon lugubre. Le lieu est beau, pourtant. Mais quand tu entres côté crématorium et que tu vois une fumée noire, parce que, précisément, il est en service… ça calme un peu. Les enfants ont un peu râlé. Trop loin, trop gris, trop de gens morts sous trop de dalles, même s'il y avait de jolies sculptures. 
      Au retour, j'ai vu deux parapluies abandonnés sur le trottoir. Deux parmi tant d'autres, probablement. Question : pourquoi les gens lâchent-ils leur parapluie sur le sol ? Pourquoi pas dans une poubelle, s'ils n'en ont plus besoin ? Les baleines cassées n'excusent pas le désordre. (bon, on ne va pas se mentir, il y avait des monceaux de déchets un peu partout et ceux-là n'étaient pas les pires).

     Je ne possède pas de parapluie.
     Il n'y en a pas dans la maison, d'ailleurs. Mon mari en a un dans la voiture, qui lui sert quand il fait cours dehors et ne peut pas rester planté sous la flotte pendant que les élèves courent. Pas sûre qu'il s'en serve souvent.
     Cela doit faire une douzaine, quinzaine d'années que j'ai renoncé à avoir un parapluie. Cet objet ne me sert à rien. On le trimballe pour rien les trois quarts du temps. Quand il pleut vraiment, il faut le déplier, trouver de la place sur le trottoir, éviter d'éborgner les gens avec, et dès que tu entres quelque part, tu te retrouves avec ton machin dégoulinant au bout de la main, ne sachant qu'en faire. 
      Comment je fais, quand il pleut ?
      Eh bien… je laisse tomber la pluie. Voilà.
      Je crois n'avoir même plus de manteau à capuche. 
     Reconnaissons que je suis assez peu dehors sous la pluie. Si je la reçois sur la tête quelques minutes, ça ne me dérange pas. Ma coiffure ? Boh. De toute façon mes cheveux ondulent, frisouillent, alors autant les laisser se mouiller en paix. D'ailleurs ils sont plutôt plus doux après l'eau de pluie. La preuve que la flotte est beaucoup trop calcaire par ici.

     Je ne suis pas militante anti-parapluie (allez savoir si ça existe). Cet objet est utile à plein de gens. Depuis que je n'en ai plus, il ne m'a plus jamais manqué. Je pense que je vais continuer à ne pas m'acheter de parapluie, à ne pas le transporter, à ne pas l'ouvrir, à ne pas me demander où le poser, à ne pas me demander s'il est pertinent de le faire sécher ouvert chez moi vu que selon ma mère ça portait malheur d'ouvrir un parapluie chez soi… elle disait "un pépin", parfois. Ben voilà. J'ai plus de pépin. Et ça va beaucoup mieux !

samedi 9 février 2019

Merci

     Depuis quelque temps, j'essaie de dire plus souvent merci.
     Jamais de façon feinte : d'abord, je n'en vois pas l'intérêt. La sincérité ou son absence percent toujours dans nos paroles, non ? Ensuite, il y a tant d'occasions de remercier en toute franchise. C'est simplement qu'on ne prend pas toujours le temps de le faire. En résumé, je pense qu'on ressent davantage de "merci" qu'on n'en prononce, et c'est dommage.

     Je dis merci en l'air, au hasard, au destin, qui me rend service : merci quand la neige prévue n'est pas tombée et que je pourrai conduire sans inquiétude pour mes enfants, merci quand je cherche quelque chose dans un placard et tombe pile sur ce qu'il faut de façon improbable. Merci quand le feu passe au vert juste au moment où j'arrive devant. 
     On parle beaucoup, en ce moment, de cultiver la gratitude. C'est comme tout : une question de focus, en mauvais français. Cela nous fait concentrer notre attention sur ce qui va. On peut faire l'inverse, remarquer tout ce qui cloche (selon nous) et notre vie semblera pourrie. Mais c'est notre choix.
      Oui, râleurs et plaintifs invétérés, sachez-le : c'est votre choix. Si vous ramenez dans les filets trois crevettes et trois déchets, vous pouvez déplorer les déchets. Ou vous réjouir des crevettes. C'est vous qui voyez. Mais merci de ne pas pourrir la vie de ceux qui voient les crevettes en leur parlant de vos déchets à longueur de temps.

