mercredi 30 janvier 2019

Perspective

     C'est intéressant, une perspective. Tu regardes un bâtiment, une montagne, un objet. Tu l'observes bien. Tu te fais ton idée sur le sujet.
     Et puis, tu te rapproches, tu t'éloignes. Tu fais le tour. Tu découvres tout autre chose. L'objet n'a pas changé mais ton regard posé sur lui, si.


     Exemple en direct (sans triche). Regardez la photo ci-dessus. J'ai fait comme d'habitude : photo avec mon téléphone (on est loin de la photo affûtée avec éclairage mesuré au parapluie sur fond neutre), envoi du document sur mon ordinateur via ma messagerie, insertion du document dans l'article.
     Sauf que non.
     La photo ne se transfère pas.
     J'essaie une fois, deux fois, récupère à chaque fois un brouillon vide dans ma boîte mail, m'impatiente, je vous ai dit que je n'avais aucune patience ? non parce que je n'ai aucune patience. Comme dans AUCUNE - PATIENCE. 
     Et puis c'est vrai, à quoi bon, elle est moche de toute façon, cette photo ? oui mais non. J'avais décidé de la mettre et puis qui est-ce qui décide, hein, les machines ou moi ?
    "Et pourquoi tu ne la mets pas dans l'article directement depuis le téléphone?" me souffle la petite voix de la raison tout à coup.
      Ah oui, tiens.
      J'y avais pas pensé.
      C'est juste si incommode d'écrire sur un écran miniature que je n'ai pas fait le lien. Mais au fond, pour une image, ça marche. La preuve.

     Bon, ce n'était pas du tout mon propos, mais on se rejoint. Regarde les choses autrement.

     J'ai lu il y a quelques années Opération bonheur, de Gretchen Rubin. Je vous recommande, d'ailleurs. Bon, je préfère le titre d'origine, Happiness Project, mais j'avais tellement aimé ce livre que je l'ai racheté en français pour pouvoir le prêter à des amies, et il est vrai qu'il a un peu circulé. Au passage, et je m'égare, Gretchen Rubin est un auteur très agréable, et j'ai été surprise une fois de la voir répondre à un mail où je lui citais un auteur, bref, passons - c'est toujours étonnant de voir que le nom sur la couverture du livre correspond à une personne "en vrai" qui peut te parler pour de vrai !

       Elle explique dans ce livre avoir porté, un temps, un podomètre pour mesurer à quel point elle bougeait… ou pas. La réponse étant plutôt, ou pas. Convaincue, j'ai alors acheté ce modèle, de la marque Omron, qui me suit donc depuis quoi, quatre ans ? (et deux piles seulement, ce qui est peu - actuellement, le signal de batterie faible s'allume, ce qui veut dire que je n'ai plus que 6 mois d'autonomie environ - et non je ne plaisante pas).
       Elle a assez vite cessé de le porter, une fois comprises les données qu'elle voulait en retirer. Moi, non. Je le glisse chaque jour dans ma poche, dans mon soutien-gorge, relié à une bretelle, un passant de pantalon, ou n'importe quoi qui dépasse, par un petit cordon. 
       Objectif officiel : 10 000 pas par jour. J'y parviens très rarement. J'aurais dû porter ce truc quand j'étais étudiante en ville, j'aurais explosé les scores tous les jours.
         Mais j'y ai gagné un bénéfice énorme. 

