samedi 21 décembre 2019

Cadeau !


     La photo est à l'envers, je n'avais que mon ordinateur sous la main pour la faire. Pas grave. De toute façon, aucun titre à lire. C'est bien ce qui m'a plu dans ce livre récent de Sophie Kinsella, emprunté à la bibliothèque mercredi  : la surprise. D'ailleurs, en vérité, il s'intitule Surprends-moi
     Alors hier soir, en rentrant du travail, j'ai regardé la série de livres entamés dans la boîte près de mon lit et décidé que non. Noël se fête. Le début des vacances aussi. Je commencerais par quelque chose de différent, à lire d'une traite.
  
     Vacances de Noël. Nous y voilà. 
     Elles ont commencé sous de bons auspices car nous avons décidé de rendre cette saison plus chaleureuse au collège. Avec une collègue, nous avons lancé le Secret Santa, qui se fait à beaucoup d'endroits mais jusqu'ici pas chez nous. Il s'agit d'offrir un cadeau à un collègue, sans qu'il en sache la provenance, et nous en recevons un sur le même principe. Nous craignions une faible implication des collègues. "Si nous sommes trois à le faire, c'est pas drôle !". En fait nous étions quarante inscrits. Quarante ! La pile des cadeaux en salle des profs était réjouissante à voir.
     D'autre part, la principale adjointe a fomenté un coup terrible : elle nous a envoyé un message effrayant, un vendredi soir, disant que la salle des profs avait été terriblement dégradée… et qu'un sapin, un train électrique et des cadeaux étaient apparus. Un calendrier de l'avent pour nous ! elle avait préparé sa déco, ses paquets, en secret et a tout installé après un conseil de classe.
     Ni une ni deux, notre vengeance fut terrible. Nous lui avons concocté un calendrier de l'avent, tout d'un coup : chaque collègue qui le souhait préparait un petit cadeau, jusqu'à en avoir vingt-quatre sur la liste. Nous avons rencontré un écueil : trop de volontaires ! qui se sont partagé certains jours. Chacun précisait quel type de cadeau il envisageait et il y a eu peu de redites. 
     Hier matin donc, à la récréation du matin, ce fut le grand déballage et les surprises sans fin. Une vraie joie de finir l'année sur cette atmosphère. 
     La collègue qui m'a offert mon cadeau (…et dont je connaissais le nom, puisque j'avais contribué au tirage au sort) m'a peint un tableau !!! je ne savais même pas qu'elle peignait !

     Reste à se glisser dans les vacances comme dans un chausson, à en retirer le meilleur et à préparer l'année 2020. Quels projets pour 2020 ? difficile à dire. J'ai des idées, mais pas toutes encore. 
     Et puis j'ai encore beaucoup à lire pour compléter le défi lecture dont j'avais tout oublié jusqu'à fin novembre...

jeudi 5 décembre 2019

Décembre

J'ai eu l'impression de partir loin ce mois passé, mais le mois est passé justement. Avec ses caractéristiques habituelles. Je me suis glissée à nouveau dans une atmosphère plus, disons, normale, et plus joyeuse. Dans quelques minutes nous partons chercher le petit chiot que nous adoptons. Après le mois de la mort, le mois de la vie !

jeudi 14 novembre 2019

Champ de bataille


Fin du goûter.  Scène de désolation.  Je déteste ranger après le repas. Pourquoi, d'ailleurs ? Trop d'actions impliquées, de gestes, ça dans tel placard, le beurre au frigo, la carafe à remplir, le thé à vider au compost... trop compliqué.
     Apparemment mon homme est comme moi puisque sa place est restée jonchée des épluchures de pomme.
     C'est ça,  ma difficulté : admettre que le repas ne s'arrête pas quand on pose les couverts mais quand tout est rangé.  J'ai le même problème pour tout. Mais là,  tout de suite, il est temps de préparer la soupe pomme de terre - fanes de radis, parce qu'après j'ai cours de danse. Qui sera fini quand j'aurai remis les chaussons dans le tiroir et la tenue au lavage, donc...

samedi 2 novembre 2019

Novembre

Gris. Pluie. Frais. Nuit.
On replonge.

Je veux écrire, mais le fichier n'a …

Bon. Soyons précis. Je n'ai aucune tranquillité d'esprit en ce moment.
Dans la phrase "Je veux écrire, mais le fichier n'a …", j'ai été interrompue au moment de la virgule par mon petit dernier, au pied de l'escalier, criant "maman ?". Je voulais dire qu'hier, je n'avais pas eu le temps d'allumer l'ordinateur qu'il m'appelait déjà et grimpait les marches pour me débusquer. Et là, le fichier texte n'a pas eu le temps de s'ouvrir. Je veux m'y atteler, écrire ce roman qui me rôde en tête depuis des années, et j'ai choisi novembre pour le faire, parce que de toute façon novembre est déjà une épreuve en soi, alors autant le blinder à fond. Mais les vacances, la vie de famille, compliquent. Jamais de solitude. J'ai pu écrire deux pages hier matin entre 6h et 6h30. Ce matin j'ai décidé de dormir. Autant dire que c'est mort pour la journée. J'aurais un peu de temps le soir, entre 22h et 23h, mais mon esprit n'y est plus. Alors ? sais pas.

Précisons que dans ma fameuse phrase "Je veux écrire, mais le fichier n'a …", au moment des points de suspension, c'est mon 2e qui a hurlé à la mort au pied de l'escalier, m'obligeant à foncer, parce qu'il avait mal au ventre. Cet énergumène a avalé une bille hier. J'oscille entre soulagement profond (Dieu merci ça ne s'est pas coincé dans l'oesophage), colère (mais il pensait à quoi en mettant ça dans sa bouche ??? il a six ans !!!) et inquiétude (tant qu'elle ne sera pas sortie, on ne sera pas tranquille). Heureusement c'est passé dans la gorge, heureusement je ne l'ai su qu'après quand il a fondu en larmes et parlé d'une grosse bêtise, il s'est fait peur ; heureusement quand c'est arrivé ses deux grands frères étaient dans la pièce et tous les deux ont appris les gestes de premiers secours à la fac, je me dis qu'on aurait pu s'en sortir peut-être, et heureusement encore la question ne se pose plus.

Mais j'en pleurerais.

