lundi 27 novembre 2017

Papillon

     Le petit papillon est resté gris sur mon logiciel de notes, jeudi.
     Il est rouge quand un message nous attend, juste là, en haut de l'écran. Message officiel, message d'un parent, ou d'un collègue.
     J'ai donc répondu, l'autre jour, à cette collègue acerbe. Je m'attendais plutôt à une réponse de sa part, un peu hypocrite (oh, je voulais pas dire ça…) ou plutôt cash (ben oui, vous êtes des glaneurs, désolée de vous le dire). De fait, pas de réponse du tout. C'est aussi bien. Le plus drôle c'est qu'elle avait renvoyé un message général après son premier, pour demander si on pouvait l'aider pour les photos de classe, trop de distributions à faire. Je n'avais pas répondu, n'ayant rien compris à son organisation (d'habitude les photos étaient distribuées à chaque classe par le professeur principal, c'était quoi cette histoire de distribution dans la cour ?)
     Jeudi je suis arrivée en plein rush, elle classait une énorme pile, par n° de classe. Du coup, je l'ai aidée. J'étais tout de même contente que les choses aient été dites. Et deux trois collègues sont venus me voir "Ah, dis, j'ai vu ce que tu lui avais répondu, c'est bien, parce que son message…".
     Parfois, ça n'a l'air de rien, mais dire les choses clarifie les situations. Même si on ne fera jamais changer autrui. C'est toujours mieux de savoir ce que les gens pensent vraiment de vous. Même si ça ne vous plaît pas.

jeudi 23 novembre 2017

Surprises

     Tout ne se passe pas toujours comme on le pensait.
     Je me suis réveillée spontanément à 4h38, tout à l'heure. Un peu tôt, même pour moi. La faute au vent qui souffle dehors, peut-être. Pas grave : ce serait parfait pour m'attaquer à mes pages d'écriture quotidiennes. 
     A l'instant où je décide de me lever pour de bon, le moyen ouvre la porte. Je le ramène dans sa chambre et vais voir ce qu'il a : un vilain rêve où un méchant garçon essayait de lui croquer le pied. Il a peur, pas sommeil et le menton qui tremble à l'idée de rester seul. Je commence à me dire que, bon, il peut toujours venir au lit pendant que j'écris à côté.
     Et puis petit bébé se met à pleurer à son tour, à pleins poumons. Un biberon à préparer, un câlin, etc…
     Un quart d'heure plus tard bébé est dans son lit. Moyen est allongé juste là et commente les touches lumineuses du clavier. Il est 5h26. Encore dans les temps pour écrire.

     Des surprises, on en a tous les jours si on prend le temps de les voir.
     Mon collège, ou du moins les enseignants, ont été agités par un changement d'horaires à voter mardi. Messages, réunion, réflexions, etc. Disons que nous étions globalement contre l'idée d'allonger la journée des élèves mais que la direction (et surtout la municipalité) le souhaitaient fortement. Peu importe notre cuisine interne. Toujours est-il qu'une collègue de SEGPA a fini par envoyer un message disant que les questions d'emploi du temps personnels des professeurs lui semblaient hors de propos, et que c'était quand même dingue d'arriver le matin après les élèves et de repartir le soir avant eux.
     Elle a une formation de prof des écoles. Elle a toujours fait des journées complètes. Je comprends donc que son fonctionnement soit par essence différent. Cependant son jugement m'a attrapée comme un coup derrière les genoux. Cela fait des années que l'on travaille ensemble, et voilà ce qu'elle pense de nous en réalité ? il était éclairant de le savoir en tout cas. J'ai hésité à répondre, après tout, à quoi bon. Et puis une collègue et amie m'a parlé de ce message l'autre jour. Elle en avait été blessée. Alors, finalement, j'ai répondu. Parce que si personne ne lui dit que son propos peut être blessant, comment savoir si elle l'a perçu? J'ai donc fini par répondre que si les collègues eux-mêmes partageaient le mythe du prof tire-au-flanc, c'était attristant. 
     Je ne cherche pas à la faire changer d'avis, peine perdue probablement, et chacun pense ce qu'il veut quoi qu'on en dise. Mais c'est tellement dommage de faire un mauvais procès. Aussi loin que je me souvienne j'ai toujours vu comme normale cette pratique qui consiste à être là pour ses cours et pas forcément là si on n'a pas cours (là pour qui ??? là pour quoi???). Il y a quarante ans, les profs étaient-ils déjà tenus pour des fainéants parce qu'ils ne faisaient pas 9h-19h ? Possible. D'ailleurs suffit-il de "faire ses heures" pour être efficace ? il s'en faut de beaucoup. Quelle que soit la profession, on connaît tous des laborieux et des rapides, des consciencieux et des personnes qui prennent la tâche avec mollesse. Ce n'est pas parce que le boulanger se lève à quatre heures que le pain est bon ou mauvais. C'est une circonstance, voilà tout.

