mardi 23 avril 2019

Ce qui ne s'apprend pas

     Il y a quelques jours, l'évidence m'a sauté au visage.
     Cela fait des années que je réfléchis au côté néfaste de la râlerie, que j'essaie de me rééduquer, que je constate mes progrès et mes limites. Depuis 2013 je m'auto observe, j'avance un peu, je vois aussi comment les autres râlent en toute impunité ce qui a le don de saper mes efforts, preuve qu'il me reste du chemin à parcourir.
     Mais je n'avais pas fait cette corrélation pourtant évidente :
     Je râle parce que je suis stressée.
     Je suis stressée.

      Je ne me sens pas particulièrement stressée, au quotidien. Les gens qui me côtoient diraient sûrement que je ne m'inquiète de rien. Une collègue m'a rapporté une fois qu'une élève avait dit de moi "Oh, mais elle, elle est super zen, c'est impossible de l'énerver !". Et c'est un peu vrai.
       Je suis peu stressée.
       AU TRAVAIL.
       A la maison, il en va tout autrement. En moi, ça bouillonne. J'ai mille choses en tête, les contraintes horaires, les envies, les nécessités, les interruptions, une fois, deux fois, dix fois, par un, deux, trois enfants, et je ne peux pas vivre à mon rythme. Je me prends à rêver de grands moments de solitude. Le jeudi, jour off, est celui où je devrais relâcher cette impulsion. Mais je tiens tellement à y faire beaucoup que je me mets une autre sorte de pression : vite, ça, et puis ça, et puis faire mes 10000 pas, et puis lire ce livre, ah et celui-là, et le ménage, et cuisiner, et …

       J'ai toujours dû avoir un fond d'anxiété. De ce que j'en sais, la seule musculature qu'ont mes abdos est due au fait que je les contracte sans arrêt, par réflexe. Le corps ne se détend vraiment que dans le sommeil (ou un bon bain chaud, avec un livre) (mais pas trop longtemps parce que vite il faut aller dormir pour se lever tôt).

       En fin de compte, dans ce domaine, on n'a jamais aucune aide institutionnelle. A l'école, on t'apprend la conjugaison du futur antérieur, pas à respirer. La localisation de la Volga mais pas à faire le ménage. Les réactions chimiques du zinc mais pas à compter tes sous.

        Je ne rejette rien de tous ces apprentissages. Tant mieux qu'ils soient là. Mais pourquoi, pourquoi à aucun moment ne donne-t-on de pistes aux enfants, ou à défaut aux ados, ou à défaut aux adultes, sur ce qui les concerne TOUS, tous les jours, voire chaque minute ?

           Je dois apprendre à respirer. J'ai croisé la cohérence cardiaque, la méditation. Je sais que ce serait la réponse, mais mon problème est d'aller trop vite, vite, vite, et comment ralentir pour absorber la réponse ?
            Je n'ai jamais su faire le ménage. Dans ce domaine, comme dans beaucoup, tu te construis selon ton milieu, en imitation ou en opposition. La façon dont fonctionnait ma mère ne m'a jamais convenu. Je n'ai pas pour autant trouvé un fonctionnement optimal non plus.
             Je me souviens, à l'école primaire, qu'on nous ait expliqué (une intervenante extérieure) ce qu'étaient les intérêts bancaires. Quoi ? Tu pouvais GAGNER DES SOUS juste en laissant ton argent à la banque ??? incroyable. Pour la gamine de neuf ans que j'étais, c'était vertigineux comme idée. Toute petite initiation, certes. Mais quelques décennies plus tard, je me souviens encore de l'avoir eue, preuve que c'était plus important qu'il n'y paraît.

       Alors, en attendant il reste l'autoformation. Je lis des livres, comme toujours dès qu'il s'agit d'apprendre. Je teste, j'essaie d'avancer. Je commence "L'effet Télomère", histoire de me convaincre que le stress doit reculer dans ma vie. De le voir en face. Je vais lire "Clean my space", après avoir il y a longtemps beaucoup réfléchi grâce au livre de Marla Cilley "Sink Reflexions". Je lis beaucoup de livres sur l'indépendance financière.

     Mais toutes ces pistes pourraient être lancées tellement plus tôt. A sept, huit ans, un enfant est tout à fait apte à comprendre que respirer en paix (geste qu'on peut faire à tout instant) et non de façon saccadée et pressée (mon réflexe depuis toujours) a un effet profond sur le corps. Que l'argent se gère facilement si on sait quoi faire. Que quelques principes de régularité suffisent à garder un intérieur accueillant. Et j'ai encore l'impression de balbutier dans ces domaines.