Ecrire un roman ?
Tu plaisantes.
Regarde la pluie par la fenêtre et oublie toute ambition.

samedi 12 octobre 2019

Mon vice



          Ce n'est pas que j'aime lire.  C'est que ne pas lire est impensable.
          Je ne suis pas sûre d'avoir passé cette année ne serait-ce qu'une journée sans lire au moins un peu. Nous sommes en octobre et la liste des livres lus en est à 86 titres.
          Forcément, c'est un budget. Même si je limite les pots cassés en :
- empruntant dans deux bibliothèques de mon secteur
- empruntant à la bibliothèque numérique de Paris
- parfois en empruntant auprès d'amies
- en relisant, beaucoup
- en achetant des versions kindle moins chères
- en téléchargeant des versions kindle gratuites pour tous les classiques (ex : Zola)
- en achetant pas mal d'occasion sur Momox shop
- en revendant sur le même site les livres que je suis sûre de ne pas relire.
          Bref. Je fais ce qui est en mon possible, cependant me demander de lire moins, ou de lire autre chose parce que ce serait moins cher est tout simplement hors de question. Non. Je choisis mes lectures. Point. Avec d'autant moins de remords qu'elles m'apportent tant.
           Pourtant, parfois, les choses s'emballent. Il y a un an et demi, je me suis rendu compte que j'avais quand même 62 livres en stock. Beaucoup trop. Je parle là non pas de ma bibliothèque (qui en contient beauuuuucoup plus que ça) mais de la pile à lire, les ouvrages achetés en attente de lecture. Alors j'ai commencé mon opération diminution. Peu à peu, descendre à trente ouvrages avant de pouvoir en racheter. Je l'ai fait. Cela m'a pris six mois (…car j'empruntais toujours autant en plus de lire mes livres) mais j'ai lu la moitié. Puis tout le stock. Et à présent, c'est fait. Tout a été lu. J'en ai racheté, bien sûr. Mais comment faire pour s'encombrer moins en prenant tout autant de plaisir ?
          Je me suis instauré la règle des 10.
          Le principe : acheter les livres par série de dix. Je détermine patiemment dix livres que j'ai vraiment envie de lire. Je les achète. Et j'attends d'avoir fini ces dix pour racheter le lot suivant. C'est la deuxième fois que je fais ça, là j'entame juste la deuxième série. Bien plus agréable que d'acheter tout et n'importe quoi car :
- ça prend moins de place
- cela donne une tendance, une atmosphère à la période, en fonction de mes choix
- le choix est plus limité et c'est reposant
- j'ai l'impression d'avancer sur un chemin que je me suis choisi
- je sais que j'ai de quoi lire sans problème pour un mois et demi ou deux mois, et ensuite j'aurai le plaisir de me constituer la liste suivante…
           Est-ce que j'économise de l'argent ? Sais pas trop. Je repousse certains achats, forcément. Donc peut-être. Mais surtout, je donne plus de valeur à la lecture en cours. Plus de plaisir pour faire la même chose : un arrangement gagnant.

    La liste actuelle comprend les titres suivants : 

- La correspondance de Françoise Dolto de 1938 à sa mort
- Famille en transition écologique, J. Pichon
- Tokyo Sanpo, F. Chavouet
- Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie, V. Grimaldi (offert par une amie)
- La Sorcière, C. Läckberg
- ça commence par moi, J. Vidal
- Journal pauvre, F. Germanaud
- Dix minutes par jour, C. Gamberale
- Leçons de danse, leçons de vie, W. Byars
- Rapt, W. Gallhager

Ajoutons toujours un volume de Zola en cours, des lectures pour le travail, un livre audio en voiture, un manga aux toilettes, un autre bouquin dans les autres toilettes, un livre sur les finances dans le kindle… Bref. Je ne crains pas la pénurie. Et je ne parle même pas des emprunts en cours !

dimanche 29 septembre 2019

Incident culinaire


Ceci est une crème pâtissière.
Il me reste quelques crêpes d'hier soir.  En général on oublie les dernières dans le four sur une assiette et trois jours plus tard elles ne sont plus bonnes qu'à être lancées dans le poulailler façon frisbee. Au moins, quelqu'un les mange. Piètre consolation.
Cette fois j'ai voulu anticiper. Préparer une crème,  ajouter des dés de fruits et zou ! On aura notre dessert.
Je viens de soulever le couvercle. Elle est bien pâlotte, cette crème.
Tu m'étonnes . J'ai oublié les jaunes d'oeuf.
Test gustatif : goût standard.
Moralité , la prochaine fois que je manque d'oeufs pour cette recette, je m'en passerai ! J'ai souvent oublié les oeufs dans la pâte å crêpes et ça ne fait pas la moindre différence de texture ni vraiment de goût . Juste la couleur !
Ça tombe bien, se dit la flemmarde en moi . Je ne savais pas quoi faire des blancs.

jeudi 12 septembre 2019

Sourire


        L'idée m'est venue au fil de l'été.
        Le sourire a bien certainement des vertus thérapeutiques. Doit améliorer la vie, la chance, la santé, le compte en banque, tout, non ? Il faudrait faire une enquête. Ecrire un livre sur le sujet.
       Comme à chaque idée géniale qui me traverse l'esprit, j'ai fait ce que je fais toujours : j'ai vérifié qui l'avait déjà eue avant, et si le livre était déjà écrit.
       Comme à chaque fois, il l'était. 
       Je pourrais être déçue de passer mon temps à inventer l'eau chaude. Au contraire. Que d'économies d'énergie : il ne s'agissait plus de plonger dans la réflexion mais juste dans un livre. Bien plus rapide.
       J'ai donc chargé sur ma liseuse, et lu, La Force du Sourire, d'Isabelle Crouzet. Bonne et mauvaise nouvelle : il n'épuise pas du tout le sujet. Il me semble qu'on pourrait en dire tellement plus sur le sujet. J'aurais aimé en savoir davantage. Mais cette entrée en matière était appréciable.
   
     D'expérience, le sourire débloque tout. Tu stresses ? Force-toi à sourire. Quelques minutes plus tard, tu te sens déjà mieux. Les miracles de l'interaction corps-esprit. Le plus gros écueil étant que par réflexe, si on n'est pas souriant, on ne pense pas à sourire. Je crois beaucoup au sourire intérieur. Léger, latent, qui flotte sur le coin des lèvres. Plus confortable aussi quand on ne souhaite pas s'afficher auprès des autres ou se retrouver en décalage. Hurler de rire devant le journal du soir peut sembler déplacé. Un léger sourire aura toujours une excuse.

       Alors souriez. Vous êtes filmés (en fait non mais… si parfois… oh et puis après tout, trouvez-moi un inconvénient au sourire ? ça fatigue les zygomatiques ?)

mercredi 4 septembre 2019

Pas frugale

     Le titre de ce blog désigne non ce que je suis, mais ce vers quoi j'aimerais tendre.
     Car clairement, frugale, je ne suis pas. Encore moins en cette époque de rentrée où il me semble dégainer mon portefeuille plus vite que mon ombre... et peu de temps pour se poser.
     Tant pis !

mardi 6 août 2019

Vacance

     Retour au calme, en surface.
     Mon petit garçon est tout à fait guéri, et rien n'est plus précieux que ça. Il a passé deux jours et demi à l'hôpital. J'ai relayé son papa à mi-parcours et découvert les joies de la poche à perfusion, des électrodes qui se collent au pyjama et font bipper le moniteur en vous annonçant, en gros, la mort clinique de votre enfant, plusieurs fois par nuit, et la petite lumière rouge au gros orteil qui se détache régulièrement et fait sonner à son tour.
     Tout ceci est resté léger car le diagnostic l'était aussi. Adénolymphite mésentérique (vous non plus vous n'en aviez pas entendu parler ? vous aussi vous devez vous cramponner à la table pour déchiffrer le mot ?). Toujours est-il que c'est viral, qu'il faut traiter comme une gastro et attendre que ça passe. Il est resté très fatigué deux jours de plus, à la maison, et puis son appétit est revenu en flèche.
     Il a faim de tout. Tout ce qui se mange, tout ce qui se fait. Il n'a pas trois ans et passe d'un lieu à l'autre, d'une activité à l'autre, toujours en courant, avide.