     Bref. Je parle rarement travail, car ici n'est guère mon propos. Pourtant cette fois je reste sur un sentiment de gêne. J'aurais dû être plus frugale en mots, ne pas répondre au message (volontairement?) provocant. Je suppose. Et en même temps, si tout le monde passe son temps à se taire, c'est un acquiescement, une acceptation. Justement. Acceptation radicale. Voilà ce qui me semble la bonne option. Je ne demande pas à autrui de penser autrement. J'accepte le point de vue et le sentiment qu'il fait naître chez moi, de la tristesse. Pas pour moi d'ailleurs mais pour cette collègue qui travaille des heures et des heures et s'est sentie blessée. Quelle tristesse de blesser les gens de valeur.
     Il en est ainsi.

lundi 20 novembre 2017

Gonflée

     Je sens des bulles d'air dans mon ventre et me demande ce qui me gonfle.
     Oui, je sais. Cela peut sembler assez basique comme analyse. C'est pourtant vrai. Quand quelqu'un me dit "J'ai mal au dos !", je lui demande toujours : "Ah ! tu en as plein le dos ? de quoi ?". La réponse arrive en deux temps : 1) Ah, non, je veux dire, j'ai vraiment mal au dos ! j'ai dû me faire mal aux lombaires/ me coincer en soulevant quelque chose / me refroidir… 2) mais maintenant que tu le dis, c'est vrai qu'en ce moment…

