samedi 29 septembre 2018

Fatigue

     C'était jeudi.
     Jour important, jour où je suis seule à la maison de 9h30 à 13h, la liberté absolue. 
     J'ai fait ce que j'avais décidé. Marcher sur le tapis de course, en route vers mes dix mille pas, finir de lire La Nuit des Temps de Barjavel, regarder quelques vidéos bien précises… L'homme est rentré déjeuner et une sieste s'est imposée. Quand je m'endors l'après-midi, c'est toujours dix minutes, automatique. Parfait. 
     Au réveil, j'ai voulu changer les piles des livres musicaux du petit dernier, en rade depuis longtemps. Trois plombes pour trouver le bon tournevis, pas moyen d'ouvrir, l'heure tournait : énervée. Et puis, c'est le moment où je fais un peu de rangement et j'ai redécouvert à quel point ça me rend malade. Un problème d'oreille interne, je suppose : avoir la tête en bas pour ramasser les jouets sous les meubles, puis me relever et ainsi de suite, me rend carrément nauséeuse. Comment vous faites? Je suis la seule ménageo-phobique ?
     Vu mon bureau, alors que je regardais aussi un reportage sur Marie Kondo, d'un oeil. Le contraste m'a rendue encore plus malade, sérieusement. Le bureau est noyé sous des piles de livres, de jouets, d'objets en tous genres. Je ne me sens pas le droit de jeter / donner les jouets car 1) ils ne sont pas à moi 2) les enfants sont assez imprévisibles et peuvent tout à coup se remettre à jouer avec quelque chose d'oublié. Je n'ai pas la solution. On a ôté du salon presque tout sauf une sélection hebdomadaire, très bien. Mais le stock prend tellement de place. 
     Suis allée chercher le petit. Puis les grands à l'école. Ils avaient dû évacuer en urgence à cause d'un nid de frelon et je les ai retrouvés à la mairie. Fatigue physique, stress des maîtresses qui ont dû gérer ça, commentaires des petits qui ont vu les pompiers (avec délectation), chaleur, trop de chaleur, stress du petit frère arrivé en car et qui avait justement une alerte incendie à son école et n'a pas aimé la sirène : impression d'absorber tout ça comme une éponge. Je me suis sentie faible. Nous sommes rentrés. J'avais mon cours de danse le soir. J'ai même hésité à y aller - c'est dire.

     Je vous en parlerai. Le cours de danse, c'est important pour moi. La concrétisation de tout un été de projets et de tout un passé. Même si c'est juste une petite heure de rien du tout.

     J'y suis allée quand même. Parce que bon. Je mange toujours un petit quelque chose une heure avant, pour être sûre. 
     Tout s'est plutôt bien passé. J'ai tenu le coup quand les personnes ont parlé d'une ancienne participante qui avait un cancer (suis trèèèès sensible à ce genre de commentaires). Je me suis immergée dans la barre, tendu, plié, et ça a été.
     Hier matin, je me sentais carrément mal. Douleurs au ventre, juste la période, la digestion, tout ça ; mais nauséeuse, toujours. Bon, dites-moi que je ne suis pas enceinte (déjà trois enfants et un stérilet, ce ne serait pas du jeu, tout de même). Je n'ai pas pu manger avant de partir au travail, pas grave, j'avais cours à 11h30 seulement, toute la matinée pour préparer des cours, corriger des copies et voir comment ça évoluerait. Et ça a été. Le malaise s'est résorbé peu à peu. Et je me retrouve avec un début de rhume.

     Tout ceci n'a rien de passionnant, certes, c'est juste étonnant de voir comment on peut parfois sentir la machine se gripper. Et je devrais penser à me réjouir chaque jour où je me sens bien. Tu n'as mal nulle part ? Ne le prends pas pour ta normalité. Tu n'es pas NORMALE. Tu as juste UNE CHANCE FOLLE tous les jours.

     Je promets de m'en souvenir.

     Tout ceci n'est que de la bobologie, rien à voir avec les vraies douleurs, les vraies souffrances qui m'ont épargnée et que j'ai tant de chance de ne connaître qu'en idée. Voilà qui m'amène un grand respect pour ceux qui affrontent chaque journée comme une source de douleurs et arrivent à vivre au milieu de ça.

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