mardi 6 août 2019

Vacance

     Retour au calme, en surface.
     Mon petit garçon est tout à fait guéri, et rien n'est plus précieux que ça. Il a passé deux jours et demi à l'hôpital. J'ai relayé son papa à mi-parcours et découvert les joies de la poche à perfusion, des électrodes qui se collent au pyjama et font bipper le moniteur en vous annonçant, en gros, la mort clinique de votre enfant, plusieurs fois par nuit, et la petite lumière rouge au gros orteil qui se détache régulièrement et fait sonner à son tour.
     Tout ceci est resté léger car le diagnostic l'était aussi. Adénolymphite mésentérique (vous non plus vous n'en aviez pas entendu parler ? vous aussi vous devez vous cramponner à la table pour déchiffrer le mot ?). Toujours est-il que c'est viral, qu'il faut traiter comme une gastro et attendre que ça passe. Il est resté très fatigué deux jours de plus, à la maison, et puis son appétit est revenu en flèche.
     Il a faim de tout. Tout ce qui se mange, tout ce qui se fait. Il n'a pas trois ans et passe d'un lieu à l'autre, d'une activité à l'autre, toujours en courant, avide.

     J'ai repensé à ce que j'avais lu dans L'Effet Télomère, des docteurs Blackburn et Epel : les personnes les plus stressées au monde sont les parents d'enfants malades. Comme je le comprends, d'autant plus, pour avoir entraperçu la chose. Je n'en ai qu'effleuré la surface et me trouve si chanceuse. Pendant ces vingt-quatre heures à l'hôpital auprès de mon fils, rien d'autre ne comptait que lui. Le reste du monde s'effaçait. Tout en suspens - les projets, ses frères. Comme cela doit être douloureux dans une famille. Surtout lorsque la vie de chacun se dessine autour de la maladie.

     La santé n'est pas pour autant revenue. Un petit virus gastrique traîne à la maison je pense, est-ce le même ? pas forcément. Pas virulent. Samedi, j'avais mal au ventre, le fort besoin de ne PAS manger (ce qui est rare chez moi), une intense fatigue. Contrecoup, me disais-je. Mais non. Car mon beau-fils avait eu les mêmes symptômes, et mon cadet a eu mal au ventre aussi les jours suivants. Il doit y avoir une source commune.
     On néglige trop souvent de se féliciter quand tout va bien. Je n'ai pas TRES mal. J'en suis plus à l'inconfort qu'à la douleur. Très peu de sensation de faim depuis plusieurs jours, ce qui me change du tout au tout. Envie de jachère, de silence, de diète, de rien. Mais un regain d'énergie dimanche m'a permis de ranger et redessiner le coin jouets des enfants dans le salon. De l'ordre. Du calme.
     On verra. Je laisse évoluer. Rien d'alarmant, il faut que ça se passe. Peut-être est-il venu, le moment du rien, de l'authentique vacance. On va faire ça.
     Rien.