     Donc, qu'est-ce qui me gonfle en ce moment ? (modérément, heureusement pour ma digestion).
     Je pense que c'est le fait d'écrire. De devoir écrire chaque jour la quantité nécessaire pour avancer dans le défi NaNoWriMo.
      Ecrire m'empêche de lire, d'écrire dans mon journal, de prendre le temps de planifier ma journée dans mon bullet journal, de réfléchir à vide, de m'ouvrir totalement à d'autres projets.
       Et en même temps, c'est faux. Ecrire n'empêche rien de tout ça. C'est une question de choix. Je pourrais supprimer une partie du temps que je passe sur internet et lire à la place. C'est vrai. Je me cherche des excuses. C'est vrai que me lever chaque matin et devoir sortir quatre pages de texte est une énorme pesanteur. Je me suis dit plusieurs fois :  "Vivement que ce soit fini". Et en même temps, ce rendez-vous me manquera, je le sais. Ce ne sera plus pareil de continuer hors comptage. Car j'arrive au dernier tiers du temps imparti et je n'en suis qu'au tout début du roman donc, je confirme, il ne sera pas fini le 30 novembre, même si le total de mots pourra être atteint. Nous verrons bien.
       Je me suis souvent demandé si l'envie d'écrire, qui me travaille depuis que j'ai sept ans à peu près, n'était pas une jolie histoire que je me racontais. Ah ! j'aurais bien aimé être écrivain mais… (complétez les pointillés par n'importe quelle excuse). Tout comme les gens justifient parfois leurs choix de façon absurde. Une voisine une fois disait : "Ah, j'aurais adoré avoir un deuxième enfant, ç'aurait été mon rêve, mais j'ai repris une formation d'aide-soignante alors ça n'a pas été possible". Heu… Non. Pas vrai. Cela aurait été plus difficile certes ; mais des milliers de personnes en formation ont un enfant chaque année, et une formation ne dure pas dix ans non plus. C'est donc un choix (partiellement assumé seulement). Il n'y a aucun mal à avoir tel nombre d'enfant, c'est juste dommage de se justifier de travers et de se mentir à soi-même.
       Donc, suis-je écrivain dans l'âme sous prétexte que j'ai toujours voulu faire ça, que la maîtresse écrivait dans le bulletin de CE2 que c'est bon, je pouvais arrêter d'écrire des histoires tout le temps, que j'ai toujours écrit malgré tout, enfant ? Pas forcément.
       S'il faut se lever le matin avec une faim dévorante d'en découdre avec le papier, je ne suis pas écrivain.
       S'il s'agit de construire une histoire lisible, surgie de soi sans même savoir d'où elle venait, peut-être que si. Je suis prof de français. Le cliché terrible : la moitié des profs de français n'ont-ils pas un manuscrit caché dans un tiroir ? L'avantage malgré tout est que je sais lire un livre, repérer les ficelles, une structure. Ce que j'ai pu écrire ces dernières sessions n'avait rien de génial, sors de ce corps, Proust, tu t'es égaré. Mais je peux affirmer sans aucun problème que j'ai lu, publiés, des récits de moins bonne qualité. Ou disons beaucoup plus plats et conventionnels, voire creux (parfois tu lis un truc et tu n'en reviens pas… comme cette prof qui était chargée de notre préparation à l'agreg, littérature du XXe siècle, qui était agrégée elle-même forcément, mais qu'on trouvait bête comme ses pieds, comment avait-elle fait ?). La publication d'un texte et son intérêt sont deux éléments très fluctuants. Je ne dis pas que je devrais être publiée, ou que je suis jalouse de ceux qui le sont. Certainement, les éditeurs pondèrent leur lecture en se demandant ce qui répond à une demande. Il y a une demande pour les bluettes sentimentales et prévisibles. Cela justifie leur publication. Tout cela fait que quand tu écris tout seul chez toi à 5h40, rien ne t'indique aucun avenir pour ton texte. Tu l'écris juste pour lui-même. Comme motivation, c'est léger. 
       Avec cet article j'ai pu repousser le moment de m'y mettre de quinze minutes, mais, cette fois…allez… un petit effort...

samedi 18 novembre 2017

Codes

      On a de plus en plus de codes à retenir, je trouve. Entre les administrations en ligne, les services en ligne, les commandes en ligne… internet simplifie la vie et la complique un peu aussi. 
     J'utilise deux astuces pour m'alléger l'esprit, allez, soyons fou, disons trois.

1) Il y a deux ans j'ai dû changer de messagerie, l'ancien site ayant décidé de fermer. Un nouveau nom de boîte mail et un nouveau mot de passe. Je tape rarement ce mot de passe puisqu'à la maison tous mes appareils se connectent automatiquement. Je me retrouve au travail, le premier septembre, à hésiter sur ce mot de passe parce que je ne l'ai pas tapé depuis deux mois. Heureusement j'avais prévu : il est en fait une très courte phrase qui me rappelle de ne pas oublier. L'idée, donc, c'est qu'au lieu de choisir un mot, il est plus facile parfois de retenir un énoncé qui fait sens - une phrase, en l'occurrence. Anecdote. Un collègue une fois s'est inscrit sur un site lié au travail et son identifiant (son nom) était refusé car il avait des homonymes. Il a tout essayé, prénom, nom de famille, initiales, tout était déjà pris. Il m'a fait hurler de rire quand il m'a expliqué "A la fin, j'en ai eu marre, j'ai écrit : Especedegroscon, eh bien figure-toi qu'il était disponible, celui-là!" 