     J'ai repensé à ce que j'avais lu dans L'Effet Télomère, des docteurs Blackburn et Epel : les personnes les plus stressées au monde sont les parents d'enfants malades. Comme je le comprends, d'autant plus, pour avoir entraperçu la chose. Je n'en ai qu'effleuré la surface et me trouve si chanceuse. Pendant ces vingt-quatre heures à l'hôpital auprès de mon fils, rien d'autre ne comptait que lui. Le reste du monde s'effaçait. Tout en suspens - les projets, ses frères. Comme cela doit être douloureux dans une famille. Surtout lorsque la vie de chacun se dessine autour de la maladie.

     La santé n'est pas pour autant revenue. Un petit virus gastrique traîne à la maison je pense, est-ce le même ? pas forcément. Pas virulent. Samedi, j'avais mal au ventre, le fort besoin de ne PAS manger (ce qui est rare chez moi), une intense fatigue. Contrecoup, me disais-je. Mais non. Car mon beau-fils avait eu les mêmes symptômes, et mon cadet a eu mal au ventre aussi les jours suivants. Il doit y avoir une source commune.
     On néglige trop souvent de se féliciter quand tout va bien. Je n'ai pas TRES mal. J'en suis plus à l'inconfort qu'à la douleur. Très peu de sensation de faim depuis plusieurs jours, ce qui me change du tout au tout. Envie de jachère, de silence, de diète, de rien. Mais un regain d'énergie dimanche m'a permis de ranger et redessiner le coin jouets des enfants dans le salon. De l'ordre. Du calme.
     On verra. Je laisse évoluer. Rien d'alarmant, il faut que ça se passe. Peut-être est-il venu, le moment du rien, de l'authentique vacance. On va faire ça.
     Rien.

mardi 30 juillet 2019

Mon bébé à l'hôpital


    Il aura trois ans en novembre.
    Mon bébé qui n'est plus un bébé sera toujours mon bébé.
    Je ne suis pas avec lui en ce moment. C'est son papa qui assure le soutien. D'une part, il fallait bien s'occuper des deux grands aussi. D'autre part, il connaît mon inquiétude des hôpitaux et m'a épargné ça. 
     Ce n'est probablement rien de grave. Je l'espère, j'y compte, même. Dur quand même. Voir ton enfant qui souffre. Qui, en plus, ne se plaint pas. Qui te dit "ça va crès bien", la voix molle, les paupières lourdes. 
     Deux jours de vomissements, une déshydratation, un médecin peu compréhensif, et heureusement il a craché du sang sous son nez, ce qui a accéléré la réactivité. J'aurais largement préféré qu'il ne vomisse pas de sang, soyons claire, mais quitte à ce que ça arrive, autant provoquer une décision immédiate. Pauvre petit bonhomme. Alors il passe la nuit à l'hôpital, sous perf. 

     Quand tu es à l'hôpital, mon bébé, je fais des choses stupides.


Je prends en photo ton gobelet et le verre de ton père, parce qu'ils ne servent pas ce soir, et marquent votre absence.
Je ramasse le linge sec sur le fil et intercale tes vêtements entre ceux de tes grands frères, pour qu'ils te protègent.
J'arrache, sur une impulsion, la guirlande solaire qui croupit depuis un an sur le tilleul et n'a jamais marché.
Je n'ai pas faim, et en fait si, et puis non, juste un peu, la faim écoeurante du ventre angoissé, alors je décide de manger ce morceau de pizza surgelée (menu de luxe) uniquement après le prochain message qui me donnera de tes nouvelles. Tout en mâchant, je regrette cette faim idiote qui me fait trouver nécessaire de me nourrir alors que toi, tu ne peux pas ce soir.
J'oublie complètement qu'on avait un dîner demain soir, celui annulé la semaine dernière pour cause de canicule. A ce rythme, on le fera à Noël.
Je lance trois épluchures de melon dans l'enclos des poules, rate mon coup comme toujours, et l'une des trois reste devant le portail. Je la ramasse et la relance parce que, non, je ne te laisserai pas tomber, tu resteras avec tes frères (depuis quand mes fils sont des épluchures de melon ???).
Je répugne à aller me coucher, alors que j'ai sommeil, ce serait comme renoncer de veiller sur toi. Je regarde des vidéos inutiles qui ne t'aident en rien, ni moi, mais dormir et manger, quelle absurdité.
Je me glisse dans ton lit pour sentir ton odeur.
Je suis rassurée de te savoir sous surveillance parce que, vraiment, cette fois, je sentais que quelque chose n'allait pas. 
J'ai hâte de te voir dévorer comme un ogre, me bouffer la tête à force de bavardage, et de râler à ta prochaine bêtise.
Je t'aime.

Et j'ai une pensée, une pensée compatissante pour tous ceux qui voient leur enfant à l'hôpital trop souvent, trop longtemps, trop douloureusement. Cette nuit, j'ai encore la chance et l'espoir de pouvoir croire, raisonnablement, que ce ne sera qu'une histoire sans lendemain. Le parent dont l'enfant va mal ne se repose jamais. J'admire votre courage. Pardonnez-moi, j'espère ne jamais faire partie du club, et je vous souhaite d'en sortir au plus vite par la grande porte, celle qui signe la guérison.
Aucune ambition. Restons au stade "bobologie". 
Que souhaiter de mieux ?

Depuis longtemps déjà, je me suis rendu compte que chaque instant où j'ai mes trois enfants dans mon champ de vision, vifs et en bonne santé, ou paisiblement endormis le soir, est un instant béni. Il y en a beaucoup. Quelle chance. Bénédiction souvent bruyante, lassante. Mais cette belle santé.

Replonger dans l'insouciance.
Demain si tout va bien.
Et le plus vite possible pour vous, je vous le souhaite, si par hasard la santé vous a préoccupé.

dimanche 21 juillet 2019

La chaîne du froid


      Parfois, j'ouvre mon congélateur et me dis : et si une coupure de courant avait rendu tout ça impropre à la consommation ? C'est peu plausible mais arrive de temps en temps. Quand le courant se coupe, neuf fois sur dix, la durée est trop courte pour que le dégel s'amorce. En ouvrant un bac de glace à la vanille, on verrait bien qu'il a eu un problème. Mais un steak haché ? il garderait la même forme et serait nettement plus toxique pourtant.
       J'avais entendu une astuce intéressante autrefois : trouve un petit verre, remplis le fond d'eau. Fais geler. Puis laisse ton verre retourné dans le congélateur. Si un jour, au retour de vacances, tu le retrouves vide, c'est que la chaîne du froid aura été rompue. Le contenu aura fondu à ses pieds.
         Pourquoi pas détourner la même astuce en format miniature ? non parce que mes trois tiroirs de congélation sont petits et on a autre chose à y mettre qu'un verre moitié vide, moitié plein.


     J'ai récupéré une dosette de sérum physiologique de mon bébé, désormais petit garçon de deux ans et demi sonnés, et qui n'en a plus guère besoin.