     Retour des enseignements ménagers à l'école ? non. Pas forcément. Mais il est de mauvaise foi de considérer que toutes ces choses ne s'apprennent pas et sont évidentes. Personne ne sait les faire de la façon optimale dès la naissance. On respire, par nécessité. On vide la poubelle, idem. On ne dépasse pas le découvert autorisé, idem. Mais on pourrait faire tellement mieux pour nous et autrui, avec une impulsion. Et attendre que nos parents nous enseignent ce qu'ils n'ont jamais appris serait illusoire. J'aurais aimé parlé de yoga avec ma mère, tiens. Voilà qui l'aurait fait doucement rigoler.

      Work in progress, donc. Un chantier perpétuel, voilà comment je me sens. 
     Mais je connais mon envie d'apprendre, suis têtue, et trouverai mon souffle !

dimanche 14 avril 2019

J'ai osé

     Il y a quelques mois, ou était-ce l'an dernier ? j'étais allée au marché pour acheter des pommes.
     Oui. Je sais. Une vie si riche en rebondissements, c'est dingue.
     J'ai avisé une variété de pommes pas encore testées. Le panneau indiquait Idared. Ce nom m'a plu. Des pommes d'un beau rouge mêlé de jaune, qui clamaient "I dared", j'ai osé ! J'ai donc demandé celles-ci.
     "Ah, des Ida red !" m'a répondu le vendeur.
      Déception. Le rouge de l'audace, de l'intrépidité, de la honte peut-être, contenu dans ce nom original, devenait la quintessence du nom de base : un vague prénom (Ida) et un détail technique, du genre, la couleur, au hasard (red).

     Pas grave. Vendredi j'ai racheté des Ida red, que je continue en mon for intérieur à appeler des I dared. Et puis, j'ai filé les déposer à ma voiture pour aller à mon rendez-vous à la banque. 
       Et là aussi déception. A priori. Je voulais savoir si je pouvais emprunter pour un projet immobilier locatif, et combien, seule ; bref, sonder jusqu'à quel point la banque me suivait. La réponse est : pas très loin. On tombe sur 62 000e, cela pourrait être bien plus avec quelques paramètres à faire varier d'ici un an ou deux, mais même le double ne m'amène pas à mon objectif (plutôt de l'ordre de 200 000e). Alors quoi ? Je laisse tomber ? Je suis déçue, amère ? 
     Tout l'inverse. En sortant de la banque, la première chose qui m'a frappée, c'est à quel point je n'étais PAS déçue. Pas du tout. Et encore moins découragée. Au fond, cette réponse m'arrangeait un peu. D'abord elle m'autorisait à ne rien faire là, tout de suite, ce qui aurait été un peu tôt pour mes petits nerfs. Et puis, à vrai dire, le crédit n'est pas trop mon truc. Je veux l'indépendance financière, mais au prix d'une dépendance bancaire ? … dans une certaine mesure seulement. 
      Ah oui, je ne peux pas compter sur la banque ? pas de problème. Comptez sur moi. Je me débrouillerai en partie seule. J'accumulerai le plus d'épargne possible et quand je reviendrai vous ne demanderez qu'à m'aider. Parce que j'aurai bétonné mon projet comme jamais. Et j'aime les défis.
      En attendant, I dared. J'ai osé y aller, demander, vérifier. Je sais à quoi m'en tenir. Et ce n'est pas le rouge de la honte que j'ai senti sur mes joues, mais la stimulation du défi. 

vendredi 5 avril 2019

La Loi de l'Attraction : secret spirituel ou vaste fumisterie ?


AVERTISSEMENT : Ce qui suit n'est que mon avis. Je ne prêche pas. Je ne cherche pas à convaincre. Simplement à faire le point sur ce que je pense être vrai ou pas. Si votre avis diffère, n'hésitez pas à commenter, ça m'intéresse !

