mercredi 28 novembre 2018

Oups

       Je pensais plutôt appeler cet article "Craie", mais on dira que quelques imprévus sont en cours… pas grave. Commençons toujours par la craie.

     Il y a deux ans, pour le calendrier de l'Avent des enfants, j'avais acheté deux feutres craie. Le but ? Leur donner comme mission de décorer les vitres de la cuisine sur le thème de Noël. Très pratique, le feutre craie. Il tient très bien, il ne tache pas et se nettoie d'un coup de chiffon mouillé.

     Ils ne servaient plus beaucoup quand, il y a quelques mois, j'ai enfin eu un éclair de génie (ou d'imitation en regardant une vidéo youtube, impossible de me rappeler, allez savoir si le génie venait de moi…). J'allais utiliser ces feutres pour la cuisine ! pour nommer les bocaux ! par exemple tous les petits pots d'épice transparents. Ils ont parfois une étiquette sur le dessous (pour ne pas gâcher la couleur à travers le verre) mais découper et scotcher les étiquettes, pfff, casse-pied. Et puis, pour un reste au congélateur ! super pratique !

Il y a tout le côté impulsif et spontané de l'écriture. J'adore écrire directement sur les boîtes, les bocaux, savoir que ça tient - même au congélateur - et que j'effacerai d'un coup d'eau si besoin. Cela m'est même arrivé d'écrire directement sur un paquet de gâteau, dans le lunch bag de mon petit, pour que nounou sache quel dessert est pour le déjeuner ou le goûter. 

     Une restriction quand même : pas optimal pour un bocal de farine, quand on a a la mémoire courte… celui-ci est resté plein un moment, et je n'étais jamais trop sûre du contenu. Ben oui, petite maline : blanc sur blanc, on ne voit pas, et je ne me souvenais pas avoir écrit dessus… 

     Et pour la catégorie "Oups" ? 
     On dirait que je choisis mes petites catastrophes. Ou comment les actes manqués s'invitent au quotidien. Acte manqué ou incident réussi d'ailleurs ? 
     Ce midi je déposais une collègue en ville et devais rentrer chez moi. Mon mari fait déjeuner les enfants le mercredi midi, je les rejoins puis lui repart travailler.
     En arrivant au parking, en ville, je tourne le volant et… paf. Gros bruit. Me suis plantée : je pensais être sur le bateau et j'ai pris le trottoir de plein fouet. Pas trop méchant pour la jante, mais mon pneu en a expiré de douleur. A plat (j'ai eu juste le temps de rouler deux mètres jusqu'à une place disponible). Et pas de roue de secours dans les nouveaux véhicules. Vu que mon homme repartait travailler, et que ça urgeait, je l'ai appelé, il a "chargé" les trois enfants dans la voiture (oui ça sonne impoli mais c'est de la manutention, un enfant, si vous n'en avez pas attendez de voir) et direct à la maison. J'ai appelé ensuite l'assurance, une dépanneuse ira chercher le véhicule, que mon homme rendra disponible en allant donner la clé, bref. 
     Au téléphone, la dame de l'assurance me dit : "Prévenez le garage, quand même, des fois qu'ils refusent le véhicule". Heu… ah parce qu'un garage peut refuser ? première nouvelle.
      A vrai dire, je n'étais pas trop inquiète pour ça. Et voilà la bonne blague et l'acte manqué : j'avais programmé la révision annuelle demain matin.
     Ah ah ah.
     Et je me disais justement que les pneus avant auraient peut-être besoin d'être changés.
      Ah ah ah. 
      Tu m'étonnes. Vu le trou qu'il a dû prendre, celui-là, va falloir faire quelque chose, c'est sûr.
      Précisons que la perspective d'aller faire réviser ma voiture m'enchantait moyen parce que ça mangeait ma seule matinée sans enfant de la semaine, mais bon, quand faut y aller… On dirait que j'ai réussi à me défiler. Je ne passerai pas la matinée à attendre au garage (j'irai quand mon mari pourra m'y emmener). 
      Dans les moins : je vais devoir garder le petit à la maison parce que je ne peux pas l'emmener chez sa nounou. Pas grave; on va se débrouiller. Et pour l'école, ce sera le car.

