jeudi 7 mars 2019

L'employé du mois


    

 


















La méthode Konmari est l'amie du minimaliste. Tu désencombres ta maison. Tu ne souhaites pas la faire déborder à nouveau d'objets en tous genres. Tu fais quelques économies (avec tout ce temps passé à désencombrer, tu n'as pas pu aller faire du shopping, et tu mesures la vacuité de la chose de plus en plus). Tu fais quelques dépenses aussi (s'il s'agit de n'avoir que des objets qui me mettent en joie, j'ai une liste d'envie longue comme le bras pour remplacer mes actuels "fera l'affaire").

      Alors que faire quand on est coincé entre envie d'épure et souci de ne pas gaspiller ? Plus précisément, quand on se sent un peu de mauvaise foi… "j'aimerais bien me débarrasser de cela mais je reconnais pouvoir tout à fait m'en servir encore un peu"?

      J'ai trouvé ma solution. Je décrète, dans ces cas, un Employé du mois. Non pas le meilleur travailleur de l'entreprise, en l'occurrence, mais plutôt un "désigné volontaire" que je vais mettre en première ligne un mois entier. 

         Ces chaussettes, par exemple. Je les ai achetées quand j'étais enceinte, repère pratique, cela fait donc trois ans. Je les ai portées assez régulièrement. Elles ont trois inconvénients :
- elles remontent jusqu'à mi cuisse (point fort) mais ont tendance à glisser au genou (point faible). Agaçant.
- elles sont assez épaisses dans la chaussure.
- …et vu l'épaisseur de la matière, donc, elles prennent de la place dans le tiroir
En définitive, j'évite souvent de les porter. Elles pourraient donc continuer à bouffer l'espace de mon tiroir pendant des années, intactes.
       Pas question !
       J'ai décidé ce mois-ci de les porter autant que possible - entre deux lavages, tout de même. Elles vont bien finir par s'user, vous savez, le petit trou au gros orteil… le tissu a déjà un peu cédé à cet endroit-là. Je pourrai alors m'en débarrasser la conscience en paix, en ayant tiré tout l'usage que je pouvais.
       Oui je sais. Je peux aussi couper le pied et m'en faire des manches. On verra si je pousserai le vice jusque-là, le moment venu.

          Ce fard à paupières est vieux. On le voit. Bien avancé. On le voit. Selon les recommandations sanitaires en vigueur, j'aurais dû le jeter il y a une décennie. Sauf que la poudre n'a pas bougé, ni texture, ni odeur, rien. Donc les dates de péremption cosmétiques resteront pour moi ce qu'elles devraient être : une indication de précaution, point. D'un autre côté, la boîte est tellement abîmée, ce fard si ancien, que j'aimerais en finir. Il m'a en plus été donné par une amie que je n'ai plus vue depuis dix ans, de façon tout à fait délibérée, et ça me fatigue un peu d'avoir une pensée pour elle à chaque fois. Bref. Chacun sait qu'un fard à paupières est absolument interminable. Si vous en avez dix, même en vous maquillant chaque jour généreusement, vous traversez l'année, voire la suivante et même plus, sans craindre la pénurie. Cela fait longtemps que je me suis décrété un "employé du mois" dans mes fards à paupières. Cela semble réducteur mais le principe est le même que pour la capsule wardrobe : limite ton choix, tu limiteras ta fatigue décisionnelle. Ce mois-ci j'utilise ce fard tous les jours. Seul ou couplé à d'autres, le plus souvent. 

       Un effet secondaire inattendu de cette technique : à force d'utiliser ces produits mal aimés, vous finissez par les apprécier. Voire, regretter d'en finir avec eux, quand ils sont bons pour la poubelle. La preuve que notre envie de "toujours plus, toujours nouveau" est parfois vaine, puisqu'on ne prend pas le temps d'apprécier entièrement ce qu'on a déjà. Et puis, si l'objet en question a vocation à être remplacé, cela laisse le temps de choisir le suivant, au lieu de courir les boutiques sur une impulsion. Au fond, ce processus est plutôt apaisant. Il est si récent d'avoir pléthore de tout chez soi. C'est anormal !

Cela fonctionne très bien, vous vous en doutez, pour tous les consommables : 
- vêtements du quotidien
- aliments
- produits d'hygiène et beauté
- chaussures confortables…
En revanche, si vous attendez d'avoir usé le vieux vase de mémé ou la paire de talons qui vous fait mal au bout de cinq minutes pour vous en débarrasser, vous risquez de déprimer avant. Si l'objet n'est pas "usable", ne vous pourrissez pas la vie, souhaitez-lui tout de suite bon voyage !

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