    Je l'ai laissé geler dans la porte du congélateur, tête en bas. Attention, il s'agit d'eau salée, et comme le sel contrecarre l'action du gel, mieux vaut compter un jour ou deux pour obtenir le résultat recherché...
  
 … qui se manifeste alors par une bulle d'air figée dans la partie basse. Reste à replacer cette dosette dans la porte du congélateur, mais tête en haut cette fois.
     Pourquoi ce jeu d'inversion ? Parce qu'une dosette avec la bulle figée en haut n'inquiète personne : c'est normal. Mieux vaut pouvoir remarquer que la bulle est retombée, ce qui signalera l'incident. Là encore, le liquide étant salé, je suppose qu'il fondrait plus rapidement que le reste du congélateur et jouerait bien son rôle d'alerte.

     Voilà. De petites choses. On pourrait croire que ma vie ces temps-ci tourne autour de la congélation. Elle est tellement plus vaste et mouvementée. Au point de ne pas prendre dix minutes pour s'asseoir et écrire un article. (Là j'exagère, puisque je lis tous les jours, en position allongée. Mais la lecture, c'est la vie !)

vendredi 5 juillet 2019

Un été de présence






 
      Hier soir ont commencé officiellement mes grandes vacances.
     Avec un jour d'avance.
     J'aurais dû être au travail ce matin. Réunions et concertations toute la journée. La canicule a mis la pagaille dans nos derniers plannings : déplacement du brevet, réunions anticipées les jours de grande chaleur (et se concerter par 38 degrés reste peu productif, croyez-moi). En définitive j'ai réussi à corriger mes 34 copies de brevet hier, ce qui m'évite de refaire le trajet aujourd'hui. On a enchaîné par le pot de fin d'année, plus nostalgique que d'habitude car des collègues appréciés partent vers d'autres lieux. Je viens de déposer les enfants à l'école, et me voilà seule à la maison pour la dernière fois avant longtemps.

     Journée bienvenue. Prendre une grande inspiration avant de plonger dans l'été. Deux mois doivent paraître infinis à ceux qui n'ont que cinq semaines de congé par an. Pour moi, c'est long, mais agréablement long, et les jours filent entre les doigts si on ne regarde pas ce qu'on en fait. Comme tenir ses comptes en fait : si tu ne vérifies pas ce que tu achètes, tu es fauché tout le temps, même si tu sembles ne rien acheter de spécial.

     Alors, voilà. Plus de cinquante jours. Déjà beaucoup de choses prévues, mais aussi du temps pour construire, modifier, vivre, se reposer. Pas envie de le gâcher.

     Un petit détail, qui n'en est pas un, me gâche le temps depuis trop longtemps. Ces jeux qu'on fait machinalement sur son écran. Il y a eu Candy Crush, autrefois. Je cumulais deux inutilités, en jouant devant la télé. Bon, en fait, j'écoutais au lieu de regarder, tandis que mes doigts se déplaçaient sur un rectangle lisse pour casser des bonbons virtuels. Un jour j'ai arrêté. Et ça ne m'a pas manqué. Plus tard, mon homme a chargé Toon Blast sur son téléphone. Depuis il y joue très souvent, trop à une époque. Moi pareil.

     Mais pourquoi fait-on ça ?
     C'est facile. Accessible. On a l'impression de résoudre une minuscule énigme, un tout petit défi. C'est fait pour être gratifiant : tu passes des niveaux, tu te sens fort, oh là là. Nous avons tous tant besoin de gratification que même des cases de couleur alignées suffisent à nous faire plaisir. On peut le faire à tout moment, pour combler un creux, pour procrastiner.
     La peur du vide. Du silence, de l'immobilité. Du rien. On remplirait de n'importe quoi.
     Avant-hier, ça m'a tellement agacée que j'ai failli éliminer l'application de ma tablette sur un coup de tête. Et puis, non. J'ai préféré attendre. Non que c'eût été grave ; pour que ce soit un vrai geste mûri au contraire. Qui porte du poids et du sens. Voilà qui semble absurde, au sujet d'un jeu basique consistant à détruire des bricoles virtuelles. Mais ces 1300 niveaux accumulés, combien d'heures de ma vie ont-ils absorbés ? Combien de moments de conscience ai-je laissé filer ? On croit que ces jeux sont gratuits. En vérité on les paye en temps. Notre seule ressource absolument non renouvelable.  La plus précieuse. Le temps, et la conscience de le vivre. 

     Je veux passer un été en étant présente à ma vie. Pas m'enfuir mentalement quelques minutes, au moindre creux. Vivre le creux. Retrouver ces instants-tampon entre deux. Et accepter d'être là où je suis plutôt qu'ailleurs, autrement.

 C'est rien du tout. Mais c'est MON temps. C'est tout.

     Je vais de ce pas supprimer l'application.



Allégée d'une futilité et enrichie en temps. Que l'été commence.

dimanche 30 juin 2019

Chaleur



La vague de chaleur était intense et longue. Moins qu'en 2003, semble-t-il, mais à l'époque ça m'avait moins marquée. Je devais être plus jeune et innocente.
     On lutte comme on peut. Aération de la maison dès 5h du matin chaque jour. Fermeture des volets dès que le soleil menace. Malgré tout, à force, ça chauffe. Deux petites astuces pour limiter les dégâts :

1) entre le store des vélux et la vitre, j'ai ajouté des pare-soleil de voiture. Le modèle tout simple en alu réfléchissant. Cela semble un détail mais a bien aidé à limiter la montée de température. Sur un des velux on a un store anti chaleur extérieur, mais il ne suffit pas.

2) j'ai fait des grelotes pour les enfants. Concept déposé, inventé par… moi. L'idée : pour une bouillotte tu te mets du chaud au lit. Là, c'est du froid. Un bloc réfrigérant pour glacière, glissé dans un sac à vrac en tissu. En faisant courir l'objet sur les draps, on a cette sensation de drap frais qui fait du bien. 

Et pour le reste, un carton sur le haut vitré d'une porte qui prenait le soleil, des fruits et légumes à volonté, faire refroidir les pâtes pour la salade à l'extérieur de la maison, prendre une douche le matin et garder les cheveux mouillés en clim naturelle, utiliser un vaporisateur de coiffeur pour l'effet brumisateur.

dimanche 16 juin 2019

Banane

Parfois, cela sert de lire un livre de 900 pages en anglais sur les économies domestiques . À raison d'une page par-ci, par-là , ledit livre étant stocké aux toilettes. Dans The Tightwad Gazette, l'autre jour, je lis donc : pour conserver les bananes plus longtemps, laissez-les dans un sac plastique bien fermé . Le contraire de ce que je lis ou entends dire ailleurs. Adieu rumeurs, faisons scientifique : j'ai pris quelques bananes et les ai roulées dans un sac plastique.  On verrait bien .
     C'était mardi. Je viens de sortir l'avant-dernière du sac tout a l'heure . Elle était jaune avec des soupçons de vert. D'habitude elles tournent au jaune vif en deux jours.
     Moralité , ça marche. Ne me croyez pas sur parole. Testez. Mais voilà une astuce qui va bien m'aider.

jeudi 23 mai 2019

Deux paquets par jour

     Ce n'est jamais le manque d'inspiration qui me tient éloignée du clavier. Plutôt une échelle de priorités différentes et le manque de solitude - précisons que dans mon monde, le terme "solitude" est nimbé d'un halo bienfaisant. Ce qu'il n'était pas quand j'étais célibataire et isolée, il y a fort longtemps, mais passons.