        Je me souviens avoir grimpé les marches du collège d'un pas lourd, jusqu'au deuxième étage. Encore une journée, encore un cours… 
               Cette lourdeur a disparu avec le podomètre. Il transforme l'effort en gain mesurable. Je fais les mêmes gestes mais ne les lis pas pareil. Encore un étage ? chouette, je gagne quarante pas. Une photocopie à faire en bas ? ah non je n'attends pas la pause, j'y vais tout de suite, ça me fera un aller-retour de plus ! Alors certes, les 10 000 pas sont atteints une fois par semaine, maximum. Mais j'ai sûrement doublé mes doses quotidiennes, et avec bonne humeur. Cela s'étend à d'autres aspects. Les volets roulants de la salle à ouvrir le matin ? Pfff, ça fatigue les bras. Ah oui ? Ah oui mais non ! ça les muscle ! voilà ce que j'ai décidé depuis septembre, depuis que j'ai décidé de faire de la danse, et je les ouvre à toute vitesse, parfois en équilibre sur un pied (… mais loin des regards pour protéger ma dignité). Une file d'attente au magasin ? En équilibre sur un pied, l'autre tout près pour faire semblant d'être debout, et le temps passe trop vite !
           Un autre bastion : le dos. Cette tendance à courber l'échine, à plier le dos, encouragée par les écrans, le travail assise à une table. La flemme de se tenir bien droit. Je commence à entrevoir une piste : quand je me redresse, à présent, je sens bien que cela soulage le ventre, le diaphragme, la cage thoracique. Alors, je ne me dis plus : "Tiens-toi droite". Mais "Soulage ton ventre". Et j'en retiens la sensation agréable, pas la contrainte. Ce n'est pas se mentir. C'est voir l'autre perspective.

dimanche 20 janvier 2019

Superposer

    Les vêtements d'été sont souvent agréables, légers, colorés, sympathiques à porter. Et on les met deux ou trois mois, pour certains quelques semaines voire quelques jours si l'été est pluvieux. Dommage.

Ma robe spéciale canicule, que je porte sans rien quand il fait 37 degrés (mais avec grand soin des sous-vêtements et une sérénité amoindrie en public), et que je portais vendredi en cours, sans aucune inquiétude que mes élèves voient dépasser quoi que ce soit, au moins. Ps : oui, je suis une quiche pour les selfies. Je ne sais pas en faire et ne veux pas en faire, car il y a tellement mieux à photographier que moi ! (bon d'accord j'admets je suis aussi une quiche sur les autres photos. Mais la quiche, c'est bon ? non ?) (il va falloir que j'envisage de clore cette légende qui prend des proportions ridicules) (mais on s'amuse bien, là, en même temps, pas vrai ?) (bon d'accord, j'arrête) (ou pas)(ou…)



     Je ne sais plus comment ça a commencé. Probablement, un jour, j'ai eu envie de porter une chemisette ou un t-shirt bien trop léger pour la saison, et j'ai basculé le pull sous le vêtement d'été. Cela me semble naturel. Mets ce qui te plaît et fais en sorte d'être confortable. Au chaud, en particulier !

     Alors voilà. Je superpose. Depuis des années, je continue à porter des vêtements légers en plein hiver. 
     Comment faire ?

- repérez des tenues d'hiver près du corps et confortables ; avec les superpositions, pas le moment d'être gêné aux entournures. Pull près du corps, leggings, jeans assez slim, le tout dans des couleurs assez neutres, voire noirs. Facile : si j'ouvre mes tiroirs j'ai du noir à foison. On dirait que l'hiver, les couleurs disparaissent. C'est triste, au fond. D'ailleurs je continue à porter un manteau couleur crème qui aurait bien besoin d'un gros nettoyage, mais je rechigne à l'échanger contre ma cape noire, parce que, quoi, tout est noir en ce moment (et si je traverse la rue les voitures m'éviteront mieux en blanc qu'en noir !).

- repérez des vêtements légers dont vous aimez la couleur, la matière, le motif, les broderies, que sais-je, et que vous aimeriez porter davantage… (…s'il ne faisait pas 3 degrés dehors par exemple).

- Enfilez le pull tout simple à même le corps et le haut / la robe par-dessus.

Surprise ! non seulement ça ne choque pas, mais c'est même plutôt joli et très confortable. 

Bonus : un pull à même la peau tient plus chaud qu'avec un t-shirt par-dessous (mais si vous êtes frileux, l'un n'empêche pas l'autre). 

