jeudi 1 novembre 2018

Jour 1

     Ce jour 1 sera le jour 1 pendant bien des jours, probablement.

     Etrange ? Vous verrez.

     Novembre a été longtemps mon mois maudit. Humide, froid, sombre, la maladie, la mort, les coups de déprime. Ma mère est morte en novembre. L'attaque du Bataclan a eu lieu en novembre. L'annonce du cancer d'une amie, novembre. Comme si la noirceur se concentrait sur ce mois-là.

     Et puis, il y a deux ans, un petit être a tout bousculé. Mon fils est né. Le 15 novembre. Le même jour que ma mère, sa grand-mère dont il n'aura jamais guère connaissance. Il a évité soigneusement le 13 (Bataclan) que j'appréhendais, sans parler du 17 (date de mort de ma mère) et accoucher ce jour-là m'aurait vraiment fait de la peine. 

     Novembre a pris de la douceur. S'enfoncer dans son terrier. Regarder ses enfants grandir. Préparer tout doucement les festivités de fin d'année qui nous mènent vers le jour de bascule, tout à la fin de décembre, celui où la nuit sera la plus longue mais donc celui à partir duquel elle redeviendra plus courte peu à peu. La lueur d'une bougie vers l'espoir.

     Tant qu'à morfler, autant y aller. Depuis plusieurs années Novembre est mon Mois Sans Achat. On paye les factures, on achète de quoi manger mais j'élimine le superflu du caddie, je ne m'offre pas de livre, de bricole, de rien. Une évidence. J'avoue avoir été TRES vilaine, ou très écureuil, et avoir acheté hier pas mal de choses, deux livres, quelques vêtements, de quoi préparer des choses pour les enfants, juste parce qu'il me faudrait un mois ensuite pour me décider. Bon. Je ne regrette pas ces achats. Mais mes contradictions me bondissent à la figure à chaque fois.

     Diète de consommation, ouf. Un peu de repos.

     J'ai tenté deux ou trois fois le NaNoWriMo, aussi. Il s'agit d'écrire un roman en un mois. Cela fonctionne très bien : 1500 signes par jour, chaque jour, environ. J'ai écrit deux romans comme ça. Mais cela prend du temps, une ou deux heures par jour ? plus pour beaucoup j'imagine (je tape très vite, merci Mme Gontcharenko, prof de techno un peu folle et très russe au collège, qui nous obligeait à taper à la machine sans regarder nos doigts à grand renfort de torchons sur les mains ; j'ai poursuivi l'apprentissage toute seule et fais partie maintenant des profs qui effraient leurs collègues en salle des profs, en période de bulletin, par le martèlement incessant de mes doigts sur le clavier). 

     Cette année, non. J'ai d'autres priorités. D'abord la danse, à poursuivre : commencer la danse classique à presque 40 ans et penser progresser à raison d'une heure par semaine me semble un peu illusoire (d'autant que par la force des choses je suis 3 semaines sans cours). Donc, travail à la maison, un peu chaque jour ou deux / trois fois par semaine.

     Et puis… Le fameux "J'arrête de râler". J'avais lu le livre de Christine Lewicki il y a six ans. Essayé. Réessayé. Souvent. Fini par abandonner car je trouvais douloureux d'être de si bonne volonté et de subir un échec quasi chaque jour. Injuste.

     J'ai décidé de remonter à la source et lire le livre de Will Bowen, 21 jours sans se plaindre, dont elle s'est en fait inspirée. Il me parle bien plus, car j'ai compris comment aborder le défi sans en souffrir.

     Pour ceux qui ne connaissent pas le principe : on tente de se déshabituer des discours négatifs (plainte, râlerie, critique, sarcasme…) en passant 21 jours de suite sans plainte. Pour mesurer la chose, on porte un élastique, un bracelet, quelque chose du genre à un poignet. A chaque flagrant délit de plainte, on le change de poignet. Autant dire que les premiers temps, on fait valser méchamment l'élastique. J'en avais parlé avec une collègue qui m'avait dit 1) mais pourquoi tu fais ça ? tu n'es pas râleuse ! (au naturel non ; dans la vie familiale, je le deviens). 2) moi je ne vois pas l'intérêt d'essayer je ne râle pas (et c'est vrai que je ne l'ai jamais vue râler, c'est bien pour ça que j'en parlais à elle et pas à n'importe qui!). Le lendemain je la croise dans les couloirs et elle me dit : "Ton histoire, ça m'a fait réfléchir, et depuis hier soir, je me suis surprise à râler au moins quatre fois !". Moralité : on râle tous. Ou du moins pratiquement tous. C'est presque culturel en France. Une course à celui qui se plaint le plus fort. Quel gâchis. Vous pensez que vous ne râlez pas ? essayez juste une journée le coup du bracelet.

     Ce livre m'a aidée en me faisant voir autre chose que l'échec : même si je reviens au jour 1 pendant des mois, toutes ces tentatives ne seront pas des échecs mais la construction d'une habitude, celle d'éradiquer la pensée négative. Jour après jour, elle fera moins partie de mon quotidien. Chaque échec sera une petite victoire en germe. Chaque heure, jour sans plainte sera du temps de sérénité gagné. A ce compte, pas grave si je mets deux ans à réussir mes 21 jours. Je vais reprogrammer en profondeur mon esprit. Ce que j'avais pris pour un défi dans un premier temps, et qui me frustrait, devient beaucoup plus profond. 

     Il existe un bracelet officiel A Complaint-free world. Je m'en suis procuré d'autres : un lot de cinq (on sent la personne réaliste qui pense en craquer 4 avant d'arriver à ses fins), avec message positif (sera pas du luxe) et phosphorescents la nuit (parce que pourquoi pas s'amuser et prolonger le défi jusque dans mes rêves ? ).

     Souhaitez-moi bonne chance ! 
     A nous deux, Novembre ! tu vas voir, on va passer de beaux moments !




4 commentaires:

  1. Je suis une râleuse, j'essaie de travailler dessus pas simple en tout cas je vais voir si ma bibliothèque aurait se livre a disposition

    J'espère vite lire tes progrès

    Belle et douce soirée

    RépondreSupprimer
  2. Il a des chances de ne pas être dispo à ta bibliothèque mais tu pourrais trouver plus facilement "J'arrête de râler", de Christine Lewicki. Les deux sont complémentaires je dirais : même message avec des nuances. Tu vas voir. Quand on mesure le nombre de propos négatifs au quotidien, on se fait peur !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui il n'était pas disponible mais ils l'ont mis a la liste achat

      Et j'arrête de ralet et emprunter mais je l'ai réservé je t'en ferai .un retour

      En tout cas moi je suis une râleuse nee

      Supprimer
  3. Ah non ! tu n'es pas une râleuse née, je parie, mais une râleuse "héritée", non ? Comment communiquaient tes parents ? Quels modèles as-tu vus autour de toi ? Mais rien ne nous oblige à appeler la pluie le "mauvais temps". C'est de la pluie, après tout. Et ça vaut pour un peu tout ! c'est juste une grosse remise en question de nos automatismes. Bonne nouvelle : c'est gratuit et sans danger ! En tout cas, les quelques fois où j'en ai parlé à mes élèves, je leur ai dit à chaque fois : "Quand vous râlez, vous vous placez en position de victime" (…la vérité, quand on y réfléchit). Je t'assure que sur le coup ça les calme. Evidemment la nature revient au galop mais… Après tout tu n'es pas une victime !

    RépondreSupprimer