     Le rythme ces derniers temps m'a amenée à passer à deux paquets par jour. C'est mal, non ? 
     Des paquets de copies. Fin du trimestre, bulletins des classes de troisième, urgence de corrections, ultimes évaluations, puis compiler les notes, extraire des compétences, rédiger des appréciations. C'est fait. J'arrête les copies (…jusqu'au tas de 35 qui m'attendra lors des corrections du brevet).
     En parallèle, mon petit garçon de cinq ans a fait sa semaine sous chapiteau et son spectacle de cirque. C'était un grand moment. Il a découvert le stress de se montrer en public, l'angoisse de mal faire, il a jonglé avec ses foulards, la mine appliquée, concentrée au maximum (et ouvrant au minimum les mains, ce qui a nettement limité les risques de chute… petit fourbe). 
     
     Je n'ai rien d'exceptionnel à raconter, ce qui veut dire que tout va bien, au fond. Allons-y pour le désordre.

- enfin trouvé un rythme de sommeil qui semble convenir puisque le réveil sonne désormais à 5h20 pour moi (au lieu de 5h) et je me réveille presque à chaque fois quelques minutes plus tôt. Mon corps a intégré.

- lessive à 90 degrés en ce moment même pour des draps blancs. C'est si rare, une telle température, que je me surprends à sentir l'odeur de lessive, de tissu, de caoutchouc chaud dans l'entrée. 

- il me reste cinq livres à lire sur mon énorme tas d'environ 60 volumes il y a un peu plus d'un an. J'ai déjà racheté des successeurs… mais voilà le deal : j'attaque une pile de dix livres quand la précédente est finie. Et je ne peux pas avoir plus de dix livres d'avance. Ce qui va me faire trépigner devant ces livres que j'ai ENVIE de lire là, maintenant, tout de suite. Mais ce qui me pousse aussi à m'enfoncer dans ceux que j'ai déjà et qui sont, au fond, passionnants, bien que légèrement hardus. Un livre de 400 pages en anglais sur les Amish, un livre interminable en anglais toujours sur la grande dépression au Canada, avec  vocabulaire argotique pour pimenter… et pourtant j'aime les lire. Par petites touches. Si tu dois avaler un kilo de farine, fais-le cuillère par cuillère. Et en chemin, tu y prendras peut-être plaisir !

- deux soeurs ont été malades mardi à l'école des enfants et la psychose de la gastro a resurgi. Je suis la seule à psychoter, soyons claire. Pourquoi cette éventualité m'inquiète-t-elle à ce point ? Au pire, on est malade. Y a pas mort d'homme. Je pense que c'est le couperet, la possibilité prête à tomber, ce type de situation, que je supporte très mal. C'était pareil pour mes accouchements : j'admettais qu'ils devaient avoir lieu (forcément) mais ne supportais pas l'imprévisible. De ne pas pouvoir savoir, d'aucune façon, quand, comment, cela se passerait. Je pense être une quiche intersidérale pour appréhender l'imprévisible. Car autour de moi, personne ne s'émeut de ce genre de choses. Bon. Tant pis. Je suis une quiche. C'est bon la quiche.

- j'ai toujours rêvé d'un cèdre du liban. Arbre majestueux, occupant l'espace comme une vraie personnalité dans le paysage. Nous sommes allés à une foire aux plantes il y a peu. Et là chez un vendeur de bonsaïs (!) d'adorables petits cèdres. Pas travaillés en bonsaïs pour le coup, prêts à l'être… ou pas. Le nôtre est désormais planté dans le jardin et dûment protégé de grillage (contre les chevreuils et les lapins) et d'une touffe de mes cheveux (contre les chevreuils, très efficace, paraît-il). Il domine l'espace de ses vingt centimètres de hauteur… pour la majesté on patientera !

- Depuis dimanche, le soir, je monte tôt dans la chambre. Mon homme regarde Blacklist sur Netflix. Je suis lasse de ces séries où le crime dégouline, et de ces atmosphères sombres et anxiogènes juste avant le coucher. J'évite même de regarder les informations ces temps-ci, qui ne semblent pas chercher tant à informer qu'à faire flipper le monde. Comme toujours. Chaque soir, je suis montée, et j'ai regardé un épisode d'un dvd génial emprunté à la bibliothèque : Un jour, je serai danseuse. Reportage tourné au conservatoire de Paris. Le même format que celui tourné à l'opéra et dont on a eu la suite, cinq ans après, diffusée il y a peu sur Arte. Eh bien ce reportage est génial. Une demi-heure en immersion, dans le quotidien, le travail si intense et précis de la danse classique et / ou contemporaine. Les exercices, les commentaires, les façons d'être de chacun. La dureté des enseignants parfois, ou leur humanité. Il me semble que, comme dans mon modeste collège, la méchanceté n'est jamais utile et souvent contre-productive. Certains font avancer les autres en les aiguillonnant. D'autres à coup de reproches. C'est dur. On peut avoir raison sur le fond et se planter sur la forme. Je vais veiller d'autant plus à ne jamais dire quoi que ce soit de méchant des élèves et aux élèves. A quoi bon ? Ce n'est pas ça qui peut les motiver. Une collègue en colère disait l'autre jour d'une élève qu'elle avait "un QI très limité". J'ai trouvé cela grave. Soit c'était faux, et donc pure méchanceté. Soit c'était vrai, et grave de juger. Je connais l'élève en question. Elle est dans une phase "ado évaporée". Ok. On peut tous se montrer un peu bêta. De là à être catalogué… à quoi bon ?Et là je m'égare, mais ce que je vois chaque soir est bien mieux que ça : la perfection du geste, le dilemme entre exactitude et lâcher prise, les moments de miracle quand les deux se confondent. Une des étudiantes disait : quand on danse, on ne peut pas cacher qui on est. En effet. C'est ça qui est beau.

Et stop. Nous sommes jeudi matin, mon moment de liberté. Je vais finir de changer les draps, lire, faire un peu de danse à la barre, et autres petites touches en liberté, sans enfant à la maison, seule avec le soleil.

jeudi 2 mai 2019

Hammershøi, peintre du minimalisme

   
  Il y a quelques jours, je suis allée découvrir l'exposition Hammershøi au musée Jacquemart André. Très joli musée, au passage, que vous aurez bonheur à découvrir si vous ne connaissez pas. Un ancien hôtel particulier. La grande porte cochère. Les pièces encore meublée, le petit jardin intérieur… Le lieu en lui-même mérite une visite. Mais en plus, leurs choix artistiques ! Mary Cassat l'an passé ! Hammershoi à présent ! 