Double bonus : plus besoin de se poser les "questions d'été" du genre : ce haut est-il trop décolleté, voit-on ma culotte à travers cette robe ? On s'en fiche. On ne voit rien. J'ai un petit haut TRES échancré, jaune vif, dont j'adore la forme mais qui procure une vue assez plongeante sur mon (maigre) décolleté. J'ai toujours du mal à le porter au travail, n'étant pas très grande, chacun peut plonger le regard dans ce coin-là. Certes, il n'y a pas grand-chose à voir, mais quand même. Quoi de plus agaçant que de se soucier quatre fois par heure de la position d'une bretelle ? Vous les hommes ne connaissez pas ça, bienheureux que vous êtes. Eh bien, ce petit haut jaune, par-dessus un pull noir tout simple, me procure l'agrément d'une touche de couleur et zéro question sur la décence. Très reposant.

Triple bonus : au lieu d'avoir la sensation de monotonie, de vouloir changer de garde-robe, on peut bricoler avec ce qu'on a et trouver de nouvelles combinaisons. L'autre jour, m'est venue l'idée de mettre deux robes l'une sur l'autre. Une robe-pull noir à col roulé usée par l'âge et que je n'aime plus tant, mais pratique (Marie Kondo m'aurait dit de la jeter depuis longtemps). Une bleue vif structurée, à haut carré, légère, que je porte souvent quand il fait 35 degrés, mais aussi en toute saison sur un jean et un haut. Cela paraissait saugrenu. En testant, plus tellement. Et la seule remarque que j'ai eue au travail, c'est une collègue qui m'a dit : "Ah, j'adore ta robe!" (… et là tu te retiens de répondre : laquelle, celle du dessus ou celle du dessous ?).

Quadruple bonus : on profite vraiment de ces vêtements trop peu portés, on les use, on les savoure, on ose la paillette en janvier, on rééquilibre l'usure de la garde-robe qui généralement se traduit par "un petit haut intact car porté trois fois en juillet" et "un haut basique tout étiré car si pratique à longueur d'année. Comme je fonctionne de plus en plus par capsule wardrobe, ce rééquilibrage me va très bien. C'est évidemment plus économique, du coup. Dans le genre, savoure tout jusqu'au bout. Use up what you have !

Je pourrais peut-être trouver un quintuple bonus mais ça finirait par sembler malhonnête ! 

Faites le test, juste un instant. Repérez une parfaite tenue de "dessous" : des choses plutôt près du corps, pour ne pas être engoncé, et de couleur simple. Repérez la robe, le haut, le vêtement que vous regrettez de ne pas pouvoir porter pour encore plusieurs mois. Et superposez !
      Vous fera-t-on une remarque ? 
Possible, on m'en fait. Du genre "Ah, ça fait du bien de la couleur!". 
Pensera-t-on que vous êtes bizarre ?
Probablement pas. Et quand bien même ? Si bizarre est à la fois plus pratique, décent et confortable ? où est le problème ?

mercredi 16 janvier 2019

Tirelires



Mes tirelires dans leur habitat naturel 
(au fond, un ancien portefeuille dans lequel je conserve quelques billets d'avance)

   Pour commencer, j'aime bien le mot. Tirer quelques lires, quelques pièces anciennes ou italiennes, voilà ce que cela évoque, un nom léger, tressautant, qui fait sourire. Sans parler du gentil cochon rose qu'on imagine facilement.
    Et puis, c'est un ode aux petits efforts répétés. Une piécette ici, une autre là, vaillamment, inlassablement accumulées, vers un objectif qu'on bâtit petit bout par petit bout. Certains diraient que c'est ridiculement lent. Mais la persévérance, la beauté de construire par minuscules avancées un projet qui grandit… Du concret. 

     J'ai trois petites tirelires, à vrai dire, quatre, depuis trois jours.

     Pourquoi autant ? A chacune son objectif. Séparation des projets. J'y crois beaucoup : plus net, plus simple. De la même façon que j'ai un compte d'épargne uniquement pour déposer les cautions de nos locataires : pas de confusion possible. 