     Quand je parle d'acte manqué, il m'est venu une analogie tout à l'heure. La panne la veille de la révision. Cela arrive quand même à celle qui a accouché deux fois la veille du monitoring (et la troisième fois, le jour même). Apparemment, je ne supporte pas bien l'attente...

samedi 24 novembre 2018

Conversation

      Zut, j'ai loupé Thanksgiving. Dans ma tête c'était le dernier jeudi de novembre, donc le suivant. Non pas qu'on ait une raison de le fêter, mais en général j'aime bien faire un repas avec dinde et maïs, juste parce que l'idée d'une fête de remerciement et de gratitude, "Thanks", me plaît, et l'origine de cette célébration est un beau message. Pas grave. En plus on a des escalopes de dinde au menu ce midi, coïncidence avisée. Vous me direz : comment louper le Black Friday ? Impossible en effet. J'ai presque cru qu'on allait nous faire une semaine de Black Friday, jusqu'au jeudi suivant, c'est pour ça.

     Hier je n'ai pas fait les magasins, rien acheté d'aucune façon, et c'est très bien comme ça. Pourtant il s'est passé quelque chose de prévisible et amusant.

     A la pause déjeuner, au travail, je discutais avec une collègue. On est sur la même longueur d'ondes sur pas mal de points et on échange sur nos enfants, le bonheur, tout ça. Je l'inonde, la pauvre, de mes lectures, et après avoir lu "21 jours sans se plaindre" elle tente aussi l'expérience, c'est dire ! Bref. La sonnerie avait retenti et nous avons fini par monter jusqu'au 2e étage, discutant toujours, histoire d'aller corriger des copies ou autres joyeusetés avant notre cours suivant. Nous avons fait halte devant ma salle (la sienne est au bout du couloir), et discuté encore un peu… et encore.. et jusqu'à la sonnerie suivante. Les élèves sortaient des salles, le couloir vide et sombre pullulait et nous continuions notre conversation. J'ai trouvé ça assez comique, le contraste, surtout quand j'ai vu passer deux fois la même personne du même côté dans le même sens (bon d'accord, j'ai des jumeaux en cours, ils sont passés à deux minutes d'intervalle). 

     En tout cas c'était mille fois plus satisfaisant qu'une séance shopping, promotion incluse. Parler de tout, sans limite, et aller jusqu'au fond de ce qui nous constitue, en plein couloir. Assez cocasse. 
        C'était un Talk Friday ! Echangeons nos richesses, c'est gratuit et on s'enrichit les uns les autres !

samedi 17 novembre 2018

Pashmina

     Malgré ma résolution annuelle du mois sans achat, en novembre, j'ai failli déroger à la règle. Suis-je sûre de ne pas le faire, d'ailleurs ? Il y a une heure j'allais sortir ma carte bleue pour passer commande en ligne.

     Il y a au moins six mois que je convoite un pashmina. Sur le site Princesse Moghole, ils sont superbes et semblent vraiment venir de sources honnêtes, artisanales, pas de l'exploitation absolue de l'Orient par l'Occident.

     Bref. Cela fait des mois que j'y pense, et j'ai quelque part un petit échantillon commandé à la marque, pour voir si ce tissu est si incroyable que ça.
         La réponse est oui. Une étoffe fine, douce, infroissable, délicate, chaude. Je me vois très bien m'enrouler dans un châle la moitié de l'hiver. Bien sûr qu'un morceau de tissu quelconque ferait le même effet. Mais ce confort absolu. Et savoir qu'un animal a donné ses poils pour qu'un homme le tisse, là-bas, sur des métiers en bois, et qu'ils vivent correctement grâce à ça. Le genre de pièce que l'on garde pour toujours.

        J'ai reçu l'autre jour un mail pour les ventes privées. Il n'y en a que ce week-end, de ce que j'en sais, pour toute l'année. Alors quoi ? repousser cette commande et "perdre" dix pour cent parce que nous sommes et serons toujours en novembre le jour où je voudrais acheter ?

      J'hésitais sur le modèle, aussi. Les brodés sont incroyables. Mais plusieurs centaines d'euros…Etais-je sûre ? Et puis je suis tombée sur le modèle bleu cobalt. Une vraie couleur franche. J'adore. 229 euros : un gros budget. J'ai l'argent, techniquement, même si dans ma cagnotte "officielle" argent de poche, j'en suis à 76,80e. N'est-ce pas un peu dommage d'attendre quelques semaines et payer vingt-trois euros de plus pour le même article ? Car j'ai tant envie de m'enrouler dedans pendant l'hiver.

     Et puis j'ai regardé le site à nouveau. Les modèles. Il est superbe ce cobalt mais… suis-je certaine ?

     La réponse est venue.

