jeudi 5 mai 2022

C'est pour ton bien


                    En ce moment, j'écris.

                  On peut tout glisser dans cette phrase.

                  En cette instant / ces quelques jours / ces mois / cette décennie ?

                 J'écris sur ce clavier / des listes de courses / des documents de travail / des poèmes / des romans ?

                 Alors, reprenons.

               Depuis janvier, je replonge dans la fiction. Une nouvelle au début de l'année, un roman écrit en février-mars, une nouvelle tout juste commencée la semaine dernière (un paragraphe) et poursuivie ce matin (une page).

                 Un rythme rapide pour le premier texte (quatre pages abouties en une demi- journée), pour le deuxième (150 pages en deux mois), moins pour le troisième.

                 Et pourtant, la démarche est la même. A chaque fois, écrire est si...

     LABORIEUX !

                Ce n'est pas imaginer. Ce n'est pas trouver une idée, d'ailleurs je ne trouve pas d'idée, je ne les cherche pas, elles viennent d'elles-mêmes se présenter, parfois il faut secouer la tête pour les chasser comme on agite le bras pour repousser les moucherons.

                 C'est formuler. Mot à mot.

               Annie Ernaux a dit hier soir, à la télé, quelque chose que je partage tant, que c'était une joie et une chance de l'entendre de sa bouche. 

                "Quand j'écris, je ne me demande pas si c'est bien. Je me demande si c'est ça, si c'est vrai, si c'est juste". (citation approximative)

                La notion de justesse est au coeur de l'écriture. Enfin pour moi. On n'a pas le droit de se dépêcher. De se contenter de. De faire avec.
                 L'écriture est intransigeante. Soit c'est ça, soit c'est vain.

                Est-ce que j'aime écrire ? 
                Ecrire est exigeant. On ne peut pas écrire d'une oreille, d'un doigt. Tout l'être est tendu vers l'écriture. Epuisant, jusqu'au fond de qui on est. Alors j'écris un peu, pas trop. Très vite. Par petites touches impressionnistes. Mais souvent, le reste de mon corps écrit malgré moi. J'ai avancé d'une page ce matin. C'est très peu. Pas grave. J'ai le temps. Je sais que je vais aller promener le chien après. Que dans les hautes herbes humides, des idées viendront, des éléments se dénoueront. Pour continuer j'ai besoin de lire un texte. J'avancerai par petits jalons.

               J'écris vite quand je suis prête.
               Et on ne peut pas se dépêcher d'être prêt. 
               Impossible de se mentir. De louvoyer. 
               J'écris droit.
               Et ça donne ce que ça donne, mais ça, c'est une autre histoire.

               J'écris comme ça et c'est pour mon bien. L'écriture : la thérapie par l'imaginaire.

           Et il faut écrire par-dessus la déception, la vacuité, les A quoi ça sert, Qui le lira, Personne n'a besoin de mes mots.
             Il faut écrire pour les On ne sait jamais, pour les Tu dois le faire, pour les On n'est jamais à l'abri d'un accident, pour les Quoi faire de plus signifiant de ton existence de toute façon, pour les Si un jour un mot rencontre quelqu'un tout cela n'aura pas été vain. 

            Arrêter de se cacher derrière ses doutes et faire. Juste, faire. Et faire juste (quand on y arrive).

              Le texte de mon roman est en ligne.
             Son destin prévisible est de n'aboutir à rien. Mais on vit pour les accidents...         

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