mardi 5 janvier 2021

Malle dissimulée


    Elle attendait près du lit, patiemment, cette BD. Offerte à la Toussaint par une amie de vingt ans, une amie qui était déjà là quand je bouclais mon mémoire de maîtrise sur Gide, Kafka, Anaïs Nin.
    Je ne l'ai pas lue tout de suite. Ce défi lecture à boucler d'abord - soixante titres, soit la moitié de ce que j'aurai lu en 2020. L'envie de choisir le bon moment.
    Et elle aura été ma première lecture de 2021. Force expressive, trait de crayon avec ce jeu de noir et blanc tout en couleur. Et puis, certainement, pour ceux qui ne savent pas, la sidération. Comment ? Elle a vécu tout ça ? De cette façon-là ? Mais qui était-elle, une femme libre, une artiste, une dépravée, une sainte ? Un peu de tout ça (un peu moins la dernière). Et elle a vécu bien plus que ça encore. On parle ici d'une femme qui, sur le tard, aura deux maris aux Etats-Unis, un sur la côte ouest, un sur la côte est. La polygamie n'est illégale que si quelqu'un la remarque.
    Et le journal. Toujours. Fil rouge, ligne de vie.
    Peut-on lire Anaïs Nin sans envisager d'écrire une page de journal ? 

    J'ai rouvert la malle. Celle qui contient les cahiers, les plus vieux, qui ont passé vingt-cinq ans d'âge, les plus récents terminés il y a quelques jours, et même ce journal fictif, écrit par mes amies, en hommage, chacune une section de ma vie, pour mes trente ans. C'est dire si elles me connaissent. 
    Les amies sont toujours là.
    Les pages aussi.
    Je ne cesserai pas d'en ajouter. 
    Un jour, la malle sera trop petite. Je trouverai une solution. Je serai créative.
    Pour l'instant, elle sert surtout d'étagère. Plantes, réveil, vase. Innocent autel pour décourager les petites mains curieuses.
    L'autre jour mon plus petit garçon m'a demandé : "Mais y a quoi, en fait dedans ? Z'ai envie d'ouvrir !". Mais non, enfin. Ce n'était pas possible, il voyait bien : trop d'objets fragiles sur le dessus !
    Il a joué un instant avec la serrure et est parti bâtir des Legos.


 

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