     Bien sûr que non. Les soldes, les ventes privées nous disent qu'il faut se dépêcher, que nous allons perdre de l'argent sinon, que c'est LE moment. Et non. Je ne perdrai rien. Dois-je être parjure à mon engagement ? Mentir à ma décision vaut-il les 23 euros que j'économiserais ? il me semble qu'au fond je préférerais payer plus et attendre le bon moment. Attendre d'être sûre, surtout. Attendre d'avoir officiellement la somme dans ma cagnotte. Parce que le plaisir mérité, sans arrière-pensée, est bien plus facile à savourer. Et puis quoi ? Tous les pashminas de la terre vont-ils disparaître si j'attends trop ? 

     Les choses viendront en leur temps.
     Patience. 
     Un exercice auquel je ne suis pas bonne. C'est bien pour ça que je dois continuer à m'exercer.
     
     Et pendant ce temps, une manifestation de gilets jaunes a causé la mort d'une personne. Je suis atterrée. Pour la victime, certes. Pour la personne qui l'a tuée aussi, coincée dans une situation improbable et sa propre panique. Pour la fille de cette personne, qui était donc dans le véhicule, et a vu maman foncer sur la foule. Mais quel gâchis, tout cela. 

     Attendez deux semaines et tout ce petit monde ira profiter du Black Friday. Plus de manif, juste une foule dans les magasins. Je dis ça de façon désabusée, non jugeante même si l'absence de ton dans le texte écrit pourrait le faire croire. Qui suis-je pour juger ? Regardez. J'étais à deux doigts de sortir ma carte bleue. Toujours poussée par la même tentation du faussement facile.

     Mais la facilité est creuse.
     Apprends, petite fourmi. Apprends.
     Je vais essayer.

     (et rester éloignée de ma carte bleue).

mercredi 14 novembre 2018

Jour 6

     Ou bien je n'arrive plus à détecter la râlerie, ou bien j'y résiste avec fermeté.  Le bracelet est si bien rangé sur mon poignet que je l'oublie presque. Pourtant, dès que j'entre en conversation avec quelqu'un, mon alerte rouge mentale se déclenche : attention ! ne dis pas n'importe quoi ! pas de négatif ! globalement j'ai l'impression de pouvoir parler normalement, en remplaçant toute plainte par l'humour (pas le sarcasme, hein). Et puis quand tu ne te plains pas, les gens se plaignent moins à toi aussi. Je ne suis plus un bon réceptacle, il faut croire. Parfait !
     Hier soir, quand même, j'ai hésité : était-ce se plaindre, ça ? On montait l'escalier, j'avais mon petit dans les bras, l'un des grands me coupe le chemin juste dans les marches. "Eh ! attention ! me passe pas devant !" Etait-ce râler ? Cela s'est arrêté là. Je l'ai plus vécu comme un avertissement d'urgence. Bon. Peut-être que je m'illusionne.
     Comment est la vie sans râler ?
     Exactement comme la vie en râlant, en mieux ! plus de ces moments où notre propre attitude ne nous plaît pas trop. Je me sens plus à l'écoute des autres, aussi. 
     Bon ça fait très mère Thérésa bouddhiste, et si ça se trouve dans dix minutes je vais hurler.
     Ou pas.
     Mon moyen-chahuteur a fait du bruit tout à l'heure. Je dormais (oui, les 10mn de sommeil sacrées à la sieste qui rattrapent les nuits trop courtes). Je suis descendue et lui ai dit : "Je ne suis pas contente, tu as fait du bruit, tu m'as réveillée." D'un ton clair mais sans sous-entendu. J'ai juste dit les choses. Je n'ai pas eu la sensation de me plaindre, pas du tout. Juste de lui montrer que quelque chose n'allait pas. 
     Et puis se plaindre… de quoi après tout ?
     Une de mes élèves est revenue en cours hier. Elle était absente depuis une semaine, et pour cause : son père est mort. De quoi, je ne sais pas, elle ne le voyait plus tellement il semblerait. Mais quand même. Tu as quatorze ans à peine, ton père meurt. Et tu reviens au collège, et tu gardes le sourire, et tu as même appris ta récitation par coeur. 
     Quoi dire à cette élève ? Je lui ai juste demandé si ça allait. Je lui ai parlé normalement. De l'anormal, elle a dû en avoir sa dose. Il m'a semblé que la réintégrer, lui montrer qu'elle avait droit à sa vie, à sa place parmi nous, était le plus important. J'étais étudiante quand ma mère est morte, et je me souviens du malaise des gens quand tu expliques ou quand tu reviens. Ils ne savent pas quoi te dire ; ça dépasse leur échelle de commentaires. Alors ils ne disent rien, ou qu'ils sont désolés. Et ce n'est pas grave, vraiment. Mais ce qui m'avait le plus soulagée, c'était ceux qui me parlaient comme avant, comme si je n'étais pas devenue hors norme à cause de cet événement. Et une bonne petite vie ordinaire, croyez-moi, c'est un des plus beaux cadeaux qu'on peut avoir. Evidemment, comme on ne cesse de déballer l'emballage chaque matin, on se blase. On ne devrait pas. Il y a tout dans ce paquet-là. Mais il faut parfois un pas de côté pour mieux le voir.