     La première est arrivée début décembre, le 1er, même. J'ai ouvert la petite enveloppe concoctée par une amie, pour notre calendrier de l'Avent à trois personnes, six mains, enfin tout dépend si on écrit de la main gauche… Bref. Sur le message : "Je commence une cagnotte". J'ai souri. Retrouvé un petit encrier que je garde parce qu'il est joli, mais n'utilise pas, faute de savoir à quoi. Glissé dedans une pièce. Ce serait une pièce par jour, au hasard. En lisant ses mots, j'ai eu l'impression que mon amie me faisait un cadeau : elle m'autorisait à m'en offrir un, moi-même. J'ai décidé que ce serait ma cagnotte-à-pashmina : vous savez, le fameux… le bleu cobalt. Si si. Finalement, je suis sûre. A 229e pièce, sachant qu'au bout d'un mois j'atteins dix euros, ce n'est pas pour demain. Pas grave. Pas pressée. Je suis en marche. Je marcherai tout doucement.


     J'avais souri en lisant son message car je connaissais la suite. Jour 6, mon enveloppe à moi : deux petites maisonnettes de papier à décorer, assembler. Deux tirelires. Une pièce chaque jour dans chacune. L'une est pour le plaisir, l'autre pour un grand projet, du genre inaccessible.
      A la fin de chaque mois, je compte le montant de la première. Je trouve quelque chose qui me ferait plaisir, quelque chose de simple, de peu coûteux (forcément…). Fin décembre, j'avais 12,63 euros. J'ai opté pour une bouteille d'eau plate, du genre de celle que Koyangi évoque dans son blog. Pouvais-je vivre sans ? bien sûr que oui. Suis-je contente de l'avoir ? Tout autant. Format pratique, étrangement, je la vide plus vite que l'ancienne, à contenance égale, parce que…eh bien… elle est bien plus rapide à sortir de mon sac.

     Oui. Je sais. C'est navrant.
     Je suis si flemmarde que le moindre obstacle entre la bouteille et moi freinait ma consommation d'eau. 
     C'est ainsi. Soyons pragmatique. Tu as un obstacle ? Tu peux le contourner ? Alors vas-tu vraiment rester planté devant à attendre qu'il s'évapore? 
      Fais le tour, bon sang.

     La deuxième tirelire, celle pour le grand projet, n'a pas vocation à être vidée, dilapidée, éliminée mois après mois. Pourtant, je l'ai vidée fin décembre.
      Mon projet à moi, c'est l'immobilier. Acheter des logements de qualité, les meubler de façon pratique et confortable, les mettre en location et gagner (une partie de) ma vie ainsi. Manifestement, ce n'est pas avec la petite monnaie au fond de mon sac à main que j'y arriverai. Encore que ? Tous les matins, glisser une pièce. A la fin du mois, totaliser. Retenir le chiffre rond (c'était quoi, 7 euros cette fois ?). L'ajouter au virement que je fais chaque mois sur mon PEL. C'est toujours ça. Je construis mon projet à doses homéopathiques. Mais il se consolide aussi dans ma tête, j'y pense, je l'envisage et j'y crois. J'investis dans ma conviction que j'y arriverai.
    Et puis quoi ? Un marathon commence bien par un mètre, puis deux, puis trois. Laissez-moi faire mes trois centimètres tranquille. Ils seront suivis d'autres. 
     J'ai écrit "FIRE" sur le côté pour l'acronyme de cette tendance, plutôt américaine : "Financial Independance, Early Retirement". Indépendance financière, Retraite Précoce; en somme. J'avais envisagé, auparavant, Plan d'Indépendance Financière, mais franchement, PIF, ça le fait moins que FEU… non ? :)

     L'idée de consacrer chaque mois un peu d'argent à son plaisir personnel et à investir m'était venu du livre Les Secrets de l'esprit millionnaire, de T. Harv Eker. Quelques bons principes à en tirer. Cela m'avait semblé le bon sens en action et la conjugaison des petites joies : profiter de la vie un peu tout de suite et savoir bâtir sur le long terme aussi.
     

     La dernière cagnotte est une petite besace de pèlerin, retraitée depuis quelques jours. Depuis des années, elle m'a servi de porte-clef au travail, se trimballant dans les étages, ligotée par des rubans retenant mes clefs, tassée dans la poche arrière de mon jean pendant les pauses. Désormais, elle reçoit un euro par jour… les bons jours. J'y reviendrai. Disons, pour faire simple, que je tente de détricoter une mauvaise habitude en la mettant en balance avec un souhait plus grand. Tout ceci est vague mais promis, plus d'explications bientôt. Car on se laisse dérober du temps d'attention, du temps de vie, et je plaide bien trop coupable. Que cela cesse ! (répéter dix fois avec un chamallow dans la bouche). 

