samedi 12 janvier 2019

Pire

     La prise de conscience est toujours une étape cruciale.

     Mais pas du tout suffisante. 

     Quand j'étais phobique du sang, des hôpitaux et du domaine médical en général, j'ai creusé la question et pu graduellement détricoter les causes (pas bien enfouies, d'ailleurs, mais passons). Cela ne m'a pas empêchée de me sentir longtemps très mal à l'aise, le mot est faible, dans tout contexte médical, et aujourd'hui encore, si je vois passer une ambulance tous phares allumés, j'ai un rush d'angoisse (pour l'anecdote, l'action étant l'antidote de la peur, j'ai pris l'habitude de murmurer, en moi-même ou à haute voix : "Merci de les aider !" à chaque gyrophare qui passe, aucun moyen de savoir si l'énergie cosmique sollicitée les aide vraiment, mais à défaut d'autre chose ça m'apaise, moi, et transforme la paralysie en soutien moral).

     On s'égare, là, non ?

     Je suis la reine de la digression. Les élèves essaient toujours de me faire parler de tout et de rien parce que je suis très endurante dans ce domaine (et que ça leur évite de noter quoi que ce soit).

     Tenez je recommence. Une digression sur les digressions.

     De pire en pire.

     DONC, jeudi, je suis allée faire un complément de courses. Deux articles s'avéraient nécessaires : des couches pour mon petit et du tofu pour mes soupes miso au travail. Mais mon homme me dit au passage : "Tiens, tu prendras du chocolat aussi ? Et de la viande peut-être ?". Zut. J'avais une autorisation verbale à exagérer. Il faut dire qu'on va acheter les couches et le chocolat chez Lidl, qui n'est pas un modèle d'entreprise confortable pour ses employés mais fournit cependant des produits parfois très bons pour pas cher. Contradictions, encore. 
     J'ai donc pris deux paquets de couches, un stock de tablettes de chocolat, des filets de poisson pané, des paupiettes en grande quantité et promotion, des sushis qui m'ont fait culpabiliser (j'aime tellement ça et on n'en avait tellement pas besoin) jusqu'à ce que mon homme saute de joie en les voyant à table (merci chéri), qu'est-ce que j'oublie ? ah, des noix de cajou. A la Biocoop d'à côté (oui, juste à côté… aussi contradictoire que je le suis), du tofu et des lentilles-en-vrac-bio-locales (pour une fois que j'achète un truc officiellement bon pour l'homme et la planète, je le souligne).
     Plus, hier, une galette pour le grand fiston qui devait aller voir des collègues de l'été, et puis une pour nous du coup parce que quand même, et du pain.

      Mon objectif de 80 euros, lundi, m'amène à une semaine à 170 euros à peu près.

     C'est là que je lancerais des rires enregistrés, si on était dans une série télé.
     Seule idée pour remettre tout ça sur des rails : ne pas aller faire de courses lundi et passer la semaine prochaine avec tout ce qu'on a en réserve. Cela semble délicieusement audacieux, pourtant ça ne devrait pas être trop dur, n'exagérons pas. Donc, demain, je ferai les menus exclusivement avec le stock actuel. On aura peut-être à racheter du pain. Voilà.

     J'ai réfléchi à ma névrose du placard vide et une idée m'est venue : pourquoi ne pas me faire, dans un coin de placard peu accessible, un "emergency pantry", un garde-manger d'urgence ? (à force de lire en anglais, les mots me viennent en anglais). Une boîte en plastique hermétique où je laisserais quelques basiques : pâtes, riz, conserves… une douzaine d'articles absolument inévitables, à toujours avoir de côté. But visé : savoir que OUI je peux me détendre et fonctionner en utilisant mon placard normalement, sans m'inquiéter de le voir plus ou moins se vider, car AU PIRE j'ai une sauvegarde sur disque dur… dans boîte hermétique, veux-je dire. Finalement c'est ce que j'ai fait le mois dernier sur mon compte courant.

     Digression ? 

    Pas vraiment. C'est vraiment la même idée. J'ai besoin de sécurité. Enormément. Alors autant y répondre, pour arrêter de se prendre la tête. 

     J'ai généralement sur mon compte courant quelques centaines d'euros, de moins en moins au fil du mois, et entre 100 et 200 en fin de mois. Pas un problème en soi mais si une facture importante tombe, ça devient juste. Sauf que si je garde 800 euros sur mon compte, je me sens riche et ai envie de passer quelques commandes internet parce que, allez, avec tous ces sous, pourquoi pas !
     Je voulais avoir la réserve suffisante, mais la neutraliser pour mon esprit. Avoir TOUJOURS de quoi payer n'importe quel imprévu mais sans appel au crime. Voilà pourquoi je virais toujours tout excédent sur mon livret A, mais je n'aime pas le revirer en cas d'urgence, cela manque de la stabilité recherchée.
        Alors j'ai décidé d'ajouter 1000 euros sur mon compte courant. Je fais tout comme avant PLUS mille euros. Au lieu d'avoir 450 euros en milieu de mois, j'ai 1450. Après test en décembre, ça marche très bien : si nécessaire, j'ai de quoi parer n'importe quelle facture, et spontanément, mon esprit gomme très bien le 1 du début, et j'ai intégré sans problème le fait que les 1000 ne sont qu'un matelas virtuel, pas là pour être dépensés. Cela n'aurait pas marché avec 500 euros, j'en suis sûre. C'est le compte rond qui aide. 
       Alors voilà pour ce mois en cours : trouver une boîte hermétique. Dégager le lieu où je la rangerai. La garnir de quelques nécessités qui dépannent, de quoi faire quatre ou cinq repas. Et ensuite, arrêter de me tracasser parce que je ne saurai plus si j'ai une boîte de tomates pelées d'avance. Puisque je saurai que oui.

     Très imparfaite et en progrès. Qu'est-ce qu'on va s'amuser, cette année !

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