jeudi 23 août 2018

Engagement

     La conjonction de réflexions.

     Je ne suis pas sportive. Je n'aime pas me fatiguer. Enfant, j'étais très souple. Je me souviens de la maîtresse d'école pétrifiée, quand j'avais six ans, parce qu'elle me voyait faire le grand écart dans la cour. "Mais tu vas te casser les jambes !". Cela me semblait absurde et ça l'était : j'étais comme ça, voilà tout.

     Quand mon deuxième fils avait quelques mois, et moi autour de trente-quatre ans, je me suis rendu compte que ma souplesse d'antan avait disparu. Plus jamais exercée…envolée. Petit sursaut d'orgueil. Allais-je accepter de me laisser raidir par le temps sans rien faire, avant même la quarantaine ? Pas question. Quelques étirements chaque matin ont redonné un peu de jeu dans les articulations. Aujourd'hui le grand écart n'est pas si spontané, il ne touche pas le sol, mais reste, disons, encourageant.

     J'ai testé le pilates. Excellente méthode. Pas continué avec ma 3e grossesse et toujours cette flemme de me fatiguer…

     Au début de l'été, discussions avec ma cousine. Elle fait du sport, du fitness, elle nage, et assure que j'ai bien de la chance d'avoir la ligne que j'ai, sans rien faire. On parle musculation, stretching, tout ça. J'avais essayé la méthode Lafay pour me muscler l'an dernier, par envie de me sentir forte physiquement, et puis même si elle s'est avérée efficace, j'ai laissé tomber au bout de trois semaines. Pas assez motivée. Je me contenterais de la version molle de moi-même.

     Championnats d'Europe d'athlétisme au début du mois. Amusant, le gros plan sur l'athlète. Tu sais quel est sa spécialité avant même que la caméra élargisse le champ de vision. Longiligne : saut en hauteur. Massif : lancer. Très musclé : décathlon. 
     Ce que notre corps fait le façonne. Tout le monde le sait. Je l'ai toujours su. Mais l'évidence m'a frappée. Voilà pourquoi je freine des quatre fers pour les séances muscu, le côté "musclons-nous un bon coup pour la journée / semaine".
     Parce que c'est faux. On ne fabrique pas en trente minutes d'efforts et vingt-trois heures trente de mollesse un corps musclé. Du moins, pour la plupart des personnes. 
     La clé dans tout ça n'est pas que ce soit tricher. C'est que JE N'Y CROIS PAS. Je ne crois pas un instant que ces efforts vont compenser mon manque de tonus permanent, car croyez-moi, je ne suis pas tonique.

     Alors quoi faire ? Se laisser écraser par le temps ? Regarder marcher les dames d'un certain âge dans la rue, savoir que je finirai courbée comme elles et accepter ? 
     Certainement pas.
     J'ai décidé de faire autre chose. 

     Ma méthode à moi.


     L'engagement corporel.

     Ne pas faire de séance d'exercice, certes. Mais faire les geste à fond. Tu dois te baisser pour ramasser un truc ? Etire tes jambes, fais-les travailler. Tu montes l'escalier ? Fais-le sur demi pointes.
     Le principe devait être très simple pour que ça marche et que je tienne. Du genre, si simple que je ne pourrais même pas l'ignorer.

      Le voici :
      Engage ton corps dans tes mouvements. Ne triche pas, "don't cheat" comme dit Kathryn Morgan, une danseuse classique. Fais-les vraiment au lieu de compenser comme on, du moins je, le fais toujours. Tu te penches ? Utilise tes muscles, pas ton dos. Il te remerciera.
        Mobilise toujours un muscle à tout instant, peu importe lequel, les abdos en voiture, les fessiers en marchant, travaille tes chevilles en cuisinant. Ce que tu veux mais quelque chose.
        Tranche les périodes : zéro contrainte dans les moments de relâchement. Quand tu dors (!), quand tu manges, quand tu lis, écris, quand tu fais quelque chose qui exige de la concentration mentale.
          Engagement corporel tout le reste du temps : quand tu marches, restes debout, te déplaces. 
        Est-ce que ça marche ? En dix jours, difficile de poser un verdict. Mais depuis que j'ai commencé, j'ai mal partout. Courbatures, bienvenues. Et surtout j'ai trouvé un fonctionnement auquel je crois, avec lequel je me sens en cohérence, car si mon corps se tonifiait, il refléterait bien quelque chose qu'il fait. Sans brutalité soudaine. 
        Cela oblige à vivre l'instant. A être là pleinement. Voilà qui vaut une méditation.

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