2) Depuis deux ans ma banque exige qu'on change de code d'accès chaque année, par sécurité. C'est un code à six chiffres et en changer me pose problème, je trouve ça pénible à mémoriser, les chiffres. Alors j'ai trouvé : je ne change que le dernier et je mets celui de l'année en cours. Mon code se finit par un 7 et se finira bientôt par un 8. (bon avec ça essayez donc de braquer ma banque…)

3) On a tendance à mettre toujours le même mot de passe sur les multiples sites en ligne où on commande. Sauf que niveau sécurité, c'est moyen. Comment changer toujours sans s'encombrer la cervelle ? 
J'ai décidé d'utiliser toujours le même mot de passe mais d'ajouter, au début, l'initiale du site. Exemple : si je reprends l'élégant code especedegroscon, et que je commande pour la première fois sur le site… mettons… Pêche à la mouche . com. Pour ma création de compte, le mot de passe sera alors pespecedegroscon. Facile !

mercredi 15 novembre 2017

Beurre

      En France, en ce moment, pénurie de beurre.
     Je ne me souviens pas que ce soit déjà arrivé. Ni même d'avoir connu une pénurie, le rayon vide au supermarché, les gens qui s'arrêtent devant, interloqués : "Eh ! t'as vu, y'a vraiment pas de beurre ! je pensais pas que c'était à ce point !". Le rayon margarine qui prend la relève, faute de mieux.
     C'est dire si on a de la chance, d'abord. Découvrir l'expérience de la pénurie tout en douceur, sur un aliment qui n'est pas vital.
     C'est dire si on marche sur la tête aussi. La France est en pénurie car elle est un gros pays producteur (traduction : c'est ici qu'il y a le plus de beurre au monde) et préfère exporter (traduction : on aligne les billets, c'est au plus offrant, le beurre de Normandie ? ah désolé les Normands, il partira en Chine, fallait payer plus cher).

     De toute façon, pour moi, une vie sans beurre, c'est impensable.
     Je ne pouvais pas en rester là.
     La solution est venue de mon père, au tout début de la pénurie, quand j'avais encore trois plaquettes en stock et pas tout à fait la conviction que cette histoire durerait bien longtemps.
     "De toute façon, du beurre, tu peux toujours en faire, toi". 
     Ah mais oui.
     Cette fois où j'avais monté une chantilly au Thermomix, battu trop longtemps et obtenu… du beurre. J'avais même réessayé, volontairement cette fois, pour suivre la recette du manuel. Pas compliqué. Pas rentable, non plus : il faut une bonne masse de crème pour obtenir une petite masse de beurre. J'avais mis l'expérience de côté.

     Il était temps de s'y remettre. A présent, et tant qu'il y aura pénurie, et tant qu'il y aura de la crème fraîche en rayon, je fais notre beurre.
     La première fois, j'ai pris la crème la plus grasse en rayon et surtout, sans gélifiant ou autre additif. Mais chez Lidl on ne dépassait pas 30% de matière grasse. Bon. Pourquoi pas essayer.
     Oui, ça a marché. Sauf qu'au lieu de battre le mélange 5mn, programme blancs en neige dans mon Cook Expert, il a fallu quoi, trente, quarante minutes ?  j'ai même congelé la crème, pour repasser par le chemin de la chantilly (des fois que ce soit une étape souhaitable, même si ça me paraissait douteux vu qu'autrefois ceux qui barattaient le beurre n'avaient pas de frigo).
     Ce qui a fini par donner… du beurre. Combien ? un tiers du poids total, puisque crème à 30%.

     L'autre jour j'ai progressé d'un cran et trouvé de la vraie crème, de la compacte. 750 ml, à 42% (!!!).

