jeudi 22 février 2018

Relire

     Parmi les ouvrages empruntés samedi, Relire, de Laure Murat (éditions Flammarion). Je l'avais pris dans ma moisson précédente, ouvert vendredi matin, découvert qu'il m'intéressait vraiment mais pas pu dépasser la page 170 d'ici le soir. J'ai courbement attendu que la bibliothécaire passe avec son petit chariot, le dépose dans le rayon, pour le reprendre, l'air de rien. Non qu'il manquera à quiconque, j'imagine. Mon forfait sera oublié au prochain retour.

     J'ai toujours beaucoup relu. Enfant, il me semble que nous avons tous le réflexe de recommencer ce qui nous plaît. Revoir un film, relire un livre, revivre le moment rituel de plaisir. La relecture dans mon cas était aussi commandée par le nombre limité de livres qui ont pu m'entourer à un moment, j'imagine. Je me souviens avoir scotché une feuille supplémentaire dans le cahier d'emprunts à l'école, lisant un à un tous les livres disponibles de la classe. C'était en CM1, peut-être. Je me souviens, en CE1, finir plus vite que tous le monde les exercices parce qu'après, on pouvait aller lire seul au fond, dans le coin bibliothèque. A la maison, très peu de livres d'enfants. On n'en achetait guère. On n'achetait rien, globalement. J'ai été sauvée par mon insistance à m'inscrire à la bibliothèque municipale. Dès lors, chaque samedi après-midi, le ballet des livres se faisait. Trois ou quatre par semaine, je suppose. 

     Relire a toujours été évident. Relire pour retraverser le plaisir, retrouver les personnages qu'on a bien aimés. Relire pour débusquer les petits détails qui nous auraient échappés à première découverte. Mais relire trop souvent fait "rétrécir", je l'ai largement éprouvé. On finit par épuiser la matière brute. Sauf en littérature, naturellement, la grande, où les mots sont la matière, plus que l'intrigue, et portent un terreau infini. C'est peut-être à cela qu'on reconnaît un livre précieux. L'envie de le relire ne passe jamais. 

     J'ai relu ensuite pour des raisons scolaires, universitaires, professionnelles. Peut-être ma mémoire est-elle médiocre. Mais je peux affirmer, après quatre, cinq, six lectures du Malade Imaginaire, que j'aurais encore besoin de le relire ou revoir avant de le faire étudier. Comment peut-on connaître une oeuvre en une lecture? Si certains y parviennent, ce don m'échappe. Comme ces personnes qui reviennent de l'étranger et disent : "On a fait la Thaïlande". Fait ? La case est cochée ? Vous avez tout vu, tout vécu ? On peut rayer le pays de la carte ?

     Je n'aurai jamais "fait" la Recherche de Proust, bien sûr. Mais je n'aurai jamais fait tout livre m'ayant suffisamment procuré de plaisir pour que je veuille le retrouver un jour, après un temps d'oubli.

     La lecture est infinie.
     Belle nouvelle !

1 commentaire:

  1. Je découvre ton blog car tu commente le mien ;-) Je relis souvent moi aussi. Le Bonheur des Dames de Zola (j'étais parisienne dans ma vie d'avant et cliente du Bon Marché!). La jeune fille à la perle (je ne sais plus combine de fois: ce livre m'hypnotise). Les Pagnol: la gloire de mon père, le château de ma mère, le temps des secrets... Colette aussi. Petites madeleines de Proust (mais jamais lu cet auteur). C'est comme un rendez vous de longue date réjouissant et rassurant.

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