dimanche 11 novembre 2018

S'habiller

     Je n'ai pas vraiment de budget annuel pour les vêtements, ni mensuel, ni… je n'ai pas de budget défini. Pour être tout à fait honnête, je n'ai besoin de rien. Qui a besoin de vêtements ? La plupart d'entre nous ont plus que le nécessaire. Non que mes armoires débordent à ce point. L'autre jour, quand j'ai préparé ma capsule pour les semaines à venir,  le petit nombre de pantalons m'a même étonnée : j'en ai quoi, dix ? pas compté. Mais autour de ça, peut-être moins. Je pensais en avoir plus. Une quinzaine de pulls, peut-être. Ou vingt ? Sais pas. Une douzaine de robes, je dirais. 
     La technique pour limiter la quantité : avoir une place limitée. Dans les émissions du type Recherche appartement…, pour lesquelles je suis très bon public, il m'est toujours difficile de m'identifier au désir de la femme (en général) : le dressing. Grand, avec beaucoup de place, voire l'équivalent d'une pièce entière. Heu… mais voilà qui est angoissant. A quoi servirait toute cette place ? je me sentirais obligée de la remplir ! à moins d'y planquer des livres ? 
     La réflexion va tourner court car mon petit dernier hurle à la mort dans son lit. Fin de la sieste. Le nombre de lignes après celle-ci vous révélera à quel point je suis ou non mauvaise mère. (la réponse est : oui, un peu, la dose nécessaire à une certaine salubrité d'esprit).
     Pour les fringues, au fond, l'argent n'a pas d'importance. Mon seul critère est : j'aime / j'aime pas. Dieu merci je fais très rarement les boutiques, par pur manque d'envie (aucun mérite à cela donc). Car si je trouve un superbe vêtement, je veux celui-là et pas un autre, qu'il coûte dix euros ou cent, c'est pareil. La distance entre tout lèche-vitrine et mon porte-monnaie est donc préférable. Et puis de toute façon je déteste essayer des fringues.
     J'aime bien la marque Ekyog, que je connais depuis une dizaine d'années. Enfin une marque avec quelques valeurs crédibles, une fibre écolo (dans tous les sens du terme) ET des coupes qui ne te punissent pas d'acheter du bambou bio. Au contraire.
     Je ne fais pas du tout les magasins d'occasion car la tonne de vêtements accumulés m'épuise d'avance. En revanche sur internet c'est un peu plus facile : on peut prendre le temps de chercher. J'ai donc acheté par exemple un pull en cachemire Bérénice pour 70 euros, une fortune, certes, mais au prix de deux ou trois pulls de base, un modèle que j'aime vraiment beaucoup et qui est très chaud. Passons sur le fait que, neuf, il passait les 250e, là n'est pas le point finalement : l'essentiel est qu'il me convienne. 
     Je crois dur comme fer au critère suivant : divise le prix d'achat par le nombre d'utilisation. J'ai acheté des sacs à 300e (si si) mais les ai portés tellement qu'ils me semble avoir été plus pertinent qu'un t-shirt à huit euros porté deux fois avant de se déformer.
       Et là je suis VRAIMENT une trop mauvaise mère… alors on reparlera de tout ça une autre fois ! je vais voir mon ange à bouclettes tout criard.

mercredi 7 novembre 2018

Jour 3

     Tout vient à point, à qui sait attendre (longtemps). Après moult tentatives de calme, que je vivais plutôt comme des brimades inutiles, je sens enfin que j'ai compris (enfin… possiblement) le bénéfice d'une vie sans complainte. Me voilà au jour 3, et sans valse du bracelet : il a changé de poignet une fois, deux fois, les jours concernés, pas vingt. Bénéfice des innombrables tentatives précédentes pour ce défi. Que je ne vis plus tellement comme un défi, à vrai dire. Le but n'étant plus de "gagner" ces 21 jours sans râler mais d'apprendre à vivre sur une autre tonalité. Comme quand on dit qu'on ne fait pas un régime mais qu'on révise un peu son alimentation. Amusant comme ces domaines m'évoquent les mêmes images, à moi qui n'ait jamais fait de régime de ma vie.

