dimanche 7 octobre 2018

Bijoux

     Tout comme il existe le comique de répétition, le comique de situation, on peut parfois être touché par un minimaliste de circonstance.

     J'aime bien les bijoux. De petits symboles accrochés au corps. Choisis pour leur beauté, pour leur sens, pour ce qu'on veut. En snob pur jus… ou plutôt en idéaliste ? je n'ai jamais beaucoup pratiqué le bijou "décoratif". Les colliers en toc, boucles d'oreille en plastique et grosses bagues en pâte de verre. Non que le principe soit condamnable, et nombre de mes amies jouent avec grâce de ces petits accessoires. J'ai un goût pour l'essentiel. Il n'est pas né, celui qui peut m'offrir un bijou. D'ailleurs je n'aime pas qu'on m'en offre et tout le monde a sagement renoncé depuis longtemps. Je m'enchaîne moi-même.

     J'ai une petite boîte à bijoux dans un tiroir, quelques centimètres cubes. Des pendentifs, principalement. Ceux que je ne porte plus mais garde en souvenir d'une époque. La petite spirale que j'ai portée après la mort de ma mère. La rondelle en nacre achetée au Pays de Galles chez un antiquaire. Une bague en forme de serpent, imitation d'un bijou grec ancien. Au fond, un bijou reste associé à une époque pour moi : je ne le porte plus ensuite. J'ai remisé il y a peu celui qui est resté présent le plus longtemps : un pendentif en opale et or blanc, petit, léger, qui m'a accompagnée une décennie, presque avec superstition. 
     Les opales. Une merveille. J'avais fait faire celui-là sur mesure. 

     Et puis un autre, et puis plus rien. Il y a quelques mois j'ai ôté tout pendentif, attendant de sentir celui qui le remplacerait. Rien n'est venu. J'ai dû m'habituer à mon cou nu. Et admettre que je le préférais ainsi. Snobisme encore : en voyant les femmes dans la rue, toutes ont un bijou au cou. La place vacante me plaisait assez. Le champ des possibles.

     Je porte des boucles d'oreille depuis quatre ans. Jamais avant car allergie…celles-ci sont en or blanc, voilà qui résout le problème. Un fil d'or, deux zirconiums sur chaque, cinq centimètres de long. A mes oreilles jour et nuit.

     Ma seule bague était une petite chaîne très fine, avec tanzanite, de la marque Gemmyo. Une bague souple, voilà qui me plaisait. Elle a glissé plusieurs fois de mon doigt, un peu trop grande, et puis ces mains étranges, parcheminées, aux articulations trop épaisses par rapport à la base du doigt…
     Il y a quelques semaines, la bague s'est envolée pour de bon. J'ai vu tout à coup que je ne l'avais plus. Sans pleurs, sans heurts, sans surprise. Peu d'espoir de la retrouver, vu sa petite taille. 
     Tant pis.

     Hier, mon bracelet s'est dénoué.Mon papillon en or au fil incassable, infroissable, in… s'est défait. La blague : deux fois déjà le bracelet avait cédé, je l'avais envoyé en réparation, me disant qu'acheter un éphémère, aussi, c'était chercher les ennuis. Je vais le réparer. Lui et le bracelet Nova, de la même marque, vont atterrir sur un fil de nylon transparent, assez solide j'espère, et encore moins visible que le fil mince de couleur actuel. 

     Les bijoux me fuient.

     Parfois, il faut accepter.

4 commentaires:

  1. Effectivement, on a besoin de si peu... J'ai gardé trois bagues qui sont importantes symboliquement pour moi et que je porte toujours.
    Bonne journée.

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    1. D'ailleurs, l'idée même de besoin en terme de bijoux est discutable. Disons un besoin de se rassurer, de marquer ses attachements, aux personnes, au passé, au présent…

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  2. J'ai toujours aimé les bijoux mais il faut être réaliste je ne porte que mon alliance et par moment mes BO créoles.
    Avec bébé qui attrape la.moindre chose qui est à porté de main je fait simple

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    1. C'est vrai que j'ai dû batailler, quand mon petit était encore très petit, pour qu'il ne tire pas trop fort sur mes boucles d'oreille ! Chacun ses goûts aussi. Une personne qui adore les bijoux pourra les cumuler. Encore faut-il penser à les mettre le matin, et c'est là qu'on voit où sont nos priorités !

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