     Les salles d'exposition sont petites et peu nombreuses - huit ? on découvre donc un nombre assez réduit d'oeuvres, mais représentatives de l'artiste et de ses différentes phases de création. 
     Quand je visite une exposition seule, j'ai pris l'habitude de le faire en deux étapes : une déambulation libre dans tout l'espace du musée, puis un second passage pour voir de plus près les oeuvres qui m'ont le plus touchée. En entendant discuter les gens entre eux, je mesure la chance que j'ai de le faire seule : pas de babillage, de verbiage creux. Juste l'oeuvre, là, en face. Pas de place pour les discussions de politesse. Car il faut le dire, j'ai rarement entendu des commentaires stupéfiants de subtilité. Peut-être n'en ferais-je pas plus moi-même. Autant me taire.

     Alors, c'était comment ?
     Monochrome. Assez amusant de voir à quel point sa palette est réduite, au sens technique du terme : la petite vidéo qui introduit l'expo montre, à un moment donné, la palette en bois du peintre et les restes de peinture séchée qui la recouvrent. On a toutes les nuances de gris, de blanc, de bleuté. Guère autre chose. 
      Regrettable ? oui et non. 
      Cela manque peut-être de fantaisie. Quand tu passes dans l'expo et que tu repères un tableau "en couleur", tu sais d'un oeil que c'est celui de son beau-frère, pas le sien ! pourquoi se priver des couleurs de la vie ?
     Et en même temps, c'est lui. Pas besoin de fioritures pour dire. Pas besoin d'ornement. Ses toiles sont stupéfiantes de narration alors qu'elles ne racontent aucune histoire. Une chaise, de dos, au loin, dans un rai de lumière, et on sent la chaleur du jour, on devine presque le parfum du dernier occupant ou le fumet qui parvient de la cuisine. Une femme de dos nous laisse lire davantage de sentiments par la posture de ses épaules que bien des femmes de face chez bien des peintres. Comment peut-il être si expressif sans expression ? C'est un mystère. 
      En parlant de mystère, j'ai passé un moment devant une toile représentant une étude de boulangerie. La lampe qui pendait au plafond paraissait, comment dire, véritablement éclairée. J'ai observé, changé d'angle, vérifié l'installation. Certes, les spots de la salle accentuaient le phénomène. Certes, le peintre avait usé d'une peinture d'un blanc à peine jaune contrastant à souhait. D'accord pour les astuces techniques. Mais quand même. Je le jure. Cette lampe, dans ce tableau, EST ALLUMEE ! ou donne tant l'impression de l'être que je ne m'en suis pas remise. D'ailleurs, dans le catalogue de l'exposition, je suis allée rechercher l'image et… mon sentiment subsiste. Il est fort, ce Vilhelm !

     Une citation au mur, que j'ai oubliée (en piètre reporter) parlait de lumière et de silence. Ses intérieurs dépouillés évoquent la paix. Pas le vide. Même lorsque personne n'est là, il s'agit d'un appartement. Ce lieu qui parle des habitants même en leur absence. Il n'est besoin de rien d'autre qu'une certaine lumière, sur un meuble "luisant, poli par les ans" (dirait Charles) pour créer de la chaleur, de la vie. 
     Au fond, c'est toute l'âme nordique du minimalisme qui se dessine là. Où certains voient du vide, voyons de l'espace. Où certains voient du dépouillement, voyons l'essentiel, l'humain. Et la lecture du temps, par l'angle du soleil. Le temps qui passe et les sensations qu'il procure lisibles par la taille du carré de lumière sur le mur du fond. On a tous des souvenirs anodins de ce genre, et pourtant chevillés à l'âme : le bruit des mouches qui bourdonnent dans une chambre, l'été, quand il fait trop chaud et que le volet baissé crée d'étranges reflets sur le mur d'en face. On est enfant et on s'ennuie. On s'absorbe dans ses sensations. Plus tard on se souviendra. Et un jour, on saura que dans cet ennui, on avait vécu. 

      Alors, oui. J'ai envie de davantage de couleur dans mon quotidien que ce peintre n'en montre dans ses toiles. Mais j'en absorbe le contenu comme celui d'une profonde sagesse vers laquelle il serait bon que je chemine.

mardi 23 avril 2019

Ce qui ne s'apprend pas

     Il y a quelques jours, l'évidence m'a sauté au visage.
     Cela fait des années que je réfléchis au côté néfaste de la râlerie, que j'essaie de me rééduquer, que je constate mes progrès et mes limites. Depuis 2013 je m'auto observe, j'avance un peu, je vois aussi comment les autres râlent en toute impunité ce qui a le don de saper mes efforts, preuve qu'il me reste du chemin à parcourir.
     Mais je n'avais pas fait cette corrélation pourtant évidente :
     Je râle parce que je suis stressée.
     Je suis stressée.

      Je ne me sens pas particulièrement stressée, au quotidien. Les gens qui me côtoient diraient sûrement que je ne m'inquiète de rien. Une collègue m'a rapporté une fois qu'une élève avait dit de moi "Oh, mais elle, elle est super zen, c'est impossible de l'énerver !". Et c'est un peu vrai.
       Je suis peu stressée.
       AU TRAVAIL.
       A la maison, il en va tout autrement. En moi, ça bouillonne. J'ai mille choses en tête, les contraintes horaires, les envies, les nécessités, les interruptions, une fois, deux fois, dix fois, par un, deux, trois enfants, et je ne peux pas vivre à mon rythme. Je me prends à rêver de grands moments de solitude. Le jeudi, jour off, est celui où je devrais relâcher cette impulsion. Mais je tiens tellement à y faire beaucoup que je me mets une autre sorte de pression : vite, ça, et puis ça, et puis faire mes 10000 pas, et puis lire ce livre, ah et celui-là, et le ménage, et cuisiner, et …

       J'ai toujours dû avoir un fond d'anxiété. De ce que j'en sais, la seule musculature qu'ont mes abdos est due au fait que je les contracte sans arrêt, par réflexe. Le corps ne se détend vraiment que dans le sommeil (ou un bon bain chaud, avec un livre) (mais pas trop longtemps parce que vite il faut aller dormir pour se lever tôt).

       En fin de compte, dans ce domaine, on n'a jamais aucune aide institutionnelle. A l'école, on t'apprend la conjugaison du futur antérieur, pas à respirer. La localisation de la Volga mais pas à faire le ménage. Les réactions chimiques du zinc mais pas à compter tes sous.

        Je ne rejette rien de tous ces apprentissages. Tant mieux qu'ils soient là. Mais pourquoi, pourquoi à aucun moment ne donne-t-on de pistes aux enfants, ou à défaut aux ados, ou à défaut aux adultes, sur ce qui les concerne TOUS, tous les jours, voire chaque minute ?