     La différence était flagrante. Sept minutes au batteur et…



J'ai mon stock de trois petits pots pour la semaine et la suivante. Et puis je recommencerai. Tant que ce sera nécessaire !


Il me reste à trouver quoi faire du babeurre...

lundi 13 novembre 2017

Matin

     Le petit matin de novembre.
     Il est 5h20. Le réveil a sonné à 5h. Comme tous les lundi, mardi, jeudi. Le mercredi et vendredi, 6h car je ne pars pas au travail ensuite.
     C'est ma plage de liberté avant le réveil de la maisonnée.
     J'éteins le réveil - mon vieux téléphone portable à clapet qui ne tient plus en batterie et sonne à nouveau si je n'appuie pas pile au bon endroit. Donc j'éteins le téléphone, tout court. Pour être sûre.
     Je descends sans faire de bruit.
     Je passe au toilettes et vais au salon.
     Je bois un peu d'eau et avale trois comprimés de spiruline. Quand j'ai le courage du moins (je déteste avaler des comprimés et je n'aime pas non plus le goût de la spiruline).
     Je redresse le parc du petit et dégage une place sur le tapis, rond, rouge du salon.
     Je fais mon enchaînement d'étirements. Je me demande à chaque fois ce qu'il faudrait que je fasse pour retrouver mon grand écart. Mais comme après je n'y pense plus de la journée, je ne fais rien d'autre et c'est pas étonnant que mon grand écart reste coincé en position "peut mieux faire".
     Puis je remonte sous la couette pour lire, écrire, prendre le temps de réfléchir (ça c'est en temps normal). Ou écrire pour le NaNoWriMo (en ce moment). Ce qui est à la fois constructif et lassant. Pas grave. C'est le principe du défi sur un mois : tu essaies vraiment, et puis tu vois.
     Et là, j'ai arraché cinq minutes à la phase écriture, mais il faut y aller !


samedi 11 novembre 2017

Pluie

     Novembre.
     Bientôt 17h.
     Il pleut dehors. Il fait gris. Bientôt sombre. Le petit termine sa sieste. Les grands jouent dans la chambre à côté.
     J'ai écrit un peu, et puis plus.
     Je n'ai envie de rien.
     Je crois que je vais me l'offrir.

mercredi 8 novembre 2017

Unique

     J'ai un peu l'esprit d'escalier, parfois.
     J'aime bien cette expression. Quand on est en pleine conversation, qu'on ne trouve pas l'argument suivant, ou la réplique idéale, et que celle-ci nous vient à l'esprit… dans l'escalier. Quand on s'en va. Après la bataille donc.
      J'avais bien vu quelques articles et vidéos intitulés One Book July, cet été, en furetant sur des blogs, celui de Carie Harling en particulier. Blog que j'ai découvert en mettant un orteil, puis le reste du pied, dans le principe du Traveler's notebook, en particulier ceux de Chic Sparrow.
     Bref. Ces titres ne m'évoquaient rien. Je n'étais pas allée voir.
     Nous sommes début novembre et je lis par hasard, enfin, une explication sur ce "Un carnet pour juillet" : il s'agit d'une expérience, destinée aux personnes qui ont tendance à mener de front un certain nombre de carnets. Agenda, planner, journal intime, bullet journal, journal de rêves… on peut vite en accumuler une pile, qu'on fréquente plus ou moins souvent, si on veut scinder tous ces domaines.
      Le principe du One Book July : en juillet, choisissez un seul carnet. Un seul crayon. Ecrivez tout dans ce seul carnet avec ce seul crayon.
       Le bon sens en action. La simplicité. De côté la série de douze carnets divers en fonction des fonctions, au placard les feutres, le washi tape et le scrapbooking d'agenda. Un cahier, un crayon, débrouille-toi.
     Cela m'a paru vraiment intéressant. Revenir au calme. Mais aussi, voir ce que donneraient toutes ces données éparses si on les accumulait en un seul endroit. Une vie riche et variée peut-être. Un seul carnet qui se remplirait vite. Pourquoi pas.
       C'est ainsi que mon One Book November a commencé lundi 6. Ce n'est pas le mois officiel - quelle importance ? - mais j'avais envie de tenter l'expérience tout de suite. Et puis j'ai un bullet journal avec encore pas mal de pages disponibles, or j'aimerais en changer avec le nouvel an. Autant le remplir avant. On ne va pas gâcher !
       J'ai, en temps normal :
- un carnet de comptes
- un carnet agenda dans mon portefeuille
- un journal intime
- un bullet journal
- un journal de gratitude
- deux travelers notebook avec divers carnets qui servent peu, un pour les notes de lecture, un pour les mots de vocabulaire, pour ceux en anglais, pour les choses que j'ai apprises au fil des jours.

