mercredi 17 octobre 2018

Faim

     Ce midi, pour une fois, j'ai senti la faim.
     Une faim gentille, raisonnable, modérée. La faim de l'heure du déjeuner. 
     Pourtant je la croise rarement. Toujours en train de siroter un café, grignoter quelque chose. Comme si avoir faim m'effrayait. Ce n'est pas à ce point, bien sûr. Mais hors de question au travail de supporter un ventre qui gargouille, je l'ai assez subi quand j'étais collégienne, avec toute la difficulté à rester discrète dans ces moments-là.
      A la radio, une émission (sur France culture) où ça parlait danse, musique, éphémère, vide. Et le lien m'est venu. On a peur de la faim comme on a peur de l'ennui. Peur du vide. D'assumer son soi dans le vide.
     Je suis bien consciente que mon corps est programmé pour supporter une faim raisonnable. Alors pourquoi l'en empêcher ? Comme on chasse un désagrément ? ou par angoisse plus profonde ? 

     Peur des vides. Faim, ennui, silence. On remplit son ventre, son emploi du temps, son paysage sonore.

     Alors qu'on pourrait se laisser de l'espace.

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