     Quand j'étais petite, j'avais récupéré une boîte à thé en métal, percé une fente Dieu sait comment dans le couvercle, j'y avais glissé la seule pièce que j'avais à l'époque, vingt centimes, attention ! vingt centimes de francs ! (six fois moins qu'aujourd'hui). Faute d'argent à ajouter, j'avais noté sur un petit papier : "Acheter une maison". Et l'avais glissé dedans. Aujourd'hui, je me sens fidèle à la petite fille qui voulait acheter une maison. Je l'ai fait. Et le ferai encore. D'une certaine façon, mes vingt centimes sont toujours là, pleins d'espoir.

samedi 12 janvier 2019

Pire

     La prise de conscience est toujours une étape cruciale.

     Mais pas du tout suffisante. 

     Quand j'étais phobique du sang, des hôpitaux et du domaine médical en général, j'ai creusé la question et pu graduellement détricoter les causes (pas bien enfouies, d'ailleurs, mais passons). Cela ne m'a pas empêchée de me sentir longtemps très mal à l'aise, le mot est faible, dans tout contexte médical, et aujourd'hui encore, si je vois passer une ambulance tous phares allumés, j'ai un rush d'angoisse (pour l'anecdote, l'action étant l'antidote de la peur, j'ai pris l'habitude de murmurer, en moi-même ou à haute voix : "Merci de les aider !" à chaque gyrophare qui passe, aucun moyen de savoir si l'énergie cosmique sollicitée les aide vraiment, mais à défaut d'autre chose ça m'apaise, moi, et transforme la paralysie en soutien moral).

     On s'égare, là, non ?

     Je suis la reine de la digression. Les élèves essaient toujours de me faire parler de tout et de rien parce que je suis très endurante dans ce domaine (et que ça leur évite de noter quoi que ce soit).

     Tenez je recommence. Une digression sur les digressions.

     De pire en pire.

     DONC, jeudi, je suis allée faire un complément de courses. Deux articles s'avéraient nécessaires : des couches pour mon petit et du tofu pour mes soupes miso au travail. Mais mon homme me dit au passage : "Tiens, tu prendras du chocolat aussi ? Et de la viande peut-être ?". Zut. J'avais une autorisation verbale à exagérer. Il faut dire qu'on va acheter les couches et le chocolat chez Lidl, qui n'est pas un modèle d'entreprise confortable pour ses employés mais fournit cependant des produits parfois très bons pour pas cher. Contradictions, encore. 
     J'ai donc pris deux paquets de couches, un stock de tablettes de chocolat, des filets de poisson pané, des paupiettes en grande quantité et promotion, des sushis qui m'ont fait culpabiliser (j'aime tellement ça et on n'en avait tellement pas besoin) jusqu'à ce que mon homme saute de joie en les voyant à table (merci chéri), qu'est-ce que j'oublie ? ah, des noix de cajou. A la Biocoop d'à côté (oui, juste à côté… aussi contradictoire que je le suis), du tofu et des lentilles-en-vrac-bio-locales (pour une fois que j'achète un truc officiellement bon pour l'homme et la planète, je le souligne).
     Plus, hier, une galette pour le grand fiston qui devait aller voir des collègues de l'été, et puis une pour nous du coup parce que quand même, et du pain.

      Mon objectif de 80 euros, lundi, m'amène à une semaine à 170 euros à peu près.

     C'est là que je lancerais des rires enregistrés, si on était dans une série télé.
     Seule idée pour remettre tout ça sur des rails : ne pas aller faire de courses lundi et passer la semaine prochaine avec tout ce qu'on a en réserve. Cela semble délicieusement audacieux, pourtant ça ne devrait pas être trop dur, n'exagérons pas. Donc, demain, je ferai les menus exclusivement avec le stock actuel. On aura peut-être à racheter du pain. Voilà.