           J'ai vendu, dans mon dernier carton en partance vers Momox, le livre Le Secret, de Rhonda Byrne. Pour une raison simple : j'en avais un peu honte. Je sais assumer certains de mes (mauvais) goûts, pourtant. Mais garder ce volume me dérangeait. La couverture est décorative, certes. Mais très kitsch aussi. Le papier imprimé, glacé, façon grimoire à l'ancienne mais version commerciale, me posait problème. Le contenu aussi. A la fois, ça m'intéressait, et je sentais qu'il y avait quelque chose à creuser, d'où le livre resté chez moi pendant deux ou trois ans. Et en même temps, ça sentait la grosse connerie. Et j'aime pas les grosses conneries. Encore moins celles qui rapportent de l'argent à quelqu'un au détriment de quelqu'un d'autre. Je me sentais bête d'avoir acheté le livre, un peu ; pourtant pas déçue non plus. Il me fallait en être passée par là.

         Si vous ne connaissez pas le principe de la loi d'attraction, je résume en quelques mots : demandez, jour après jour, par écrit, en visualisant, ce que vous voulez, et agissez comme si vous l'aviez déjà. Et vous l'obtiendrez.
            Est-ce que ça semble complètement stupide ? Oui.
            Est-ce que ça marche ? Possible.
            C'est bien là que ça bloque. J'aimerais dire : vaste leurre, laissez tomber. Mais ce n'est pas si simple.
           Pour moi la loi d'attraction est exactement l'équivalent du placebo sur le plan médical. On se gausse, en disant "Ce n'est qu'un placebo", et on se trompe lourdement : un placebo est un miracle ! notre corps arrive à se guérir tout seul sur intercession de l'esprit, n'est-ce pas absolument formidable ? un effet placebo est mille fois plus encourageant qu'un médicament, il signifie que nous sommes autoguérissants !
          La Loi de l'Attraction me semble relever du même principe. Si tu y crois, ça marche. Si tu n'y crois pas, ça ne peut pas marcher. D'où mon problème à me sentir sceptique… mais je vais y arriver et trouver mon équilibre entre rationalité, sérendipité et synchronicité. Je le sais. Et je l'ai déjà vécu.

            1) Ce qui me dérange dans la loi d'attraction version commerciale

Je suis tombée sur le film Netflix l'autre jour, tiré du livre, ou l'inverse, on s'en fiche après tout. Même esthétique, même ambiance. On te murmure, limite, un secret des templiers à l'oreille (mais vendu à des millions d'exemplaires). On te plonge dans l'ambiance chevaliers, sceaux et coffres au trésor. Ridicule. Voix caverneuses. Le pire de tout : les experts convoqués, tant dans le film que dans le livre. AUCUN N'EST UNE POINTURE dans son domaine. Vous aviez déjà entendu le nom d'un de ces types et femmes, avant, vous ? Moi, non. Pourtant, je me cultive, quoi. Du coup petite technique qui fait bien : on convoque l'esprit des morts. Oh ! mais Platon, Beethoven, Hugo et Einstein connaissaient le Secret, voyez-vous ! ben voyons. Ils ne risquent pas de démentir, depuis qu'ils mangent les pissenlits par la racine.
            Bref.
            On se fout copieusement de notre gueule. Et ça se voit. Et en plus ça marche : non seulement on marche, mais on court. Même moi, qui VOIS tout ça, qui décode toute cette arnaque, je suis tentée, tellement tentée. Je sens qu'il y a quelque chose derrière. 

          2) Give it a go anyway - Essayez quand même, vous verrez

         Et pourtant j'y crois. Non pas au fait que j'attire dans mes filets ce que je veux par l'esprit, même si ça pourrait se traduire maladroitement par ça. J'y crois parce que j'ai compris comment ça POUVAIT fonctionner. Rationnellement. Tout comme je SAIS que le placebo existe vraiment, même s'il a l'air trop magique pour être possible. Lisez Le mystère du placebo, de Patrick Lemoine, vous verrez.

         Mon avis, qui n'engage que moi : 
Le secret n'en est bien sûr pas un. La loi d'attraction en elle-même est un nouveau nom pour faire croire qu'on a inventé quelque chose.
         Ces gens ont fait une chose simple : ils ont réinventé et laïcisé le concept de foi. Et pour ça, merci, car ce sont des personnes fort intéressées et malhonnêtes (je parle des personnes impliquées dans le livre et le film), mais qui mettent le doigt sur un élément dont nos sociétés se privent un peu. 
         CROIRE.
         Si je crois que c'est possible, fermement, j'agis comme si ça l'était. Et parfois
- je découvre que ça l'était (c'est juste moi qui n'étais pas allée voir)
- j'agis de façon à ce que ça le devienne (c'est juste moi qui n'avais pas fait les efforts).