     Les moments délicats ? 

- dans le feu de l'action. Quand on me parle quand je fais quelque chose qui me demande une intense concentration, un élan de tout le corps, par exemple de soulever une bûche très lourde pour la mettre dans le poêle et que ça coince. Quiconque me parle à ce moment-là se voit envoyé dans les cordes. Sauf que… là j'évite. Depuis longtemps déjà, j'ai pris l'habitude pour ce genre de cas de dire purement et simplement : "Non". Un non catégorique qui interrompt la personne, que ce soit mon fils, mon mari, un élève. Puis, dix secondes plus tard, quand j'ai retrouvé mes esprits et ma mobilité, je dis : "Oui." Automatiquement mon fils finit sa phrase. En y réfléchissant, non, je fais rarement ça avec les élèves, j'utilise le geste équivalent : la main ouverte, pour les stopper. Mais à la maison, on peut très bien me parler quand je suis de dos, alors la main tendue quand tu as les doigts dans le cambouis… Je l'ai déjà fait avec des collègues, aussi. Ils en ont été un peu choqués. Tant pis ! je n'ai qu'une cervelle, qu'un corps, et une disponibilité réduite. Voilà tout !

- en rentrant à la maison le soir. Mélange de relâchement de la journée / arrivée dans la maison bouillonnante des trois petits, du dîner à préparer… mais bon. On s'en sort.

J'aurai au moins caressé le jour 3. Je vais continuer à apprendre. Et passer au 4 ?

Si certains défis rendent humbles, celui-ci en fait partie, en tout cas. On voit ses travers en gros plan et la vanité de tout ça. Tant mieux. Recentrons.

samedi 3 novembre 2018

Jour 2 ?

     Petite mise à jour pour ceux qui se demanderaient si je tiens…
     A ma grande surprise, le jour 1 a été suivi d'un jour 2. J'ai réussi à ne pas râler toute une journée ! puis hier, si, deux fois… aujourd'hui idem… retour au jour 1 mais avec confiance. Le plus dur : en se surveillant on entend toutes les complaintes qui nous entourent et c'est dur de se contrôler quand, autour de vous, ça râle à tout va. Comme si j'étais seule au régime dans une pâtisserie. Sauf que les gâteaux sont bien meilleurs que les plaintes… ça j'en suis convaincue !
     Alors je continue mon régime. Je sais que la voie est la bonne.
     Avantage direct : plus de temps disponible, ou d'espace mental du moins, pour les enfants. Au lieu de protester contre eux je les écoute. Pour notre plus grand bénéfice à tous.

jeudi 1 novembre 2018

Jour 1

     Ce jour 1 sera le jour 1 pendant bien des jours, probablement.

     Etrange ? Vous verrez.

     Novembre a été longtemps mon mois maudit. Humide, froid, sombre, la maladie, la mort, les coups de déprime. Ma mère est morte en novembre. L'attaque du Bataclan a eu lieu en novembre. L'annonce du cancer d'une amie, novembre. Comme si la noirceur se concentrait sur ce mois-là.

     Et puis, il y a deux ans, un petit être a tout bousculé. Mon fils est né. Le 15 novembre. Le même jour que ma mère, sa grand-mère dont il n'aura jamais guère connaissance. Il a évité soigneusement le 13 (Bataclan) que j'appréhendais, sans parler du 17 (date de mort de ma mère) et accoucher ce jour-là m'aurait vraiment fait de la peine. 

     Novembre a pris de la douceur. S'enfoncer dans son terrier. Regarder ses enfants grandir. Préparer tout doucement les festivités de fin d'année qui nous mènent vers le jour de bascule, tout à la fin de décembre, celui où la nuit sera la plus longue mais donc celui à partir duquel elle redeviendra plus courte peu à peu. La lueur d'une bougie vers l'espoir.