     Globalement l'expérience pour moi consiste à fusionner les trois carnets que j'utilise vraiment : journal intime, bullet journal, carnet de comptes.
     Et en noir et blanc s'il vous plaît. Mais bon. On a le droit de dessiner !

     La vérité, c'est que je triche un peu. Enfin tricher non, je ne m'engage qu'auprès de moi-même après tout. Mais je conserve l'agenda dans mon portefeuille : c'est le seul que j'ai, pour les prises de rendez-vous. Il sert très peu mais s'avère nécessaire pour caler les dates. J'ai aussi un bullet journal au travail, et je l'utilise tout à fait normalement ce mois-ci. Hors de question de le fusionner avec mon carnet personnel. Me retrouver en cours avec, derrière la page  "planning de séance", mon journal intime étalé, no way !

lundi 6 novembre 2017

Reprise

     Cela doit faire treize… quatorze ans ? que je suis prof.
     Une mécanique bien huilée, en apparence.
     Pas tant que ça.
     Chaque rentrée est un nouveau démarrage. Une collègue, que j'avais rencontré pour la première fois il y a dix ans dans un autre établissement, m'a dit en septembre : "C'est la première rentrée que je fais sans stress particulier". Il en faut du temps. Ou alors c'est une question de nature ? Je ne pense pas. Je ne suis pas d'un naturel si anxieux. Et repensez à vos rentrées en tant qu'élève : toujours une certaine tension, non ?
     Je recroise cette inquiétude le dernier jour des vacances, les premières de l'année surtout. Hier, j'avais pris les devants. Préparé les affaires de chacun bien en amont, déposé les vêtements dans la salle de bains, plongé dans le ménage et autres tris qui vident l'esprit.
     Malgré tout, un peu de crispation au moment de se coucher. Mon bébé s'est réveillé deux fois. Pleine lune ou atmosphère de rentrée ?
     Après deux semaines gorgées de sommeil, la nuit a été un peu courte. Tout à l'heure je pars au collège à la première heure mais n'ai cours que deux ou quatre heures plus tard (je ne sais même plus), ce qui me laisse le temps de replonger efficacement. Cette appréhension de la reprise est désagréable mais bon signe pour moi : j'ai vraiment coupé les ponts pendant les vacances. Déposé mon sac près du bureau (trop encombré pour y travailler d'ailleurs) le jeudi 21 au soir et rouvert hier pour y déposer deux coffrets DVD à prêter à une amie. La seule chose que j'ai faite se rapprochant du travail était de réécouter les trois quarts d'un roman en voiture, en version audio ; une classe doit le lire pour jeudi prochain. Je ne l'avais pas lu depuis quelques années. 
     Voilà. On y retourne. Rouvrons le fichier traitement de texte pour le roman de novembre…en attendant l'heure officielle du réveil.

