dimanche 14 avril 2019

J'ai osé

     Il y a quelques mois, ou était-ce l'an dernier ? j'étais allée au marché pour acheter des pommes.
     Oui. Je sais. Une vie si riche en rebondissements, c'est dingue.
     J'ai avisé une variété de pommes pas encore testées. Le panneau indiquait Idared. Ce nom m'a plu. Des pommes d'un beau rouge mêlé de jaune, qui clamaient "I dared", j'ai osé ! J'ai donc demandé celles-ci.
     "Ah, des Ida red !" m'a répondu le vendeur.
      Déception. Le rouge de l'audace, de l'intrépidité, de la honte peut-être, contenu dans ce nom original, devenait la quintessence du nom de base : un vague prénom (Ida) et un détail technique, du genre, la couleur, au hasard (red).

     Pas grave. Vendredi j'ai racheté des Ida red, que je continue en mon for intérieur à appeler des I dared. Et puis, j'ai filé les déposer à ma voiture pour aller à mon rendez-vous à la banque. 
       Et là aussi déception. A priori. Je voulais savoir si je pouvais emprunter pour un projet immobilier locatif, et combien, seule ; bref, sonder jusqu'à quel point la banque me suivait. La réponse est : pas très loin. On tombe sur 62 000e, cela pourrait être bien plus avec quelques paramètres à faire varier d'ici un an ou deux, mais même le double ne m'amène pas à mon objectif (plutôt de l'ordre de 200 000e). Alors quoi ? Je laisse tomber ? Je suis déçue, amère ? 
     Tout l'inverse. En sortant de la banque, la première chose qui m'a frappée, c'est à quel point je n'étais PAS déçue. Pas du tout. Et encore moins découragée. Au fond, cette réponse m'arrangeait un peu. D'abord elle m'autorisait à ne rien faire là, tout de suite, ce qui aurait été un peu tôt pour mes petits nerfs. Et puis, à vrai dire, le crédit n'est pas trop mon truc. Je veux l'indépendance financière, mais au prix d'une dépendance bancaire ? … dans une certaine mesure seulement. 
      Ah oui, je ne peux pas compter sur la banque ? pas de problème. Comptez sur moi. Je me débrouillerai en partie seule. J'accumulerai le plus d'épargne possible et quand je reviendrai vous ne demanderez qu'à m'aider. Parce que j'aurai bétonné mon projet comme jamais. Et j'aime les défis.
      En attendant, I dared. J'ai osé y aller, demander, vérifier. Je sais à quoi m'en tenir. Et ce n'est pas le rouge de la honte que j'ai senti sur mes joues, mais la stimulation du défi. 

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