     J'ai réfléchi à ma névrose du placard vide et une idée m'est venue : pourquoi ne pas me faire, dans un coin de placard peu accessible, un "emergency pantry", un garde-manger d'urgence ? (à force de lire en anglais, les mots me viennent en anglais). Une boîte en plastique hermétique où je laisserais quelques basiques : pâtes, riz, conserves… une douzaine d'articles absolument inévitables, à toujours avoir de côté. But visé : savoir que OUI je peux me détendre et fonctionner en utilisant mon placard normalement, sans m'inquiéter de le voir plus ou moins se vider, car AU PIRE j'ai une sauvegarde sur disque dur… dans boîte hermétique, veux-je dire. Finalement c'est ce que j'ai fait le mois dernier sur mon compte courant.

     Digression ? 

    Pas vraiment. C'est vraiment la même idée. J'ai besoin de sécurité. Enormément. Alors autant y répondre, pour arrêter de se prendre la tête. 

     J'ai généralement sur mon compte courant quelques centaines d'euros, de moins en moins au fil du mois, et entre 100 et 200 en fin de mois. Pas un problème en soi mais si une facture importante tombe, ça devient juste. Sauf que si je garde 800 euros sur mon compte, je me sens riche et ai envie de passer quelques commandes internet parce que, allez, avec tous ces sous, pourquoi pas !
     Je voulais avoir la réserve suffisante, mais la neutraliser pour mon esprit. Avoir TOUJOURS de quoi payer n'importe quel imprévu mais sans appel au crime. Voilà pourquoi je virais toujours tout excédent sur mon livret A, mais je n'aime pas le revirer en cas d'urgence, cela manque de la stabilité recherchée.
        Alors j'ai décidé d'ajouter 1000 euros sur mon compte courant. Je fais tout comme avant PLUS mille euros. Au lieu d'avoir 450 euros en milieu de mois, j'ai 1450. Après test en décembre, ça marche très bien : si nécessaire, j'ai de quoi parer n'importe quelle facture, et spontanément, mon esprit gomme très bien le 1 du début, et j'ai intégré sans problème le fait que les 1000 ne sont qu'un matelas virtuel, pas là pour être dépensés. Cela n'aurait pas marché avec 500 euros, j'en suis sûre. C'est le compte rond qui aide. 
       Alors voilà pour ce mois en cours : trouver une boîte hermétique. Dégager le lieu où je la rangerai. La garnir de quelques nécessités qui dépannent, de quoi faire quatre ou cinq repas. Et ensuite, arrêter de me tracasser parce que je ne saurai plus si j'ai une boîte de tomates pelées d'avance. Puisque je saurai que oui.

     Très imparfaite et en progrès. Qu'est-ce qu'on va s'amuser, cette année !

mercredi 9 janvier 2019

Raté

     Lundi soir, me voilà partie, liste en poche, pour l'approvisionnement de courses hebdomadaire. Objectif : 80 euros maximum.
         Bon. Soyons honnête. J'étais moyennement confiante. Parce que 

1) je suis un peu névrosée de la bouffe. Non que j'aie souffert dans mon enfance, mais j'ai quand même souvenir de menus TRES monotones, de peu de réjouissances et d'avoir le choix entre pareil et… toujours pareil. Quand j'étais petite, on coupait les bananes en deux, ce devait être un luxe excessif d'en manger une entière. Je n'interrogeais pas ces comportements puisque notre environnement nous est naturel. Mais j'ai souvenir d'avoir noté, dans mon journal, à dix ou onze ans, que mon père avait acheté des yaourts au citrons, youhou, c'est dire si c'était fête !

2) j'avais une liste un peu longue, quand même, et des oublis qu'il a fallu combler dans les rayons parce que d'accord, les économies sont importantes, mais si je n'ai pas deux paquets de café dans le placard, je ne réponds plus de mes nerfs (et il en est de même pour le beurre et un nombre un peu trop conséquent d'articles).

     Bonne nouvelle : j'ai omis deux achats prévus. Un petit panier pour compléter une série de 2, normalement 2,50 e, mais plus disponible. Tant pis. Un filtre à café permanent vu que le nôtre a un petit trou. 3,50e, disponible, mais je me suis dit que l'actuel pouvait finir de rendre l'âme tranquille.

