lundi 9 juillet 2018

Noyer

     Il y a quoi, trois ans ? nous avons planté un noyer.
     Mon père nous avait prévenu : il faut bien dix ans pour qu'il donne des noix. Autant ne pas attendre.
     J'aime bien les noix. Le goût, le fait que ça se conserve, et les souvenirs d'enfance où l'on allait les récolter par seaux à la bonne saison, à la campagne; on en gardait les mains tachées pendant plusieurs jours.

     La première année, le bébé noyer a fait une noix. On s'est senti chanceux. Déjà ! nous l'avons partagée entre nous tous, chacun un fragment. C'était notre noix du jardin.
     La deuxième, deux ! joie et célébration. Trois noix d'avance sur nos dix ans d'attente ! ça se fêtait.
     L'an dernier, fin de partie. Le noyer s'est cassé en deux, net. Le frêle tronc a dû se faire bouffer par un chevreuil et plus rien. Triste. On laisse la base en place, des fois qu'il reparte de la souche. Mais l'attente sera longue.

     Mercredi, deux amies-collègues viennent à la maison. On fait un tour dans le jardin avec mon tout petit d'un an et demi, qui voulait se balader. Tout à coup, l'une d'elle me dit : "Ah, tu as un noyer là ! c'est une chance ça !".
     Un noyer ? quel noyer ?
     J'ouvre les yeux.
     L'arbre anonyme qui pousse entre la cabane des enfants et le hangar, près du grand cerisier. Celui que j'ai cru être un rejeton de cerisier, mais qui ne portait aucune fleur, aucun fruit, jamais. Rien d'identifiable.
     Une, deux, dix, vingt noix. Un noyer ! un noyer !!! 
     On ne l'avait plus mais on en avait déjà un, dix fois plus grand, plus fort !

Comme dirait Depeche Mode :
All I ever wanted
All I ever needed 
Is here, in my arms…

     On a déjà tout. Même un noyer !
     Il doit être issu de ceux du voisin. Lui qui disait :"Oh nous, de toute façon, on n'aime pas ça, on les laisse pourrir". Il a dû abattre l'arbre depuis, comme il a abattu le grand cerisier à fruits jaunes qu'on allait dévaliser dans son jardin quand la maison était encore abandonnée.

     Et cela me réjouit ! La nature vit sa vie ! elle ne nous a pas attendus !
     Un jardin frugal, un jardin qui nous procure de lui-même ses fruits. Nouveau sens.
     Et passons sur le fait qu'en jetant un oeil aux rangées de haricots verts, pour voir s'ils avançaient dans leur pousse, j'ai cueilli l'autre jour un saladier entier pour le déjeuner. Déjà ? génial !

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