samedi 27 octobre 2018

Élastique

    Micro article pour cause de micro écran : quelques jours de vacances et je n'ai emporté que mon téléphone.

     J'ai longtemps porté un élastique en permanence au poignet gauche. Syndrome des cheveux longs qui demandent à être attachés à tout moment : cuisiner, se maquiller, attraper un enfant récalcitrant...

    Je cherchais l'idéal, celui qui serre sans lacérer, qui n'est pas trop moche pour vivre au poignet.

    Cet objet a presque disparu de mon quotidien il y a quelques mois. Mes cheveux ont poussé au point que pour les attacher il suffit de les enrouler sur eux-mêmes façon chignon. Cela tient très bien. Un été sans élastique. Ils reviennent une fois par semaine pour le cours de danse qui exige quand même une fermeté absolue dans le chignon, tête en bas, pirouette...

     Pourtant un élastique d'un autre genre va apparaître à mon poignet dans quelques jours et dans un tout autre but. Cela tombe bien, la voie est libre.

     Le minimalisme dans les cheveux : les attacher par eux-mêmes. Petite satisfaction du quotidien. Dérisoire mais pratique tout au long de la journée.

      Quant au second type d'élastique j'aurai l'occasion d'en reparler. Dès la semaine prochaine !

lundi 22 octobre 2018

Cadeau

    J'errais, samedi matin, dans les rayons d'un magasin de jouet. Mauvaise idée n'est-ce pas… Parfois je leur offre quelque chose qui me semble vraiment bien. Et ça leur plaît beaucoup. Ou pas. Dans quelle mesure offre-t-on à nos enfants quelque chose qui nous plaît ou nous aurait plu à nous ?
     Dans la série des jouets innocents qui me plaisaient étant petite, une sorte de puzzle publicitaire dont on faisait coulisser les cases en plastique pour reconstituer l'image. J'avais dû avoir ça dans un paquet de Bonux mais ai joué longtemps avec. Je n'en trouve pas des masses dans le commerce, en fait nulle part sauf sur Amazon. Peut-être mon vieil exemplaire existe toujours chez mon père ? pas sûr. Je fouillerai le grenier mercredi et on ne sait jamais.

    Je voulais aussi leur trouver un yoyo. Un truc tout bête dans mon idée. Deux galettes de bois, une ficelle, basta. Alors non : en rayon il y avait des "yoyos de combat", motif guerrier et fashion à mort. Ou bien la version soft et à moins de deux euros (bon point), mais en plastique (passe encore) et… à piles. J'imagine qu'ils font de la lumière ou un truc comme ça. Moi, un yoyo à piles, ça me dépasse. Donc je n'ai pas pris. Un yoyo tout bête c'est trop demander dirait-on. Je pourrais le fabriquer mais avec mes deux mains gauches… je sais détourner, pas modeler.

   J'ai trouvé quelque chose pour mon petit quand même. Quelque chose qui me parlait depuis longtemps mais je n'avais pas cherché : 


Alors oui c'est du plastique. Oui une petite fille est en photo dessus (boooouuh). Oui c'est un modèle jouet et pas un vrai taille adulte comme Maria Montessori préconise plutôt. Ou pour être exact elle recommande un objet qui puisse servir pour de vrai et pas juste à faire semblant. C'est le cas ici. Sauf quand mon bonhomme se sert du balai comme d'un nunchaku mais bon… il a compris le principe de ramasser les miettes. Et puis il a deux grands frères à éduquer aussi. Pas question que mes garçons assimilent tâches ménagères et maman. D'ailleurs papa en fait sa large part, ça tombe bien.

     Au moins à présent il peut s'entraîner à ramasser lui-même ce qu'il fait tomber sous sa chaise haute !

mercredi 17 octobre 2018

Faim

     Ce midi, pour une fois, j'ai senti la faim.
     Une faim gentille, raisonnable, modérée. La faim de l'heure du déjeuner. 
     Pourtant je la croise rarement. Toujours en train de siroter un café, grignoter quelque chose. Comme si avoir faim m'effrayait. Ce n'est pas à ce point, bien sûr. Mais hors de question au travail de supporter un ventre qui gargouille, je l'ai assez subi quand j'étais collégienne, avec toute la difficulté à rester discrète dans ces moments-là.
      A la radio, une émission (sur France culture) où ça parlait danse, musique, éphémère, vide. Et le lien m'est venu. On a peur de la faim comme on a peur de l'ennui. Peur du vide. D'assumer son soi dans le vide.
     Je suis bien consciente que mon corps est programmé pour supporter une faim raisonnable. Alors pourquoi l'en empêcher ? Comme on chasse un désagrément ? ou par angoisse plus profonde ? 