     Tant qu'à morfler, autant y aller. Depuis plusieurs années Novembre est mon Mois Sans Achat. On paye les factures, on achète de quoi manger mais j'élimine le superflu du caddie, je ne m'offre pas de livre, de bricole, de rien. Une évidence. J'avoue avoir été TRES vilaine, ou très écureuil, et avoir acheté hier pas mal de choses, deux livres, quelques vêtements, de quoi préparer des choses pour les enfants, juste parce qu'il me faudrait un mois ensuite pour me décider. Bon. Je ne regrette pas ces achats. Mais mes contradictions me bondissent à la figure à chaque fois.

     Diète de consommation, ouf. Un peu de repos.

     J'ai tenté deux ou trois fois le NaNoWriMo, aussi. Il s'agit d'écrire un roman en un mois. Cela fonctionne très bien : 1500 signes par jour, chaque jour, environ. J'ai écrit deux romans comme ça. Mais cela prend du temps, une ou deux heures par jour ? plus pour beaucoup j'imagine (je tape très vite, merci Mme Gontcharenko, prof de techno un peu folle et très russe au collège, qui nous obligeait à taper à la machine sans regarder nos doigts à grand renfort de torchons sur les mains ; j'ai poursuivi l'apprentissage toute seule et fais partie maintenant des profs qui effraient leurs collègues en salle des profs, en période de bulletin, par le martèlement incessant de mes doigts sur le clavier). 

     Cette année, non. J'ai d'autres priorités. D'abord la danse, à poursuivre : commencer la danse classique à presque 40 ans et penser progresser à raison d'une heure par semaine me semble un peu illusoire (d'autant que par la force des choses je suis 3 semaines sans cours). Donc, travail à la maison, un peu chaque jour ou deux / trois fois par semaine.

     Et puis… Le fameux "J'arrête de râler". J'avais lu le livre de Christine Lewicki il y a six ans. Essayé. Réessayé. Souvent. Fini par abandonner car je trouvais douloureux d'être de si bonne volonté et de subir un échec quasi chaque jour. Injuste.

     J'ai décidé de remonter à la source et lire le livre de Will Bowen, 21 jours sans se plaindre, dont elle s'est en fait inspirée. Il me parle bien plus, car j'ai compris comment aborder le défi sans en souffrir.

     Pour ceux qui ne connaissent pas le principe : on tente de se déshabituer des discours négatifs (plainte, râlerie, critique, sarcasme…) en passant 21 jours de suite sans plainte. Pour mesurer la chose, on porte un élastique, un bracelet, quelque chose du genre à un poignet. A chaque flagrant délit de plainte, on le change de poignet. Autant dire que les premiers temps, on fait valser méchamment l'élastique. J'en avais parlé avec une collègue qui m'avait dit 1) mais pourquoi tu fais ça ? tu n'es pas râleuse ! (au naturel non ; dans la vie familiale, je le deviens). 2) moi je ne vois pas l'intérêt d'essayer je ne râle pas (et c'est vrai que je ne l'ai jamais vue râler, c'est bien pour ça que j'en parlais à elle et pas à n'importe qui!). Le lendemain je la croise dans les couloirs et elle me dit : "Ton histoire, ça m'a fait réfléchir, et depuis hier soir, je me suis surprise à râler au moins quatre fois !". Moralité : on râle tous. Ou du moins pratiquement tous. C'est presque culturel en France. Une course à celui qui se plaint le plus fort. Quel gâchis. Vous pensez que vous ne râlez pas ? essayez juste une journée le coup du bracelet.

     Ce livre m'a aidée en me faisant voir autre chose que l'échec : même si je reviens au jour 1 pendant des mois, toutes ces tentatives ne seront pas des échecs mais la construction d'une habitude, celle d'éradiquer la pensée négative. Jour après jour, elle fera moins partie de mon quotidien. Chaque échec sera une petite victoire en germe. Chaque heure, jour sans plainte sera du temps de sérénité gagné. A ce compte, pas grave si je mets deux ans à réussir mes 21 jours. Je vais reprogrammer en profondeur mon esprit. Ce que j'avais pris pour un défi dans un premier temps, et qui me frustrait, devient beaucoup plus profond. 

     Il existe un bracelet officiel A Complaint-free world. Je m'en suis procuré d'autres : un lot de cinq (on sent la personne réaliste qui pense en craquer 4 avant d'arriver à ses fins), avec message positif (sera pas du luxe) et phosphorescents la nuit (parce que pourquoi pas s'amuser et prolonger le défi jusque dans mes rêves ? ).

     Souhaitez-moi bonne chance ! 
     A nous deux, Novembre ! tu vas voir, on va passer de beaux moments !