        Exemple très simple. Si je dis à un de mes élèves : "Tu n'as pas compris les règles d'accord du participe passé", il constate qu'il n'a pas compris. Fera-t-il mieux ? Pas gagné. Je ne l'ai pas rassuré ni encouragé. Si je lui dis : "Tu as compris l'accord avec auxiliaire être mais pas celui avec auxiliaire avoir, revois ce point", il y a des chances pour qu'il soit plus confiant. Après tout je lui ai montré ce qu'il réussissait, et ciblé ce qui lui manquait.
          Quand on veut quelque chose, on s'interdit souvent tout simplement d'y croire parce que ça sort du cadre. Vous voulez être acteur. Vous savez que ce n'est pas un vrai métier. Vous y rêvez un peu comme ça, mais c'est tout. Frustration éternelle.
          Si on vous "enseigne" la loi de l'attraction, que se passe-t- il ? on vous a autorisé à y croire. Vous mettez en place des actions (prendre des cours, aller au théâtre…). Vous avez gagné en confiance puisque vous "attirez" votre destin par vos pensées. Vous êtes donc dans des dispositions positives. Des portes s'ouvrent parfois dans ces cas-là. En tout cas vous les cherchez, les portes, persuadé qu'elles existent, et vous avez donc bien plus de chances de les trouver. Serez-vous acteur ? oui ou non. Mais vous aurez côtoyé votre rêve. Peut-être changé d'avis en voyant le métier. Au moins vous vous serez approché de la lumière car VOUS VOUS Y SEREZ SENTI AUTORISE. Voilà le secret pour moi : croire qu'on a le droit de tout. Et c'est un fait : dans nos sociétés aujourd'hui, le plus lourd interdit est celui qu'on place sur nous-mêmes.

        Après, il y a les hasards et clins d'oeil. Mais bien sûr, y croire vous ouvre les yeux. Vous savez, quand vous achetez une paire de baskets de telle marque et tout à coup tout le monde a les mêmes dans la rue. Les gens avaient les mêmes la veille. Simplement, vous n'aviez pas éduqué votre attention à les repérer. 

        Et puis les gros hasards qui font douter. C'est magique ou pas ? Malicieux en tout cas. Et tant mieux. Idée plaisante que de jouer avec un "Tout là-haut", un destin, une direction. Exemple concret : je jouais depuis longtemps avec l'idée d'acheter un bloc de quelques appartements, pour les louer, comme investissement locatif. Un jour je flâne sur le Bon Coin, comme d'autres fois, et tombe sur pile ce que je veux, non pas dans la bonne ville ou le bon quartier mais dans LA RUE que je veux, exactement avec toutes les caractéristiques que je veux. Un truc de fou. Mais… deux fois trop cher. Même pas envisageable. J'aurais dû renoncer. Et pourtant prise d'une impulsion irrationnelle, je me dis : "Si la même chose en deux fois moins cher pouvait exister…". La probabilité était plus que faible. Je cherche sur d'autres sites. Je m'obstine. Je fouille vraiment. Et je trouve….
         La même chose. En vente dans la même rue, par la même agence, rénové de la même façon. Deux fois plus petit. Deux fois moins cher. 
             Improbable.
             Et jamais je n'aurais cru pouvoir acheter. Mais c'était tellement énorme que je suis allée voir ma banque. Pour savoir quand ce serait possible de faire ce genre d'investissement. La conseillère a regardé nos dossiers, on remboursait la maison encore pour quelques années, tout ça. Alors, quand ? Elle a levé les yeux et a dit : "Vous pouvez le faire maintenant". 
            Et nous avons acheté.
            Je ne vous dis pas que c'est magique, même si certains détails étaient dingues. Mais la part certaine, c'est que je n'aurais jamais cherché sans espoir d'y croire un peu. Quand vous demandez à l'univers 100 euros, et que vous les recevez, vous les auriez peut-être reçus quand même, mais pas vus de la même façon. 
             La loi d'attraction est une grosse connerie. La loi de l'attention et la loi de la foi sont puissantes. Elles nous font voir ce qui est à notre portée, et refuser que certaines choses nous échappent. Voilà le puissant moteur. 
            Bien sûr que ça marche.
            Tu m'étonnes.
           Alors jetons le folklore et gardons la foi !