     Peur des vides. Faim, ennui, silence. On remplit son ventre, son emploi du temps, son paysage sonore.

     Alors qu'on pourrait se laisser de l'espace.

mercredi 10 octobre 2018

Couverture

     Depuis toujours, pour des raisons qui m'échappent un peu, j'aime être écrasée. Physiquement, j'entends. Non pas que j'aie eu beaucoup l'occasion de l'être, d'ailleurs. J'ai souvenir d'une photo façon millefeuille avec des amies, certaines me disaient : arrête, je ne vais pas m'allonger sur ton dos, tu vas étouffer ! et avaient le plus grand mal à croire qu'au contraire, cela me faisait du bien. Comme si je me trouvais tout à coup ramenée au sol, solidement arrimée.
      Le jour où j'ai entendu parler de couverture lestée, sur Le Blog Bleu, je me suis dit que c'était fait pour moi. Un poids rassurant sur le dos, contenant, enveloppant. Quoi de plus apaisant ? (cela doit être un repoussoir pour d'autres, à coup sûr). Aspects positifs : simple, sans électronique, utilisable en solo (suffit de ne pas la faire déborder des deux côtés du lit). Points négatifs : et si je n'aime pas, j'en fais quoi ? Et si je ne trouve pas le moment pour l'utiliser ? parce que la nuit, pas sûr. La sieste pourquoi pas mais pas tous les jours. Si on crève de chaud là-dessous ? si mon petit dernier s'enroule dedans et étouffe ? et pourquoi ça coûte le prix d'un âne vivant alors que ça a le poids d'un âne mort ? 

     En conséquence de quoi, l'achat d'un tel objet n'était pas prioritaire. Faut pas pousser. Commençons par ce qu'on est sûr de vouloir. Oui, mais… cette couverture fait partie des objets qu'on ne peut pas tester sans … les tester, justement. On ne peut pas l'emprunter. On ne peut pas savoir si on en voudrait sans l'avoir au moins une fois entre les mains. J'ai acheté comme cela, cet été, une orthèse qui aide à maintenir le dos droit. Je ne la porte pas souvent, et c'était un achat discutable. Oui mais comment aurais-je pu sentir ce redressement du dos sans essayer ? et comment essayer sans acheter ? Elle me sert au travail, parfois, quand je corrige des copies. 

     Cet été j'ai décidé de faire un essai maison .La technique préconisée par beaucoup : acheter du riz en sachets. Scotcher tous les sachets ensemble, en rectangle. Me voilà donc partie acheter cinq kilos de riz, soit dix pour cent de mon poids, pour faire l'essai, me disant : au pire, on finira par cuire et manger le riz. Un peu de sparadrap pour fixer le tout mais il a fallu compléter par du scotch de déménagement. Solidité oblige. 

     J'ai bricolé ma couverture lestée devant l'athlétisme à la télé, un soir, sous l'oeil perplexe de mon mari. J'ai glissé le tout dans une housse de couette.
         Et voilà.
       Voilà quoi ? voilà rien. Ou pas grand-chose.
      Le poids est trop dense, trop peu étalé. Cinq kilos sur un mètre carré c'est énorme ! l'ensemble était peu maniable, désagréable au toucher, et surtout, bruyant, très bruyant. Les sachets se recourbaient les uns sur les autres. J'ai essayé deux, trois fois et serais bien en mal de dire si c'était bénéfique. Disons que j'ai toujours envie de découvrir la VRAIE sensation. Mais le sachet de riz bruyant par paquet de douze avec l'odeur de scotch pour déménagement en prime, non. Pas possible. 