     Je dis merci aux vrais gens, aussi, un peu plus, dès que j'y pense et que l'occasion s'y prête. En janvier j'ai passé une flopée de coups de fil (je déteeeeeeste téléphoner) pour des suivis de stage de nos élèves. J'ai posé mes questions, discuté, tout ça. Et puis, à chaque fois, j'ai fini en remerciant le maître de stage d'accueillir notre élève. Toujours à la fin : c'est gratuit et sans contrepartie, la conversation est finie, je n'attends rien en retour. Mais j'ai senti à chaque fois leur voix changer. "Oh mais c'est naturel… Mais vous savez, elle fait du bon travail…". On finissait sur une note positive. Et surtout, ce qui était tenu pour acquis, leur accueil de l'élève, était en fait un cadeau qu'ils lui faisaient, qu'ils nous faisaient. C'est la vérité d'ailleurs : prendre de leur temps pour accueillir des ados, c'est bien. Ce serait dommage de se montrer ingrat. 
     Je dis merci aux gens de l'agence immobilière. Même l'autre jour quand j'ai reçu un mail précisant que des travaux étaient nécessaires, pour 800 euros environ (gloups) et reçu ensuite une facture de 1000 euros (regloups). Le travail fait était légitime. Mais je n'étais pas enchantée de payer si cher. J'ai attendu quelques jours, que ma contrariété s'évapore, regardé à nouveau les photos, vu qu'ils avaient fait du bon travail, et envoyé le paiement par virement ainsi qu'un mail pour les remercier du travail effectué. 
     Et alors, me direz-vous ? Qu'est-ce que ça change ? chacun a fait son boulot, non ?
     Oui, mais la fille de l'agence m'a répondu avec enthousiasme, me remerciant pour mon retour et m'assurant qu'ils mettaient tout en oeuvre pour relouer le logement, etc. Et je sais que c'est sincère, tout comme je l'ai été. C'est l'expression d'une confiance mutuelle. Souvent, on se dit que pour avoir confiance en quelqu'un, il faut qu'il fasse ses preuves. Mais parfois, le fait de lui donner sa confiance fait qu'il ne peut que bien agir. L'élève à qui tu confies tes clés et une mission se sent honoré d'aller chercher quelque chose dans la salle et n'en profite jamais pour mal agir. Jamais (à d'autres moments peut-être, mais pas à celui-là).

     Et le prénom, aussi. Appeler les gens par leur nom est plus puissant qu'il n'y paraît. 
     En prépa, j'avais un prof d'allemand un peu spécial. Il devait être hypermnésique, c'est pas possible. Il parlait 12 langues et était en train d'apprendre la 13e. "Mais comment vous faites ? - Oh, c'est facile, quand on en connaît cinq, pour les suivantes, c'est toujours pareil". Ah oui ? Même quand on apprend l'arabe et le finnois ? Pour lui, oui.
     On a eu un cours avec lui. C'était la rentrée, nous étions des dizaines de nouveaux étudiants. Le lendemain, dans les couloirs, quand il nous croisait, il nous appelait par notre prénom. J'en ai sursauté. Quoi ? il connaissait mon nom ? j'existais déjà pour lui ?
     Mine de rien, prononcer le nom de l'autre, c'est lui reconnaître existence. D'autant plus qu'on le connaît moins. Je suis toujours surprise que les gens sachent qui je suis, au travail en particulier. Pourtant cela semble un peu stupide, moi je sais bien comment ils s'appellent, tous, à part les gens de passage (on est au moins soixante-dix, ça complique). Quand je peux, quand j'y pense, et que je croise les gens le matin, au lieu de dire "Salut", "Bonjour", je dis "Salut Christophe", "Bonjour Virginie", et je sens que c'est déjà un peu différent. On passe du salut formel à la cantonade au salut personnalisé, de la politesse à l'attention. Ce n'est rien. Mais si ça fait du bien, autant les ajouter, ces trois syllabes. 

     Alors la prochaine fois que Gontran fait un truc sympa, je vous assure, prenez cinq secondes de votre temps pour lui dire : "Merci, Gontran !" et cela vous fera du bien à tous les deux. Un geste gagnant-gagnant, les seuls qui vaillent.

(Gontran fait encore partie des prénoms dont j'espère sincèrement qu'ils ne reviendront pas à la mode, c'est bien trop guttural à prononcer. Mes excuses à tous les Gontran. Merci, Gontran, pour tes sonorités gutturales).