           Je dois apprendre à respirer. J'ai croisé la cohérence cardiaque, la méditation. Je sais que ce serait la réponse, mais mon problème est d'aller trop vite, vite, vite, et comment ralentir pour absorber la réponse ?
            Je n'ai jamais su faire le ménage. Dans ce domaine, comme dans beaucoup, tu te construis selon ton milieu, en imitation ou en opposition. La façon dont fonctionnait ma mère ne m'a jamais convenu. Je n'ai pas pour autant trouvé un fonctionnement optimal non plus.
             Je me souviens, à l'école primaire, qu'on nous ait expliqué (une intervenante extérieure) ce qu'étaient les intérêts bancaires. Quoi ? Tu pouvais GAGNER DES SOUS juste en laissant ton argent à la banque ??? incroyable. Pour la gamine de neuf ans que j'étais, c'était vertigineux comme idée. Toute petite initiation, certes. Mais quelques décennies plus tard, je me souviens encore de l'avoir eue, preuve que c'était plus important qu'il n'y paraît.

       Alors, en attendant il reste l'autoformation. Je lis des livres, comme toujours dès qu'il s'agit d'apprendre. Je teste, j'essaie d'avancer. Je commence "L'effet Télomère", histoire de me convaincre que le stress doit reculer dans ma vie. De le voir en face. Je vais lire "Clean my space", après avoir il y a longtemps beaucoup réfléchi grâce au livre de Marla Cilley "Sink Reflexions". Je lis beaucoup de livres sur l'indépendance financière.

     Mais toutes ces pistes pourraient être lancées tellement plus tôt. A sept, huit ans, un enfant est tout à fait apte à comprendre que respirer en paix (geste qu'on peut faire à tout instant) et non de façon saccadée et pressée (mon réflexe depuis toujours) a un effet profond sur le corps. Que l'argent se gère facilement si on sait quoi faire. Que quelques principes de régularité suffisent à garder un intérieur accueillant. Et j'ai encore l'impression de balbutier dans ces domaines.

     Retour des enseignements ménagers à l'école ? non. Pas forcément. Mais il est de mauvaise foi de considérer que toutes ces choses ne s'apprennent pas et sont évidentes. Personne ne sait les faire de la façon optimale dès la naissance. On respire, par nécessité. On vide la poubelle, idem. On ne dépasse pas le découvert autorisé, idem. Mais on pourrait faire tellement mieux pour nous et autrui, avec une impulsion. Et attendre que nos parents nous enseignent ce qu'ils n'ont jamais appris serait illusoire. J'aurais aimé parlé de yoga avec ma mère, tiens. Voilà qui l'aurait fait doucement rigoler.

      Work in progress, donc. Un chantier perpétuel, voilà comment je me sens. 
     Mais je connais mon envie d'apprendre, suis têtue, et trouverai mon souffle !

dimanche 14 avril 2019

J'ai osé

     Il y a quelques mois, ou était-ce l'an dernier ? j'étais allée au marché pour acheter des pommes.
     Oui. Je sais. Une vie si riche en rebondissements, c'est dingue.
     J'ai avisé une variété de pommes pas encore testées. Le panneau indiquait Idared. Ce nom m'a plu. Des pommes d'un beau rouge mêlé de jaune, qui clamaient "I dared", j'ai osé ! J'ai donc demandé celles-ci.
     "Ah, des Ida red !" m'a répondu le vendeur.
      Déception. Le rouge de l'audace, de l'intrépidité, de la honte peut-être, contenu dans ce nom original, devenait la quintessence du nom de base : un vague prénom (Ida) et un détail technique, du genre, la couleur, au hasard (red).

     Pas grave. Vendredi j'ai racheté des Ida red, que je continue en mon for intérieur à appeler des I dared. Et puis, j'ai filé les déposer à ma voiture pour aller à mon rendez-vous à la banque. 
       Et là aussi déception. A priori. Je voulais savoir si je pouvais emprunter pour un projet immobilier locatif, et combien, seule ; bref, sonder jusqu'à quel point la banque me suivait. La réponse est : pas très loin. On tombe sur 62 000e, cela pourrait être bien plus avec quelques paramètres à faire varier d'ici un an ou deux, mais même le double ne m'amène pas à mon objectif (plutôt de l'ordre de 200 000e). Alors quoi ? Je laisse tomber ? Je suis déçue, amère ? 
     Tout l'inverse. En sortant de la banque, la première chose qui m'a frappée, c'est à quel point je n'étais PAS déçue. Pas du tout. Et encore moins découragée. Au fond, cette réponse m'arrangeait un peu. D'abord elle m'autorisait à ne rien faire là, tout de suite, ce qui aurait été un peu tôt pour mes petits nerfs. Et puis, à vrai dire, le crédit n'est pas trop mon truc. Je veux l'indépendance financière, mais au prix d'une dépendance bancaire ? … dans une certaine mesure seulement. 
      Ah oui, je ne peux pas compter sur la banque ? pas de problème. Comptez sur moi. Je me débrouillerai en partie seule. J'accumulerai le plus d'épargne possible et quand je reviendrai vous ne demanderez qu'à m'aider. Parce que j'aurai bétonné mon projet comme jamais. Et j'aime les défis.
      En attendant, I dared. J'ai osé y aller, demander, vérifier. Je sais à quoi m'en tenir. Et ce n'est pas le rouge de la honte que j'ai senti sur mes joues, mais la stimulation du défi. 

vendredi 5 avril 2019

La Loi de l'Attraction : secret spirituel ou vaste fumisterie ?


AVERTISSEMENT : Ce qui suit n'est que mon avis. Je ne prêche pas. Je ne cherche pas à convaincre. Simplement à faire le point sur ce que je pense être vrai ou pas. Si votre avis diffère, n'hésitez pas à commenter, ça m'intéresse !

           J'ai vendu, dans mon dernier carton en partance vers Momox, le livre Le Secret, de Rhonda Byrne. Pour une raison simple : j'en avais un peu honte. Je sais assumer certains de mes (mauvais) goûts, pourtant. Mais garder ce volume me dérangeait. La couverture est décorative, certes. Mais très kitsch aussi. Le papier imprimé, glacé, façon grimoire à l'ancienne mais version commerciale, me posait problème. Le contenu aussi. A la fois, ça m'intéressait, et je sentais qu'il y avait quelque chose à creuser, d'où le livre resté chez moi pendant deux ou trois ans. Et en même temps, ça sentait la grosse connerie. Et j'aime pas les grosses conneries. Encore moins celles qui rapportent de l'argent à quelqu'un au détriment de quelqu'un d'autre. Je me sentais bête d'avoir acheté le livre, un peu ; pourtant pas déçue non plus. Il me fallait en être passée par là.

         Si vous ne connaissez pas le principe de la loi d'attraction, je résume en quelques mots : demandez, jour après jour, par écrit, en visualisant, ce que vous voulez, et agissez comme si vous l'aviez déjà. Et vous l'obtiendrez.
            Est-ce que ça semble complètement stupide ? Oui.
            Est-ce que ça marche ? Possible.
            C'est bien là que ça bloque. J'aimerais dire : vaste leurre, laissez tomber. Mais ce n'est pas si simple.
           Pour moi la loi d'attraction est exactement l'équivalent du placebo sur le plan médical. On se gausse, en disant "Ce n'est qu'un placebo", et on se trompe lourdement : un placebo est un miracle ! notre corps arrive à se guérir tout seul sur intercession de l'esprit, n'est-ce pas absolument formidable ? un effet placebo est mille fois plus encourageant qu'un médicament, il signifie que nous sommes autoguérissants !
          La Loi de l'Attraction me semble relever du même principe. Si tu y crois, ça marche. Si tu n'y crois pas, ça ne peut pas marcher. D'où mon problème à me sentir sceptique… mais je vais y arriver et trouver mon équilibre entre rationalité, sérendipité et synchronicité. Je le sais. Et je l'ai déjà vécu.