dimanche 5 novembre 2017

Tout

     Je veux écrire ici, écrire ce roman en un mois, écrire dans mon journal, écrire dans mon bullet journal, écrire dans mes autres petits carnets. 
     Je veux lire tout Zola en 2017 mais piétine dans La Faute de l'Abbé Mouret depuis plusieurs mois. Je veux lire tout ce que j'ai acheté, une liste serrée d'une quarantaine de livres, plus ceux que je trouve en bibliothèque, comme ça, d'un coup, plus ceux que j'ai brutalement envie de relire - comme Ecriture de Stephen King, plus ceux qui sont en bas, dans le bureau, et que je décide de lire là maintenant et ramène sur ma pile débordante - comme La Maladie de Sachs, de Martin Winckler.
     Je veux passer du temps avec les enfants, avoir du temps pour moi. Je veux cuisiner. Je veux suivre certaines vidéos sur YouTube et c'est devenu très facile pour celles en anglais depuis que j'ai trouvé un système pour faire tenir la tablette en équilibre en faisant la vaisselle. L'absence de lave-vaisselle me garantit une heure d'écoute chaque jour. Je veux suivre des vidéos en français aussi mais plus dur de me concentrer dans le bruit ambiant, étrangement.
     Je veux tout. Je veux apprendre à jouer le Prélude de Bach au piano et commencer le russe. Je veux faire des étirements chaque jour et un peu de musculation - mais j'ai horreur de la muscu. Je veux marcher sur mon tapis de course chaque jour et ne le fais jamais.
      J'ai fait la liste de tous les livres à lire. J'ai pris une heure la semaine dernière pour faire ça. Ce qui a à la fois éclairé la situation et montré l'ampleur du drame.

    
     Entourés en couleur, les livres que j'ai déjà lus. il en reste quelques-uns, donc…


    Novembre est le Nanowrimo, le mois sans achat, le mois où on entre dans la nuit, le mois des conseils de classe… ça s'annonce pesant. 


Et dans mon Habit Tracker j'ai un mal fou à me limiter en quantité.

    Je veux tout, tout le temps. C'est ainsi. J'assume. Le plus dur est de ne pas finir avec…rien. Tout le temps.
     Et on reprend le travail demain…
     

vendredi 3 novembre 2017

Coing

     Pourquoi le monde entier n'est-il pas parfumé au coing ? La meilleure odeur du monde ! fruitée, acidulée, subtile… Nous en avons rapporté quatre kilos de chez mon père et la voiture embaumait (ce qui était un exploit, en tenant compte de la présence des trois Saint-Nectaire dans le coffre).
     Cette année j'ai décidé de suivre le conseil d'une collègue : pourquoi de la gelée de coing ? pourquoi pas de la confiture ?

     J'ai prélevé quatre fruits à cuisiner en compote, et c'était parti pour la corvée de découpe ! j'ai décidé de me faciliter la vie. ôter les pépins, oui. La peau, non !

    J'ai récupéré les pépins, entourés de gelée, pour les glisser dans des filtres à café et les faire bouillir avec le reste. Pectine gratuite ! il semblerait que ce n'était pas nécessaire, la chair des coings contenant elle aussi de la pectine. Pas grave. J'avais acheté du gélifiant, il servira pour un autre fruit.
  Une fois les fruits bien cuits, je les ai mixés dans le robot de cuisine, jusqu'à une consistance de compote, puis remis dans le récipient où ils ont cuit avec du sucre et un jus de citron.

  Les avantages de cette méthode :
- plus facile : pas besoin d'essorer la pâte de coing, de se brûler les doigts, tout ça
- plus économique : on a deux fois plus de pots avec la même quantité de fruits !
- ce n'est pas meilleur que la gelée mais aussi bon et bien plus rapide à faire.
- pas de déchet de pâte de coing ! (mes poules n'en avaient pas voulu l'an dernier).