      Verdict ?
      Vous avez vu le titre.
      Raté. Mais alors, raté. 


Voilà l'estimation avant passage en caisse. (Moins 1 euro, parce que j'ai appuyé par erreur sur le bouton en prenant mon compteur en main pour la photo…mais au point où on en est !).
     J'utilise ce petit compteur, glissé dans la poche, au fil des courses pour consigner une estimation grossière de ce que j'achète. Je pourrais utiliser les douchettes pour le scan achat, après tout, sauf que chercher le code-barre sur le produit me gonfle, que je n'aime pas l'objet (et surtout pas le côté "automatisons le travail pour pouvoir licencier une hôtesse de caisse à terme), et même si je passais ensuite à une caisse ordinaire, c'est trop gros, trop lourd et trop précis.
     Eh oui. J'aime bien mon estimation à la louche. J'entre le montant arrondi des articles qui finissent dans le caddie. Toujours un peu à la hausse comme ça j'ai plutôt une bonne surprise qu'une mauvaise au compteur. 
     Lundi, j'en ai eu en fait pour 99,60 euros.

Un bon coffre, quoi.
Alors ? Pourquoi ça ne me va pas ?
Nous sommes 5 à la maison, dont 3 enfants, mais qui commencent à manger plutôt pas mal. Ajoutons la présence de mon beau-fils dès ce soir (il a fini ses partiels) pour certains jours (finalement il a quand même un partiel samedi). 

     J'ai fait une liste rapide et des menus grossièrement. Sans menus, c'est toujours pire. Mais je sais que je n'ai pas procédé de façon optimale. Note à moi-même pour la prochaine fois : 

- fais les menus à un moment de calme et pas la veille dans l'urgence

- commence par faire le tour exact du frigo, des placards, du congélateur

- liste tout ce qui est entamé et qui doit être casé dans les menus, et fais en fonction (ça c'est l'ultime réussite, mais je n'arrive jamais à m'y astreindre, trop de contraintes, à force).

     Un peu de résistance passive aussi, parce que crotte, c'est toujours moi qui m'y colle, et j'ai HORREUR DE PLANIFIER, ou plus exactement, des préparatifs. Mais je n'aime pas non plus l'imprévu (ou comment on est mal barré).

     Donc, 100e pour 5/6. Plus des couches à acheter ce week-end et quelques compléments, plus du pain. On en sera à quoi, 130 ? ce qui fait quand même beaucoup. De mon point de vue.

           Entrons dans le dur :
Dans la liste, des indispensables, tout de même, en majorité. En jaune, ce qui n'était pas indispensable ou pouvait attendre la fois prochaine. Voilà quelque chose pour lequel je suis nulle : attendre. Toujours peur d'oublier, de manquer… on dirait que j'ai vécu la guerre. Pourtant quelle chance que ce ne soit pas le cas.

- des pâtes. 66 centimes… mais on a déjà trois kilos à la maison (oui mais pas la même forme, et que des pâtes longues, alors que…)

- de la salade. Il nous en restait, cet euro 89 pouvait attendre, surtout pour des salades sous emballage venant d'Espagne (oui mais elles sont prêtes à consommer, se gardent mieux, et j'ai toujours espoir qu'on se mette à manger davantage de légumes, et j'ai horreur de laver la salade)

- un pamplemousse et un kaki, pour un euro en tout à peu près (mon fils voulait goûter un pamplemousse, il a huit ans, le pauvre, il n'a jamais testé ! c'est vrai qu'on n'est pas fan, ici, mais il faut vivre dangereusement… et le kaki, c'est à cause d'un livre sur le Japon que j'ai fini dimanche où il y avait un passage trop beau sur les kakis dorés comme des boules de Noël et… et puis ça a quel goût déjà ? au moins on saura)

- une galette des rois, objet de convoitise et de culpabilité, même si au fond c'est assez puéril, toutes ces questions pour si peu (presque 6e, était-ce nécessaire ? oui mais j'adoooore la galette, et puis j'en ai fait une ce week-end mais elles ne sont jamais aussi feuilletées, et puis pour une fois…).