Alors j'ai démonté ma couverture. Récupéré mes cinq kilos de riz (ou un peu moins ,certains se sont percés au moment des manipulations et ont atterri dans l'enclos des poules, faut pas gâcher). J'aurai perdu un euro trente de sparadrap et gâché un peu de matière plastique. Mais on a du riz pour l'hiver. A vrai dire, nous sommes fan de riz basmati et surtout, surtout ,de riz gluant. Pas grave. On va s'habituer à manger aussi du "mauvais" riz, du riz si ordinaire. En toute honnêteté ? cela fait si longtemps que je n'en avais pas acheté que je l'ai trouvé bon et exotique comme tout aliment qui nous est étranger. Peut-être est venu le temps d'apprendre à cuisiner la paella, d'ailleurs...


dimanche 7 octobre 2018

Bijoux

     Tout comme il existe le comique de répétition, le comique de situation, on peut parfois être touché par un minimaliste de circonstance.

     J'aime bien les bijoux. De petits symboles accrochés au corps. Choisis pour leur beauté, pour leur sens, pour ce qu'on veut. En snob pur jus… ou plutôt en idéaliste ? je n'ai jamais beaucoup pratiqué le bijou "décoratif". Les colliers en toc, boucles d'oreille en plastique et grosses bagues en pâte de verre. Non que le principe soit condamnable, et nombre de mes amies jouent avec grâce de ces petits accessoires. J'ai un goût pour l'essentiel. Il n'est pas né, celui qui peut m'offrir un bijou. D'ailleurs je n'aime pas qu'on m'en offre et tout le monde a sagement renoncé depuis longtemps. Je m'enchaîne moi-même.

     J'ai une petite boîte à bijoux dans un tiroir, quelques centimètres cubes. Des pendentifs, principalement. Ceux que je ne porte plus mais garde en souvenir d'une époque. La petite spirale que j'ai portée après la mort de ma mère. La rondelle en nacre achetée au Pays de Galles chez un antiquaire. Une bague en forme de serpent, imitation d'un bijou grec ancien. Au fond, un bijou reste associé à une époque pour moi : je ne le porte plus ensuite. J'ai remisé il y a peu celui qui est resté présent le plus longtemps : un pendentif en opale et or blanc, petit, léger, qui m'a accompagnée une décennie, presque avec superstition. 
     Les opales. Une merveille. J'avais fait faire celui-là sur mesure. 

     Et puis un autre, et puis plus rien. Il y a quelques mois j'ai ôté tout pendentif, attendant de sentir celui qui le remplacerait. Rien n'est venu. J'ai dû m'habituer à mon cou nu. Et admettre que je le préférais ainsi. Snobisme encore : en voyant les femmes dans la rue, toutes ont un bijou au cou. La place vacante me plaisait assez. Le champ des possibles.

     Je porte des boucles d'oreille depuis quatre ans. Jamais avant car allergie…celles-ci sont en or blanc, voilà qui résout le problème. Un fil d'or, deux zirconiums sur chaque, cinq centimètres de long. A mes oreilles jour et nuit.

     Ma seule bague était une petite chaîne très fine, avec tanzanite, de la marque Gemmyo. Une bague souple, voilà qui me plaisait. Elle a glissé plusieurs fois de mon doigt, un peu trop grande, et puis ces mains étranges, parcheminées, aux articulations trop épaisses par rapport à la base du doigt…
     Il y a quelques semaines, la bague s'est envolée pour de bon. J'ai vu tout à coup que je ne l'avais plus. Sans pleurs, sans heurts, sans surprise. Peu d'espoir de la retrouver, vu sa petite taille. 
     Tant pis.

     Hier, mon bracelet s'est dénoué.Mon papillon en or au fil incassable, infroissable, in… s'est défait. La blague : deux fois déjà le bracelet avait cédé, je l'avais envoyé en réparation, me disant qu'acheter un éphémère, aussi, c'était chercher les ennuis. Je vais le réparer. Lui et le bracelet Nova, de la même marque, vont atterrir sur un fil de nylon transparent, assez solide j'espère, et encore moins visible que le fil mince de couleur actuel. 

     Les bijoux me fuient.

     Parfois, il faut accepter.