            1) Ce qui me dérange dans la loi d'attraction version commerciale

Je suis tombée sur le film Netflix l'autre jour, tiré du livre, ou l'inverse, on s'en fiche après tout. Même esthétique, même ambiance. On te murmure, limite, un secret des templiers à l'oreille (mais vendu à des millions d'exemplaires). On te plonge dans l'ambiance chevaliers, sceaux et coffres au trésor. Ridicule. Voix caverneuses. Le pire de tout : les experts convoqués, tant dans le film que dans le livre. AUCUN N'EST UNE POINTURE dans son domaine. Vous aviez déjà entendu le nom d'un de ces types et femmes, avant, vous ? Moi, non. Pourtant, je me cultive, quoi. Du coup petite technique qui fait bien : on convoque l'esprit des morts. Oh ! mais Platon, Beethoven, Hugo et Einstein connaissaient le Secret, voyez-vous ! ben voyons. Ils ne risquent pas de démentir, depuis qu'ils mangent les pissenlits par la racine.
            Bref.
            On se fout copieusement de notre gueule. Et ça se voit. Et en plus ça marche : non seulement on marche, mais on court. Même moi, qui VOIS tout ça, qui décode toute cette arnaque, je suis tentée, tellement tentée. Je sens qu'il y a quelque chose derrière. 

          2) Give it a go anyway - Essayez quand même, vous verrez

         Et pourtant j'y crois. Non pas au fait que j'attire dans mes filets ce que je veux par l'esprit, même si ça pourrait se traduire maladroitement par ça. J'y crois parce que j'ai compris comment ça POUVAIT fonctionner. Rationnellement. Tout comme je SAIS que le placebo existe vraiment, même s'il a l'air trop magique pour être possible. Lisez Le mystère du placebo, de Patrick Lemoine, vous verrez.

         Mon avis, qui n'engage que moi : 
Le secret n'en est bien sûr pas un. La loi d'attraction en elle-même est un nouveau nom pour faire croire qu'on a inventé quelque chose.
         Ces gens ont fait une chose simple : ils ont réinventé et laïcisé le concept de foi. Et pour ça, merci, car ce sont des personnes fort intéressées et malhonnêtes (je parle des personnes impliquées dans le livre et le film), mais qui mettent le doigt sur un élément dont nos sociétés se privent un peu. 
         CROIRE.
         Si je crois que c'est possible, fermement, j'agis comme si ça l'était. Et parfois
- je découvre que ça l'était (c'est juste moi qui n'étais pas allée voir)
- j'agis de façon à ce que ça le devienne (c'est juste moi qui n'avais pas fait les efforts).

        Exemple très simple. Si je dis à un de mes élèves : "Tu n'as pas compris les règles d'accord du participe passé", il constate qu'il n'a pas compris. Fera-t-il mieux ? Pas gagné. Je ne l'ai pas rassuré ni encouragé. Si je lui dis : "Tu as compris l'accord avec auxiliaire être mais pas celui avec auxiliaire avoir, revois ce point", il y a des chances pour qu'il soit plus confiant. Après tout je lui ai montré ce qu'il réussissait, et ciblé ce qui lui manquait.
          Quand on veut quelque chose, on s'interdit souvent tout simplement d'y croire parce que ça sort du cadre. Vous voulez être acteur. Vous savez que ce n'est pas un vrai métier. Vous y rêvez un peu comme ça, mais c'est tout. Frustration éternelle.
          Si on vous "enseigne" la loi de l'attraction, que se passe-t- il ? on vous a autorisé à y croire. Vous mettez en place des actions (prendre des cours, aller au théâtre…). Vous avez gagné en confiance puisque vous "attirez" votre destin par vos pensées. Vous êtes donc dans des dispositions positives. Des portes s'ouvrent parfois dans ces cas-là. En tout cas vous les cherchez, les portes, persuadé qu'elles existent, et vous avez donc bien plus de chances de les trouver. Serez-vous acteur ? oui ou non. Mais vous aurez côtoyé votre rêve. Peut-être changé d'avis en voyant le métier. Au moins vous vous serez approché de la lumière car VOUS VOUS Y SEREZ SENTI AUTORISE. Voilà le secret pour moi : croire qu'on a le droit de tout. Et c'est un fait : dans nos sociétés aujourd'hui, le plus lourd interdit est celui qu'on place sur nous-mêmes.

        Après, il y a les hasards et clins d'oeil. Mais bien sûr, y croire vous ouvre les yeux. Vous savez, quand vous achetez une paire de baskets de telle marque et tout à coup tout le monde a les mêmes dans la rue. Les gens avaient les mêmes la veille. Simplement, vous n'aviez pas éduqué votre attention à les repérer. 

        Et puis les gros hasards qui font douter. C'est magique ou pas ? Malicieux en tout cas. Et tant mieux. Idée plaisante que de jouer avec un "Tout là-haut", un destin, une direction. Exemple concret : je jouais depuis longtemps avec l'idée d'acheter un bloc de quelques appartements, pour les louer, comme investissement locatif. Un jour je flâne sur le Bon Coin, comme d'autres fois, et tombe sur pile ce que je veux, non pas dans la bonne ville ou le bon quartier mais dans LA RUE que je veux, exactement avec toutes les caractéristiques que je veux. Un truc de fou. Mais… deux fois trop cher. Même pas envisageable. J'aurais dû renoncer. Et pourtant prise d'une impulsion irrationnelle, je me dis : "Si la même chose en deux fois moins cher pouvait exister…". La probabilité était plus que faible. Je cherche sur d'autres sites. Je m'obstine. Je fouille vraiment. Et je trouve….
         La même chose. En vente dans la même rue, par la même agence, rénové de la même façon. Deux fois plus petit. Deux fois moins cher. 
             Improbable.
             Et jamais je n'aurais cru pouvoir acheter. Mais c'était tellement énorme que je suis allée voir ma banque. Pour savoir quand ce serait possible de faire ce genre d'investissement. La conseillère a regardé nos dossiers, on remboursait la maison encore pour quelques années, tout ça. Alors, quand ? Elle a levé les yeux et a dit : "Vous pouvez le faire maintenant". 
            Et nous avons acheté.
            Je ne vous dis pas que c'est magique, même si certains détails étaient dingues. Mais la part certaine, c'est que je n'aurais jamais cherché sans espoir d'y croire un peu. Quand vous demandez à l'univers 100 euros, et que vous les recevez, vous les auriez peut-être reçus quand même, mais pas vus de la même façon. 
             La loi d'attraction est une grosse connerie. La loi de l'attention et la loi de la foi sont puissantes. Elles nous font voir ce qui est à notre portée, et refuser que certaines choses nous échappent. Voilà le puissant moteur. 
            Bien sûr que ça marche.
            Tu m'étonnes.
           Alors jetons le folklore et gardons la foi !