mercredi 1 novembre 2017

Ecrire

    Je commence aujourd'hui le NaNoWriMo : National Novel Writing Month. Le mois où on écrit un roman.
    Le principe : s'inscrire sur le site du même nom. S'engager à essayer d'écrire un roman, jour après jour, pendant ce mois de novembre. Objectif : 50 000 mots. Un roman assez court, donc, mais déjà pas si mal en un tel délai. 
    J'ai déjà tenté l'expérience et réussi, peu ou prou. Je viens de fermer mon fichier informatique pour ce matin, après 850 mots - sur les 1670 requis chaque jour en moyenne. Toutes les difficultés habituelles sont de retour.
Trouver un moment de calme - merci à mon fils cadet pour son réveil à sept heures, "Je trouve plus ma ventouse dans mon lit". 
Ecrire à côté de quelqu'un, qui dort certes, puis qui lit, mais ce n'est pas pareil qu'écrire seul.
Etre interrompue par ledit fils cadet qui veut faire pipi, puis caca, puis qui veut descendre parce qu'il fait jour et qu'il y a des dessins animés à la télé.
Etre interrompue à chaque ligne, chaque mot parce qu'ils ne viennent pas si facilement, qu'ils ne sonnent pas juste, qu'ils ne vont pas droit au but.
Trop volubile et trop peu dans l'action. Je peux vous sortir du verbiage à l'infini. Suffit de plonger dans l'autofiction et je vous ponds les cinquante mille mots en une semaine.
Sauf que ça n'a aucun intérêt, d'une part. Et que ce n'est pas le projet que je veux mener cette fois, d'autre part.

    On pourrait penser que c'est plus facile cette fois. L'histoire que je veux raconter, je la connais dans les grandes lignes depuis des années.
    Au contraire, cela complique. Je m'en doutais. Je suis polluée par ces morceaux existants, à intégrer… ou pas… dans ma trame de narration. Je ne peux pas dire n'importe quoi parce que ces personnages existent. Ils ont leur logique propre. Peut-être que ça n'a rien d'évident pour une personne n'ayant jamais écrit de fiction, mais il faut le savoir : on ne façonne pas un personnage comme on veut. Au début, oui. On lui prête quelques grands traits, tels cheveux, tel caractère, d'accord. Mais très vite, c'est lui qui fait la loi. Tu voudrais qu'il rencontre telle personne, se marie, ait trois enfants ? Il refuse. C'est un célibataire. Tu peux le marier de force si tu veux, c'est toi le chef. Laisse tomber. Dans trois pages, il aura divorcé. Pas fait pour ça, on te dit. Tu as décidé qu'il adorait le chou-fleur ? Pas vrai. Pas toi qui décides. Il te dira si oui ou non. Tu lui en feras avaler au détour d'un déjeuner de famille et il te dira "bof".
     Quand j'écris au hasard, les personnages se révèlent à moi peu à peu. C'est assez amusant. L'an dernier…non c'était celle d'avant (l'an dernier en novembre j'accouchais, activité peu compatible avec l'écriture frénétique) j'ai découvert à mi-roman que mon personnage était obèse. Enfin, en fort surpoids dirons-nous, pour ne pas le froisser. Lui, il aurait dit : gros. Mais grand, ce qui le sauvait. Quand même. Il ne m'avait rien dit, le fourbe. C'est venu comme ça. Et pas possible de changer la donne, pour quoi faire d'ailleurs ? il était comme il était. Gros, ça lui allait pas si mal. C'était lui. C'est tout.

    J'essaierai de trouver un moment cet après-midi, avant ma récolte de pommes de terre (oui. Je plante et récolte des patates n'importe quand. "Et je vous emmerde", allais-je ajouter, mais non, je n'ai rien contre vous… rébellion adolescente contre mon père qui disait que c'était n'importe quoi, "mais tu fais bien comme tu veux" - je m'étais fait un plaisir de lui annoncer que ma récolte de novembre avait donné autant que celle d'été. Na ! Et pardon d'avoir failli vous emmerder !).
    Notez juste au-dessus ce qui me porte préjudice pour écrire un roman. La digression. Toujours.
    Tant pis ! Ce roman sera mauvais, mais il sera ! Alleluia !