Bref. Contradiction sur pattes ? me voilà. Du bio, du premier prix, du marques distributeur, de tout (sauf des grandes marques qui font de la pub, ça, rarissime). Des "essentiels" dont j'ai préféré me passer (2e les 3 rouleaux d'essuie-tout ? sans blague ! ça attendra, on vient d'entamer le dernier rouleau et il va nous durer six mois comme toujours), des superflus que j'ai préféré prendre (des biscuits à la cuiller parce que je veux faire un vrai tiramisu, pour une fois), des trucs en vrac et des (sur)emballés. 

      Verdict : oh et puis crotte. Je ferai mieux la prochaine fois. Considérons l'objectif de 80e comme l'équivalent de 160 pour deux semaines. On verra à la fin de la semaine combien il restera sur cette somme pour compléter lundi prochain… ou pas…

     Vous vous posez autant de questions en faisant vos courses, vous ? Je comprends qu'on ait des produits préférés. Je prends toujours le même café bio-équitable marque magasin, le même. Au moins un produit pour lequel je n'ai pas à réfléchir ! c'est épuisant de penser !


vendredi 4 janvier 2019

Cahier


     J'aime mes petits cahiers. J'en ai plusieurs en cours : un journal, depuis…depuis toujours ? presque : depuis mes neuf ans et demi, en fait. Un cahier de comptes, pour suivre mes dépenses et autres considérations financières. Depuis trois ou quatre ans, un bullet journal, que je n'appelle pas ainsi ni "bujo" mais juste cahier, parce que le mot ne me plaît pas (tout comme j'ai toujours appelé "turbulette" ce que d'autres nomment "gigoteuse", juste parce que je n'aime pas le mot, alors pourquoi faudrait-il l'utiliser alors que tant d'autres font l'affaire ?). Un petit cahier pour noter quelques anecdotes sur les enfants, et qu'ils puissent les (re)découvrir quand ils seront plus grands. Un autre pour quelques notes sur les cours de danse, histoire de ne pas faire à chaque fois la même erreur sans progression. 

     Sans calcul particulier, mon cahier à organiser, "bujo", donc, s'est terminé à point fin décembre. J'avais prévu de commencer l'année avec un nouveau. La fraîcheur du départ tout neuf. Toutes ces pages en réserve qui se garniront au fil des idées, projets, lectures… J'ai choisi ce modèle, parce qu'il me plaisait tout simplement. Pas besoin de certaines pages : la page "Key" pour noter ses symboles, même la numérotation en bas de page, ne me servent à rien. J'aime faire à ma façon. Au fur et à mesure. Il faut que ce soit intuitif. Si j'ai besoin de retrouver une section vite fait, je n'irai pas consulter un index : je marque la page au masking tape. Mille fois plus rapide et efficace. 

     Après avoir vu cette vidéo inspirante, j'ai eu envie d'un peu plus de décor que d'habitude - sachant que c'est absolument rudimentaire en général car je veux un cahier agréable mais avant tout, efficace et rapide à compléter. Les fioritures, pas pour moi ! Elles sont belles à regarder mais trop longues à faire, et il y a trop de livres à lire sur cette planète à la place…
     Les décos surchargées ne me parlaient pas mais j'ai été fascinée par la page d'accueil et ai tenté la même idée, à savoir laisser en creux les chiffres pour dessiner autour. Ah, petit problème : je ne sais pas dessiner. Et alors ? Fais simple ! Tu sais faire des ronds ? Bon, en fait non, pas de vrais beaux ronds. Tu sais faire des sortes de ronds ? ça ira très bien  !

     Alors j'ai pris ce cahier, me suis installée devant une émission écoutée d'une oreille à la télé, et j'ai tracé mes chiffres au crayon. Puis fait des ronds. De toutes sortes. Et j'ai obtenu le résultat attendu, à savoir quelque chose d'imparfait (forcément) mais dont l'imperfection me plaise. Si tu n'as pas le talent, sois tenace, et tu otiendras un résultat !

     Belle année 2019 à vous tous, et elle sera bonne, à n'en pas douter, puisqu'au moment où j'écris ces mots au fond du lit, le soleil levant me dévisage avec insistance...